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ANNPLA-1086; No. of Pages 4 Annales de chirurgie plastique esthétique (2014) xxx, xxx—xxx

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CAS CLINIQUE

Un kyste lacrimal atypique An atypical lacrymal cyst N. Corbisier, A. Lossouarn, A. Qassemyar *, P. Guerreschi, V. Martinot-Duquennoy ´ tique, ho ˆ pital Roger-Salengro, rue ´Emile-Laine, Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthe 59037 Lille, France Rec¸u le 2 septembre 2014 ; accepte´ le 15 septembre 2014

MOTS CLÉS Kyste ; Chirurgie ; Glande lacrymale ; Tumeur ; Embryologie

KEYWORDS Cyst; Surgery; Lacrimal gland; Tumor; Embryology

Résumé Introduction. — Les kystes lacrymaux sont une entité rarement décrite qu’il faut différencier des pathologies de la glande lacrymale. Cas clinique. — Nous présentons un rare cas de kyste lacrymal développé à partir d’une glande lacrymale accessoire. La prise en charge a consisté en une exérèse par voie tarsoconjonctivale. Conclusion. — La plupart des kystes lacrymaux sont diagnostiqués à partir de la troisième décade et se manifestent par une exophtalmie progressive. Il s’agit d’une pathologie bégnine. Cependant, le diagnostic différentiel avec une tumeur maligne n’est pas à exclure. L’exérèse chirurgicale est souhaitable des lors que ces tumeurs deviennent symptomatiques. # 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Introduction. — Lacrimal cysts are rarely described and must be differentiated from diseases of the lacrimal gland. We present a rare case of lacrimal cyst developed from an accessory lacrimal gland. Case report. — The management consisted of excision using a tarsoconjonctivale approach. Discussion. — Most cysts are diagnosed from the third decade, manifested by progressive exophthalmos. It is a benign disease. However, the differential diagnosis with malignancy is not excluded. Surgical resection is desirable if tumors become symptomatic. # 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Qassemyar). http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2014.09.007 0294-1260/# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Corbisier N, et al. Un kyste lacrimal atypique. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2014.09.007

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N. Corbisier et al.

Introduction Les kystes palpébraux d’extension intra-orbitaire sont rares et principalement représentés par les kystes dermoïdes mais aussi les pathologies de la glande lacrymale, les hémangiomes, les mucocèles et les tumeurs bénignes ou malignes. Ils sont associés selon leur nature à des signes ophtalmologiques divers tels que l’exophtalmie, la diplopie, la gêne oculomotrice ou l’épiphora. Les kystes lacrymaux sont une entité rarement décrite qu’il faut différencier des pathologies de la glande lacrymale (tumeur bénigne ou maligne, infection ou inocclusion du canal) de part sa localisation plus interne et les répercussions sur les sécrétions lacrymales, ainsi que du diverticule lacrymal, qui est, par nature, relié à la glande. Nous présentons un rare cas de kyste intra-orbitaire développé à partir d’une glande lacrymale accessoire.

Cas clinique Une patiente de 19 ans consulte dans le service de chirurgie plastique pour une gêne esthétique et des douleurs en regard d’une masse d’allure kystique palpébrale inférieure droite. L’anamnèse nous rapporte une consultation à l’âge de 7 ans concluant à un kyste palpébral sous-cutané de petite taille sans répercussion fonctionnelle ne nécessitant qu’une simple surveillance. L’histoire naturelle de ce kyste a évolué vers une augmentation de volume, notamment durant la période pubertaire et l’apparition de douleurs orbitaires. Cliniquement, il existe une voussure discrète du tiers interne de la paupière inférieure droite sans répercussion cutanée (Fig. 1A).

À la palpation, la masse est ronde, d’environ 1,5 cm de diamètre, mobile et régulière. Il n’existe spontanément pas d’exophtalmie, pas de signes fonctionnels ophtalmologiques et pas d’épiphora. La palpation à son niveau entraîne une légère exophtalmie. Il n’est jamais apparu d’épisode inflammatoire ou infectieux à ce niveau. L’examen tomodensitométrique montre une tumeur à contenu liquidien, oblongue, d’extension intra-conique posée sur le plancher orbitaire en rapport avec le muscle droit inférieur dans sa partie postérieure, refoulant légèrement le globe oculaire en haut, sans empreinte, ni déformation osseuse en regard. (Fig. 2). Le sac lacrymal est de morphologie normale et se situe à distance de la masse. Devant la gêne fonctionnelle et esthétique, un traitement chirurgical a été entrepris sous anesthésie générale. Nous avons utilisé une voie d’abord transconjonctivale, puis l’incision du septum a permis de visualiser le kyste avec à son contact la graisse intra-orbitaire, le plancher orbitaire et le muscle droit inférieur (Fig. 1C). Aucune suture n’a été effectuée et les soins postopératoires consistaient en des soins oculaires classiques avec lavage oculaire au sérum physiologique et application de pommade vitamine A. L’examen anatomopathologique retrouve une pièce opératoire de 20  12  12 mm avec une formation kystique fermée de contenu mucoïde. L’examen microscopique montre un épithélium bordé par un épithélium pluristratifié comportant des cellules mucineuses basophiles et des cellules ciliées. Il n’y a pas d’irrégularitées cytonucléaires, ni de mitose. Cet épithélium repose sur une densification conjonctive riche en vaisseaux congestifs. IL n’y a pas non plus de remaniements inflammatoires,

Figure 1 A. Vue préopératoire de face. B. Vue postopératoire de face. C. Exérèse de la pièce par voie transconjonctivale. D. Aspect de la pièce après exérèse. Pour citer cet article : Corbisier N, et al. Un kyste lacrimal atypique. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2014.09.007

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Un kyste lacrymal atypique

Figure 2 sagitale.

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A. Aspect et localisation tomodensitométrique en coupe frontale. B. Aspect et localisation tomodensitométrique en coupe

ni d’épithélium malpighien. On peut donc conclure à un kyste de type lacrymal. Les suites postopératoires ont été simples et la patiente satisfaite du résultat esthétique (Fig. 1B).

Discussion Le tissu lacrymal est présent au niveau des glandes lacrymales mais aussi dans les glandes accessoires de Krause et Wolfring, dans les glandes ciliaires de Moll et Zeiss, et les glandes de Meibomius [1]. La glande lacrymale se développe à partir des cellules basales de la conjonctive des la huitième semaine de gestation. Ces bourgeons migrent progressivement et viennent se poser dans la fosse lacrymale. Le tissu continue à se développer après la naissance et la différenciation complète ne se fait qu’au bout de trois ans [2]. Les glandes lacrymales auxiliaires sont formées de façon similaire comme des invaginations ectodermiques de la conjonctive. Au cours de ce processus de développement, une partie de la glande peut ainsi être séquestrée et développée séparément, non connectée à la glande lacrymale [3]. La plupart des kystes lacrymaux sont diagnostiqués à partir de la troisième décade et se manifestent par une exophtalmie progressive [4]. Dans notre cas, il s’agit d’un authentique kyste lacrymal développé à partir d’une glande lacrymale accessoire. Cette lésion est probablement congénitale, le diagnostic initial ayant été fait à l’âge de 7 ans. Les kystes dermoïdes sont décrits dans la région périorbitaire et intra-orbitaire et sont donc le principal diagnostic différentiel. Ils représentent 3 à 4 % de l’ensemble des tumeurs de l’orbite [5]. Il s’agit de kystes congénitaux souvent au contact de l’os adjacent et adhérent au périoste de celui-ci, entraînant une empreinte osseuse visualisée à l’imagerie [6]. Le scanner est l’examen de choix pour éliminer le diagnostic de kyste dermoïde [7]. L’IRM possède un intérêt certain, notamment pour l’appréciation des rapports du kyste avec les muscles, la péri-orbite et le nerf optique [8]. Quand à l’échographie, celle-ci peut être utilisée mais

reste plus difficile pour l’exploration des masses intra-orbitaires en comparaison aux formes sous-cutanées [9]. Dans notre cas, nous avons préféré réaliser un examen tomodensitométrique car celui-ci, en plus de mieux définir les rapports osseux, est un examen plus accessible et moins coûteux que l’imagerie par résonnance magnétique. Devant la nature histologique (architecture de type lacrymal), une malformation des voies lacrymales principales ou un diverticule du sac lacrymal pouvait être possible mais l’examen clinique (absence d’épiphora), l’imagerie (kyste isolé et à distance du sac lacrymal), ainsi que les données peropératoires nous permettent de les exclure. De plus, il ne faut pas omettre l’existence possible de tumeurs malignes intra-occulaires et préférer une exérèse chirurgicale dès lors que celle-ci est possible [10].

Conclusion Les kystes lacrymaux sont des pathologies rares et ceux développés à partir des glandes lacrymales accessoires encore plus. La présence d’une gêne esthétique, de troubles fonctionnels ou la possibilité de la présence d’une tumeur maligne doit conduire à une exérèse chirurgicale de ces lésions.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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Pour citer cet article : Corbisier N, et al. Un kyste lacrimal atypique. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2014.09.007

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N. Corbisier et al.

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Pour citer cet article : Corbisier N, et al. Un kyste lacrimal atypique. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2014.09.007

[An atypical lacrymal cyst].

Lacrimal cysts are rarely described and must be differentiated from diseases of the lacrimal gland. We present a rare case of lacrimal cyst developed ...
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