Annales de dermatologie et de vénéréologie (2014) 141, 161

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CHRONIQUE GÉNOMIQUE

Mutations de BMS1 dans l’aplasie cutanée congénitale BMS1 mutations in aplasia cutis congenita O. Dereure Département de dermatologie et unité INSERM U1058, hôpital Saint-Éloi, université Montpellier I, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295 Montpellier cedex 5, France Disponible sur Internet le 19 novembre 2013

L’aplasie cutanée congénitale se présente comme une zone cutanée atrophique localisée, parfois entourée d’un collier de cheveux un peu plus denses que sur le reste du cuir chevelu, présente dès la naissance et atteignant le plus souvent la région du vertex. Un certain nombre de soustypes cliniques existent, sporadiques ou familiaux, pouvant notamment se transmettre sur un mode autosomique dominant. La cause de cette malformation cutanée n’est pas connue mais un article récent en provenance du centre de recherches en biologie cutanée de la prestigieuse université Harvard de Boston a probablement levé un coin du voile [1]. En effet, l’auteur, d’ailleurs curieusement unique de cette publication, a réalisé une étude assez classique de liaison génétique à l’échelle de l’ensemble du génome (GWAS) entre le phénotype pathologique et un éventuel marqueur génétique dans des familles informatives où cette anomalie se transmettait effectivement sur un mode autosomique dominant. À cette technique assez classique a été associée, comme c’est de plus en plus le cas, une analyse par séquenc ¸age d’exome dont la puissance ne se dément pas. Le résultat de cette analyse est assez inattendu avec mise en évidence d’une mutation hétérozygote faux sens substituant une histidine à une arginine en position 930 sur le gène BMS1 qui code pour une enzyme à activité GTPase localisée dans les ribosomes. Cette mutation aboutit en fin de compte à un retard de maturation de l’ARN ribosomal de la sous-unité 18S et il est donc probable que cette enzyme joue un rôle dans le « processing » assez

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complexe des ARN préribosomaux de la petite sous-unité de ces organites cellulaires impliqués notamment (mais pas uniquement) dans la synthèse des protéines. Le lien entre cette anomalie biochimique assez surprenante et le phénotype pathologique tient peut-être à une anomalie induite du cycle cellulaire dans les fibroblastes cutanés portant cette mutation en raison d’une diminution de leur taux de prolifération. En effet, cette anomalie serait liée dans ce contexte à un retard de la transition G1/S régulée par la protéine P21 qui, quand elle est en excès, comme celà a été constaté dans les fibroblastes de la zone malformée, retarde cette phase essentielle de transition. Il est d’ailleurs possible que cette anomalie de maturation des ARN préribosomaux concerne également les autres catégories d’ARN dont les modifications posttranscriptionnelles, attestées notamment par la diminution des ribonucléoprotéines nucléaires, constitueraient le substratum biochimique essentiel des altérations fonctionnelles des fibroblastes des zones atrophiques. Il ne s’agit toutefois là que d’hypothèses assez indirectes et même si cette anomalie moléculaire se confirme, le puzzle physiopathologique est encore loin d’être complété.

Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.

Référence [1] Marneros AG. BMS1 is a mutated in aplasia cutis congenita. PLoS Genet 2013;9:e1003573.

0151-9638/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.10.034

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