moms sur les .nonc.s du professeur que sur l'analyse directe du materiel clinique. Les .tudiants disent maintenant: "J'ai vu les lames", et non pas "Gareau m'a dit que.. .", pr& cise-t-il. Ii leur est toujours loisible de venir faire les revisions qu'ils d.sirent, aussi souvent qu'ils le veulent. Que dire de la precision de cet enseignement et du stimulant remarquable que repr.sente le fait de pouvoir le dispenser .i plusieurs en m.me temps, gr&ce .i l'&ran de t& l.vision! Le Dr Gareau .voque avec une fiert. .vidente le cas d'un r6sident .i qui ii venait d'enseigner les caract.ristiques d'une pathologie particuli.re et qui, . son premier essai, a r.ussi . poser un diagnostic

correct. Grace aux .changes que favorise le syst.me, 1'enseignement se fait en quelque sorte par osmose, dans la ferveur d'une .quipe habitu.e .i discuter, . .changer, . consulter autour d'un champ bien circonscrit, chacun .tant confortablement insta1l. et ayant la certitude d'.tre compris et de bien comprendre de quoi 1'on pane, ce que permet difficilement le dialogue instaur. de chaque c6t. d'un microscope .i deux t.tes, sur un point plus difficilement rep.rable. Instrument mobile, constamment disponible, "le microscope de l'H6tel-Dieu" a vu sa reputation franchir les murs de l'institution plus que tricentenaire de Montreal.

R6cemment, une d.16gation de 1'H6pital Royal Victoria s'est rendue sur place pour en .tudier le fonctionnement et les avantages. L'exp.rience de deux ans s'av.re concluante et ii reste . en explorer toutes les possibilit.s. Seize moniteurs peuvent &re branches . la console de t.l.vision, et l'on entrevoit facilement l'utilisation qui pourrait en .tre faite jusque dans les salles d'op6ration. Alors que le Dr Gareau loue avec ferveur le systame dont il est si fier, le Dr Boivin survient et ajoute qu'il faut aussi tenir compte de l'habilet6 et de la competence de celui qui l'a con.u et qui sait en tirer le maximum, gr&ce .t un travail pr6cis et acharne!E

La peste noire r.apparaft en Asie du sud-est DENISE ROBILLARD, PH D

Des maladies, courantes au Moyen Age, mais disparues depuis longtemps, comme la peste et le chol& ra, sont r6apparues avec la guerre qui s.vit en Asie du Sud-Est. Ce sont les civils, les milliers de r&fugi.s entass.s dans des camps improvis6s, d6pourvus des plus 61& mentaires conditions d'hygi.ne, qui en sont les victimes. C'est ce que d.clarait un m6decin qu.b.cois de 32 ans, originaire de La Pocati&re, le Dr Marcel-Charles Roy, missionnaire medical aupr.s des r.fugi6s en ThaYlande, de retour au pays depuis mai dernier. "J'ai vu mourir l'Indochine," 6crivait-il en sous-titre d'un livre pubIi. chez Lem6ac sous le titre: "Au-del. des massacres: Ia vie (une version anglaise est en pr& paration en Australie), dans lequel ii fait le r6cit de son exp6rience en Asie depuis 1970, alors qu'il s'inscrivait . l'Universit6 des Philippines pour y entreprendre des 6tudes en m6decine tropicale. Ii t6moigne de ce qu'il a vu et v6cu, d'abord au Vi.t-nam, durant ses vacances tudiant en m6decine, oti il a visit. les orphelinats, les centres pour handicap.s, puis servi dans les h6pitaux et les camps de r.fugi.s sous la supervision des m.decins viet-

namiens. Ses 6tudes termin6es, ii se rend au Cambodge pour y soigner les r.fugi.s dans les h6pitaux et dans les camps. Ii est en ThaYlande depuis que. Phnom Penh est tombs aux mains de khm.res rouges, le 17 avril 1975. Il a vu la longue procession des b1ess.s de la guerre, mais surtout des milliers de r.fugi6s, des milliers d'enfants, entass.s dans des camps, des prisons, des centres de detention, priv.s du minimum vital, souffrant de malnutrition, priv.s de leur famille, victimes de viol. us sont parqu.s dans les prisons, au m.me titre que les adultes, parce qu'ils sont entr.s ill.galement en ThaYlande. La prostitution guette les jeunes. Le Dr Roy avoue qu'il en est r6duit .i soigner les jeunes adolescents qui en sont victimes dans les prisons et . leur recommander de resister le moms possible pour s'.viter de plus graves dommages physiques... Pour ce qui est des adolescentes, d.s l'age de 11 ou 12 ans, elles disparaissent des camps, le plus souvent revendues pour exercer . l'ext6rieur "le plus vieux m6tier du monde". Tous les jours il doit soigner des cas de dysenterie, b.nigne ou ami-

bienne, de diarrh.e et de cholera. Le paludisme y est tr.s violent, la fi.vre thyphoYde, la gale noire, la peste bubonique et la peste noire sont de plus en plus fr.quentes. Ceux qui sont atteints de la peste sont emport6s entre 24 et 48 heures. Ii a di. .crire en Europe pour obtenir de la documentation m.dicale sur certaines de ces maladies que l'on croyait disparues . jamais... Ii estime que 70% des pauvres sont atteints de tuberculose. La syphilis et Ia gonorrh6e atteignent des proportions 6pid.miques. Ii s'y trouve aussi de nombreux cas de t.tanos, d'infections mineures, sans parler des blessures caus.es par des .clats d'obus, des lacerations, des morsures de serpents, des dermatoses, et des effets de la malnutrition, le b.rib.ri, etc. Retracer l'itin.raire du Dr Roy, c'est lire un long po.me d'amour et de fraternit6 dont les premieres lignes ont . 6crites en 1969, alors que Marcel-C. Roy, alors .tudiant & Ottawa, fondait avec quelques amis l'Aide m6dicale internationale . l'enfance (AMIE). Epris de justice et de g.n6rosit., fascin6 par l'oeuvre de Tom Dooley, 6mule des Dunant, Schweitzer, Bethune et Luther King, ii veut recueillir des

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fonds pour secourir les enfants victimes des guerres et des injustices sociales, soulager les mis.res et les souffrances des populations d.favoris.es, fournir une assistance . des professionnels de la sante et .i des missionnaires qui travaillent b6n.volement au service de ceux qui souffrent, dans quelque pays que ce soit. L'AMIE est incorpor.e depuis 1975 et est dot6e d'un conseil d'administration. Le Dr Roy precise qu'elle est moms un organisme qu'un "mouvement de fraternit6 universelle qui nous sauve de notre 6goisme individuel ou collectif." Le b.n.volat en est la marque distinctive. Depuis 1 an, on publie un bulletin de liaison, qui parait quatre fois par ann.e, grace .t un bienfaiteur qui en assume les cot.ts. La Banque Provinciale paie la moiti6 des timbres et le reste des frais est assume par les b.n.voles ou les donateurs. Il faut noter que l'AMIE ne dispose pas de budget d'administration. Les sommes recuejllies sont int.gralement utilis.es selon la volont6 de celui qui les donne, pour l'achat de m.dicaments, de vivres, de v.tements, ou pour parrainer des enfants. Le Dr Roy estime . un million le nombre d'orphelins de moms de 15 ans menaces de mourir de faim ou manquant de soins m.dicaux dans les prisons et les camps de r.fugi6s! Il s'y trouve des Laotiens en plus grand nombre, mais ce sont les Cambodgiens qui sont en plus pi.tre condition physique; c'est pourquoi il insiste pour qu'on leur vienne d'abord en aide au plus t6t et d6nonce les d.lais qu'imposent les instances internationales. Chaque jour de d.lai repr.sente la mort de plusieurs centaines de personnes - il .value ce nombre .i 300 ou 400 par jour pour un groupe de 50 000 r.fugi6s - et d6clare qu'iI faut .tre tout .' fait ignorant de la situation pour exiger, par exemple, un certificat de naissance ou une autorisation .crite des parents avant d'accorder le statut de r.fugi.s .i des enfants orphelins, qui ont fui leurs villages pill.s! Ii d6plore 6galement l'insuffisance des installations n6cessaires pour l'examen m& dical; il a fallu plusieurs mois avant qu'on dispose d'un camion pour proc6der aux examens radiographiques..

Dr Marcel-Charles Roy, missionnaire mtSdical, dans un camp de refugi..s en Thailande.

Le Dr Roy n'.chappe pas .i la n.cessit. de l'.ducation m.dicale continue. C'est ainsi qu'en 1973, il se rend .i Gen.ve pour une session sur la sante et la population mondiale au Palais des Nations-Unies, puis .1 Manille pour des cours sp6ciaux en m.decine tropicale. Il lui est essentiel d'.tre au courant des nouvelles d.couvertes. Il &empresse d.ajouter qu.il ne pratique pas une m.decine scientifique: "Je ne fais pas carri.re, dit-il, en ce sens que si j'utilise tous les moyens que me fournit la m.decine contemporaine, lorsque je pratique . 700 km des grands centres, dans des installations de fortune, je ne dispose pas

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de l..quipement sophistiqu. des h6pitaux occidentaux. J.ai dfi, sans m.thodes d.asepsie, proc6der .i des accouchements avec 6pisiotomie, pratiquer des circoncisions dans des conditions d'hygi.ne atroces!.. Comment expliquer pareil engagement? Qu'est-ce qui lui permet de tenir le coup, d.&re heureux, de rester toujours souriant? le Dr Roy se qualifie d'id.aliste et de mystique; depuis le jour oii, adolescent, un myst6rieux appel int.rieur 1'amenait . demander au Christ de le conduire au Vi.t-nam, tout s'est arrange pour lui. Ii estime avoir 6t. privil.gi. en tous temps: "Je n'ai pratiquement rencontr6 que des

gens qui .taient bons," fait-il remarquer, . commencer par ses parents qui ont toujours travaill6 dur et lui ont appris .i "ne pas se laisser influencer par les autres." A Ottawa, ii rencontre le bon Dr Laurier qui, avec plusieurs autres m6decins de l'H6pital g.n& ral, I'ont beaucoup aide lors du stage qu'ii y fit; alors qu'il .tait sans le sou, 1'archev.que d'Ottawa, Mgr J.-A. Plourde accepte de 1'h6berger gratuitement. Et si c'6tait .i refaire? "Je ferais la m.me chose," r.pond-i1 sans h.siter! "Je n'ai jamais eu peur de personne, ni m.me de Ia mort" .i laquelle ii a souvent 6chapp6 de justesse; on a tir6 sur l'avion ou sur la jeep qu'il occupait, ii contracta Ia fi.vre typhoYde au Cambodge en 1974 et on crut sa derni.re heure arriv6e ... Des khm&res rouges ont fait irruption de nuit dans le petit h6pital oii ii veillait des cas graves et r.clam. des m.dicaments en lui plantant le canon d'un AK-47 dans le ventre. Jusqu'a present, ii a sacrifier le manage: "On ne se marie pas pendant Ia guerre!" Habitu. . vivre en ThaYlande dans une chambre de 2 in2, ii consid.re comme "un paradis" la petite maison qu'il occupe . Ste-Louise-desAulnaies, avec ses "fils", trois adolescents cambodgiens qu'il a adopt.s. Et ii s'appr.te .i en adopter un quatrieme . . Lui-m.me s'6tonne de la force qui l'habite.. Realiser ses raves! Ce qui importe, dit-il, c'est de "faire quelque chose avec sa vie. Ce que traduisait bien un c6g6pien qui Iui dit un jour: "Toi, tous tes raves, tu les fais avec ta vie!" C'est aupres des jeunes qu'il pr6f.re aller pour tacher de les conscientiser sur Ia situation des enfants r6fugi6s. A une aide institutionnelle, ii pr6f& rera toujours celle des individus: trois ou quatre m6decins, par exempie, qui s'offriraient pour parrainer un enfant ou une famille. Ii sait les interminables tractations de la politique et des bureaucraties qu'il n'a pas h6sit6 .i critiquer parce qu'il sait que ce sont les malades et les r6fugi6s qui en souffrent. Il reconnait sans aucune gene n'.tre pas diplomate (sans doute n'a-t-il pas le temps de 1'.tre!) et ii est tr.s exigeant pour ses collaborateurs. Ce

que confirme Ia pr6sidente de 1'AM1E, Mine Madeleine LeBlanc, qui l'explique par la vive conscience qu'il a de 1'importance de la vie des enfants pour qui ii se bat. Quels sont ses besoins imm6diats? Ii aimerait bien &tre abonn. aux revues m6dicales qu6b6coises et canadiennes de langue fran.aise et anglaise, ce qui lui permettrait de faire un constant recyclage et d'.tre au courant de 1'.volution de la m6decine. Ii souhaiterait pouvoir obtenir pour ses collaborateurs b& n.voles qui se chargent de r6pondre personnellement et de faire parvenir un re.u pour fins d'imp6t . chaque personne qui fait un don, une machine .i .crire avec m.moire qui sauverait un temps pr.cieux. On a toujours besoin de papier, d'enveloppes, de timbres, pour ces t&ches administratives. L'aide aux r6fugi$s eux-m.mes doit .tre faite par 1'envoi d'argent. Ii existe sur place des personnes qui se chargent de faire les achats et de les faire parvenir. Deux formes de parrainage sont accessibles. Avec une somme de $20 par mois, on peut assurer . un enfant le supplement de nourriture et les v.tements qui Iui sont n6cessaires. L'enfant est identifi. et reste en communication .pistolaire avec son bienfaiteur. L'autre forme de parrainage consiste .t accepter la responsabilit6 financi.re d'un r.fugi6 ou d'une famille de r6fugi6s pour une p6riode d'un an. Des dispositions r.centes des gouvernements f.d6ral et provincial (Quebec) r.gissent cette forme d'aide. On peut obtenir plus d'information aupr.s du bureau f.d6ral de l'Immigration ou aupr.s des COFI des villes de Montr6al, Qu6bec, Trois-Rivi.res, Hull et Sherbrooke. Des initiatives r.centes de la part des Eglises, de la ville d'Ottawa, du diocese de Montr6al, de groupes communautaires et l'encouragement du ministre qu6b.cois Jacques Couture .i "placer la solidarit6 non pas .i un niveau id6ologique mais . celui des droits de la personne" constituent autant d.initiatives r.confortantes. La vie du Dr Roy ne s'explique que par l'amour, une seule attitude lui parait acceptable: "Etre le plus humain possible . l'6gard de ceux qui souffrent." Ii a 6t. en

mesure de constater que les m6decins vietnamiens avec qui ii a travaill6 sont beaucoup plus respectucux des patients que ceux qu'il a c6toy.s dans certains h6pitaux. Un malade, un bless., ce n'est pas une statistique, poursuit-il. Ii souhaite que les m.decins s'impliquent plus ouvertement en faveur de la dignit6 humaine, contre la barbarie, les g&. nocides, les massacres et qu'ils le fassent d'une fa.on plus dynamique! Non seulement doivent-ils en prendre conscience, ajoute-t-il, mais us devraient inspirer en ce sens ceux qui les entourent, .tre toujours l.t lorsqu'il faut soigner, consoler, aider, selon toutes les dimensions de l'homme. Ii met de 1'espoir Ii met beaucoup d'espoir dans les jeunes m6decins et dans ceux qui ont atteint l'age de la retraite et "retrouv6 une certaine sagesse". "C'est un vieil homme qui vous pane, dit-il, en raison de l'exp6rience que j'ai, de ce que j'ai vu et v.cu.. ." Ii ajoute qu'il souhaite aux m6decins d'ici de ne jamais connaitre la guerre. "Leur travail est de plus en plus encadr6 par la politique, poursuit-il, mais us doivent toujours refuser d'.tre au ser. vice de l'Etat; c'est aux malades qu'ils se doivent. Toutefois, si leur confort materiel prime, us deviendront les esclaves de l'Etat!" Le Dr Roy d6nonce la faiblesse de certains et declare qu'on a un besoin pressant de "m6decins courageux", qui comprennent que leur principal devoir est d'aimer et d'aider les enfants, les malades. Pour en arriver l., ii faut proc6der une "r6volution int.rieure et red6couvrir les vraies valeurs." Ii fustige les formes d'esclavage que secrate notre soci6t6 d'abondance. "Tuer un enfant, dit-il, c'est tuer l'univers entier; sauver quelques milliers d'enfants r.fugi6s, c'est sauver l'Asie du Sud-Est!" Puis, revenant . son propos sur les valeurs fondamentales, ii rappelle ce qu'il dit lorsqu'il s'adresse .i des chr6tiens dans les 6glises catholiques ou protestantes oii ii est invit6: "Mais avant d'aimer les enfants du TiersMonde, il faut aimer les enfants de sa maison; ce n'est qu'apr.s avoir compris cela qu'on est en mesure de faire davantage..."E

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[Black plague reappears in Southeast Asia].

moms sur les .nonc.s du professeur que sur l'analyse directe du materiel clinique. Les .tudiants disent maintenant: "J'ai vu les lames", et non pas "G...
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