revue neurologique 171 (2015) 118–120

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Socie´te´ franc¸aise de neurologie

Allocution du pre´sident, 15 janvier 2015 Adress from the President, January 15th 2015 Mes chers colle`gues, Je de´buterai cette intervention par une pense´e pour Pierre Cesaro. Gilles Defer lui a rendu un hommage tre`s e´mouvant en novembre dernier. Je souhaite aujourd’hui te´moigner de ma sympathie envers sa famille et ses collaborateurs. Je remercie Jean-Pouget qui a accepte´ de prolonger de quelques mois sa pre´sidence afin que nous assurions ensemble l’inte´rim, Michel Clanet qui a accepte´ de rester au bureau de la Socie´te´ un an de plus afin de nous faire profiter de son expe´rience d’ancien pre´sident, Jean-Marc Le´ger dont l’aide et les conseils me sont extreˆmement pre´cieux et qui fut – avec Michel Clanet – un directeur de campagne remarquable, redoutable et efficace lors de ma candidature au secre´tariat ge´ne´ral de l’European Academy of Neurology (EAN). Je remercie bien entendu tous les autres membres du bureau et vous tous pour la confiance que vous m’avez accorde´e par vos suffrages, et dont j’espe`re me montrer digne. Ma reconnaissance va bien suˆr avant tout a` Pierre Warot et a` Henri Petit dont l’e´loge est publie´ dans le meˆme nume´ro de la revue, pour le roˆle qu’ils ont joue´ dans ma formation neurologique et dans ma carrie`re, mais aussi Jean Cambier, Maurice Masson et Marie-Germaine Bousser dont les conseils et les encouragements ont toujours e´te´ pre´cieux en particulier lorsque, jeune chef de service de 37 ans il m’a e´te´ demande´ de de´velopper le secteur d’activite´ sur la pathologie neurovasculaire, pour lequel je ne disposais d’aucun mode`le local. Je ne peux pas non plus ne pas e´voquer ma complicite´ et les liens d’amitie´ tre`s anciens avec Jean-Louis Mas, et les liens de´veloppe´s avec beaucoup de colle`gues e´trangers, en particulier Werner Hacke en Allemagne, Michael Brainin en Autriche, Philip Scheltens aux Pays-Bas, Jacques de Reuck en Belgique et Martin Rossor en Grande-Bretagne avec lequel j’avais particulie`rement appre´cie´ de travailler comme e´diteur associe´ du Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry. Mes pense´es vont e´galement vers mes colle`gues lillois ou ex-lillois, Olivier Godefroy, Franc¸ois Mounier-Vehier et Christian Lucas, avec lesquels j’ai initie´ le de´veloppement de l’unite´ neurovasculaire du CHU de Lille avant qu’ils ne prennent respectivement la responsabilite´ des services de neurologie

du CHU d’Amiens pour Olivier Godefroy, du centre hospitalier de Lens pour Franc¸ois Mounier-Vehier et qu’il se re´-oriente vers la douleur pour Christian Lucas. Je pense e´galement a` Hilde He´non qui a remplace´ Olivier Godefroy en 2000 et qui est la pie`ce maıˆtresse du service, Florence Pasquier avec qui j’ai de´veloppe´ l’e´tude des liens entre pathologie vasculaire et troubles cognitifs, et Re´gis Bordet qui apporte une note fondamentale et translationnelle a` notre recherche aboutissant a` notre labellisation par l’Inserm. Je me dois bien entendu de faire une mention toute particulie`re pour Charlotte Cordonnier graˆce a` qui le service a pu de´velopper une the´matique de recherche nouvelle et originale sur l’he´morragie, ses liens avec l’angiopathie amyloı¨de et la maladie d’Alzheimer, et de´velopper de nouvelles collaborations internationales plus oriente´es vers la Grande Bretagne et les E´tats-Unis sans perdre pour autant celles tisse´es depuis 20 ans avec l’Europe du Nord, l’Allemagne et l’Italie. Je sais qu’avec elle la continuite´ est assure´e dans le domaine neurovasculaire, et qu’elle pourra s’appuyer pour cela sur la solide expe´rience d’Hilde He´non, l’expe´rience grandissante de Marie Bodenant et Nelly Dequatre, et d’une e´quipe tout a` fait remarquable ou` Sole`ne Moulin, Cle´mence Jacquet et Costanza Rossi occupent toute leur place. C’est une e´quipe avec laquelle il est bien agre´able de travailler, et qui sait faire preuve d’une grande solidarite´ comme on a pu le constater re´cemment a` l’occasion de la maladie de l’un des noˆtres. Je reconnais que j’ai connu des moments plus difficiles dans le passe´. . . Je voudrai leur rendre hommage, car si j’ai pu m’impliquer dans certaines activite´s collectives localement, et aux plans national et europe´en, c’est parce qu’elles sont la`. C’est aussi parce que d’autres colle`gues prennent en charge les autres domaines de la neurologie et participent a` la permanence des soins eux-meˆmes ou par leurs collaborateurs, graˆce a` Luc Defebvre, Alain Deste´e, Florence Pasquier, Caroline Moreau, Patrick Vermersch, et He´le`ne Ze´phir. C’est aussi parce que d’autres colle`gues neurologues se sont investis dans des disciplines d’interface avec la neurologie : Philippe Derambure et Christelle Monaca en neurophysiologie, Re´gis Bordet, Dominique Deplanque et David Devos en pharmacologie, Frank Semah en me´decine nucle´aire, et Vincent Deramecourt en neuropathologie.

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En de´butant cette pre´sidence, je me pose deux questions :  quelle est la place de la neurologie dans notre syste`me de sante´ ?  auelle est la place de la Socie´te´ franc¸aise de neurologie (SFN) et quelles doivent eˆtre ses orientations futures si l’on veut ame´liorer la qualite´ des soins prodigue´s aux patients atteints de maladies du syste`me nerveux ? La place de la neurologie a beaucoup change´ en raison des modifications de´mographiques, de l’ame´lioration des moyens diagnostiques, et des progre`s the´rapeutiques. Les changements de´mographiques sont principalement lie´s au vieillissement de la population car de nombreuses affections neurologiques ont une incidence qui augmente ` la veille de la re´volution franc¸aise, l’espe´rance de avec l’aˆge. A vie e´tait de 30 ans. La probabilite´ de de´velopper une affection neurologique e´tait alors bien faible. On peut imaginer qu’il y avait des e´pilepsies, des dystrophies musculaires (probablement rapidement mortelles), des pathologies infectieuses et la migraine. Peut-eˆtre parmi les nombreux de´ce`s du post-partum y avait-il meˆme des thromboses veineuses ce´re´brales. Ce n’est pas un hasard si de nombreuses maladies neurologiques (maladie de Parkinson, maladie de Huntington, scle´rose late´rale amyotrophique) ont e´te´ identifie´es au XIXe sie`cle quand l’espe´rance de vie a atteint la cinquantaine. Au XXe sie`cle, l’espe´rance de vie est arrive´e a` plus de 80 ans chez la femme et s’en est approche´ chez l’homme, ce qui explique l’explosion des troubles cognitifs et de la pathologie neurovasculaire. Les de´placements de population nous ame`nent a` voir des pathologies tropicales totalement inconnues en me´tropole dans le passe´, des maladies infectieuses nouvelles ont fait leur apparition et ont un tropisme pour le syste`me nerveux, et il faut craindre que certaines maladies animales se transmettent a` l’Homme, comme pour le nouveau variant de la maladie de Creutzfeld Jakob. De plus, les changements observe´s dans les affections neurologiques sont venus s’enrichir de la iatroge´nie en particulier me´dicamenteuse. Les moyens diagnostiques nouveaux ont aussi re´volutionne´ la neurologie : l’apport crucial de l’imagerie en coupe dans les pathologies vasculaires, traumatiques et tumorales n’est plus a` de´montrer, mais il ne doit pas faire ne´gliger l’apport de l’imagerie (morphologique ou fonctionnelle) en pathologie de´ge´ne´rative, ainsi que celui de la ge´ne´tique qui oblige a` re´viser la classification de certaines affections de´ge´ne´ratives ou de pathologies neuromusculaires. Ils ont parfois leurs effets pervers. Une partie de ma consultation concerne actuellement des de´couvertes fortuites sur des IRM – pas toujours justifie´es – de pathologies vasculaires silencieuses, avec les inquie´tudes souvent ge´ne´re´es chez les patients, quand ce ne sont pas des conduites me´dicales inadapte´es. La the´rapeutique enfin a fait des progre`s conside´rables. Quand je de´butais mon internat en 1977, la neurologie avait la re´putation d’une discipline contemplative permettant de beaux diagnostics mais de´pourvue de traitements. Cette vision tre`s re´pandue a` l’e´poque e´tait pourtant fausse car des traitements existaient de´ja` : les antie´pileptiques, certains antimigraineux, la DOPA associe´e aux inhibiteurs de la de´carboxylase et peut eˆtre meˆme de´ja` les agonistes dopaminergiques, les antibiotiques dans les me´ningites et

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me´ningoence´phalites, et la neurochirurgie dans certaines tumeurs ou malformations. La plupart des moyens de pre´vention primaire ou secondaire des AVC existaient de´ja` (chirurgie carotide, antiplaquettaires, anticoagulants, antihypertenseurs) mais la preuve de leur efficacite´ manquait encore. De nos jours, il n’y a plus de domaines de la discipline qui ne se traite pas : meˆme les maladies re´pute´es incurables, comme la scle´rose late´rale amyotrophique et certaines tumeurs, ont fait l’objet de progre`s par des prises en charge me´dicamenteuse ou non pharmacologiques qui ame´liorent la qualite´ de vie des patients et de leur entourage, et parfois la dure´e de survie. La neurologie est donc arrive´e a` un stade ou` les erreurs diagnostiques ne sont plus permises en raison des conse´quences de´le´te`res que cela aurait pour les patients faute d’instauration d’un traitement efficace, ou pour leurs familles dans certaines affections ge´ne´tiques non identifie´es. Elle est aussi entre´e dans la me´decine d’urgence comme c’est le cas a` Berlin ou` des neurologues sont dans les ambulances dote´es d’un scanner pour de´buter les thrombolyses en pre´-hospitalier. La re´animation neurologique aura une place de plus en plus importante comme les Allemands l’ont bien compris, et la neurologie interventionnelle est une discipline e´mergente. De grands essais ont amene´ de grands progre`s a` l’e´chelon de groupes mais la prochaine e´tape sera sans doute la personnalisation des prises en charge. Quelle est la place de la Socie´te´ franc¸aise de neurologie et quelles sont ses orientations futures ? La SFN est une socie´te´ savante, ouverte a` tous les neurologues quel que soit leur mode d’exercice et aussi – graˆce au statut de membre junior – aux internes en neurologie. La premie`re de ses missions est la promotion de la recherche. Elle organise quatre re´unions par an et participe activement aux re´unions de l’European Academy of Neurology (EAN) dont elle est une des socie´te´s membres. Elle attribue e´galement des bourses a` de jeunes colle`gues, afin qu’ils puissent mener pendant un an un travail de recherche dans le cadre d’un master 2 ou d’une anne´e de the`se. En qualite´ de socie´te´ savante, et est l’interlocuteur privile´gie´ des organismes de tutelle, telles que la HAS ou le ministe`re. Pour re´pondre a` l’e´volution de la discipline, la SFN doit e´voluer. Elle doit rester unie. Certains d’entre nous, principalement les universitaires, certains praticiens des hoˆpitaux non universitaires et quelques libe´raux, sommes des hyperspe´cialistes. Cette hyper-spe´cialisation est ne´cessaire pour eˆtre a` la pointe dans un domaine, faciliter les e´changes avec les colle`gues e´trangers, la recherche et la formation. Les socie´te´s savantes d’hyper-spe´cialite´ sont ne´cessaires e´galement. Je serai mal place´ pour le nier, apre`s avoir pre´side´ successivement la Socie´te´ franc¸aise neurovasculaire (SFNV) de 1998 a` 2000 et l’European Stroke Organisation (ESO) de 2010 a` 2012. Elles sont ne´cessaires pour tisser des liens au plan national et europe´en, faciliter la formation dans ces domaines de spe´cialite´ et la recherche. Ne´anmoins une socie´te´ ge´ne´raliste est indispensable au plan national et au plan europe´en, car (i) la plupart des neurologues sont ge´ne´ralistes, (ii) les hyper-spe´cialistes prennent des gardes et sont confronte´s a` des aspects divers de la spe´cialite´, (iii) la formation de base des internes est ge´ne´rale et doit le rester, et (iv) beaucoup de patients arrivent pour un symptoˆme et non pour un

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diagnostic, et face a` un de´ficit neurologique transitoire, ce n’est pas l’imagerie seule qui pourra faire le diagnostic de crise e´pileptique, de migraine ou de conversion. Ajoutons a` cela que nous traitons le meˆme organe et qu’il y a a` apprendre des autres domaines compte tenu de me´canismes physiopathologiques communs. La re´paration apre`s une agression inflammatoire peut avoir des points communs avec la re´paration faisant suite a` une agression d’origine vasculaire ou traumatique. La SFN est la socie´te´ savante qui doit assurer le lien entre les diffe´rents domaines de la neurologie. Elle doit s’ouvrir a` l’e´tranger. La recherche e´volue tre`s vite. Nous devons y prendre notre part dans l’inte´reˆt de nos patients, car apre`s la recherche il y a l’innovation puis le transfert de compe´tence sur l’ensemble du territoire, dernie`re e´tape, mais e´tape cruciale au cours de laquelle la population tire les be´ne´fices concrets de la recherche. Nous ne repre´sentons que 1 % de la population mondiale. Les autres peuvent se passer de nous. Nous devons donc nous investir au plan europe´en et y de´fendre notre place. La toute nouvelle European Academy of Neurology (EAN) est un outil majeur pour cela et son pre´sident, Gu¨nther Deuschl viendra nous en parler demain. Il est tre`s important que nous nous soyons massivement pre´sents aux re´unions de l’EAN et investis dans ses activite´s, et pas seulement en ayant un repre´sentant au board. Il faut que nous y soyons par notre participation. C’est a` Berlin en 2015, a` Copenhague en 2016, a` Amsterdam en 2017 (et j’espe`re a` Paris dans les prochaines anne´es) que nous devons eˆtre en priorite´. Ce sont des destinations plus faciles d’acce`s que les E´tats-Unis et moins one´reuses. L’EAN est le seul congre`s international en Europe ou` tous les aspects de la discipline sont aborde´s. L’anne´e qui vient va eˆtre importante et les 4 re´unions de la SFN en 2015 seront marque´es par cette volonte´ d’union de la discipline et d’ouverture a` l’e´tranger. La re´union des

Journe´es des nouveaute´s de la recherche clinique en janvier comporte une journe´e commune avec la Deutsche Gesellschaft fu¨r Neurologie. La re´union de la SFN au cours des JNLF durera une journe´e entie`re et sera la plus interactive possible avec des controverses – sur des sujets tre`s ge´ne´ralistes – et une confrontation, et elle donnera un maximum de place aux plus jeunes. Elle sera, elle aussi, internationale car plus de la moitie´ des re´sume´s ne viennent pas de France. La re´union internationale en octobre coordonne´e par Philippe Ryvlin sera consacre´e aux e´pilepsies – proble`me majeur de sante´ publique mal pris en conside´ration par les pouvoirs publics – et la journe´e du pre´sident a` Lille le 2/12/2015 sera consacre´e aux confins de la neurologie vasculaire. Je ferais tout pour mener cette mission a` bien et je sais que je serai pour cela aide´ de tout le bureau, en particulier Kheˆ Hoang-Xuan le nouveau secre´taire ge´ne´ral, Caroline Moreau la nouvelle secre´taire adjointe, les deux vice-pre´sidents JeanYves Delattre et Gilles Edan, les anciens pre´sidents Jean Pouget et Jean-Marc Le´ger, le tre´sorier Jean-Philippe Azulay, et aussi Christine Tranchant, Je´remy Pariente, sans oublier Caroline Papeix et Gilles Fe´nelon qui officiellement quittent le bureau, mais acceptent de rester quelque temps encore pour faciliter la transition. Tous mes voeux pour 2015 ! D. Leys Inserm U 1171, universite´ Lille 2, service de neurologie et pathologie neurovasculaire, CHRU de Lille, rue du Professeur-E´mile-Laine, 59037 Lille cedex, France Adresse e-mail : [email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2015.02.002 0035-3787/# 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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