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CAS CLINIQUE

Traitement conservateur d’une adénomyose compressive : à propos d’un cas Conservative treatment of a compressive adenomyosis: Report of a case D. Quaranta a,*, J. Delotte a, M. Chassang b, S. Novellas b, A. Bongain a, P. Chevallier b a

Service de gynécologie, obstétrique, reproduction et de médecine fœtale, hôpital Archet II, centre hospitalier universitaire de Nice, 151, route de Saint-Antoine-de-Ginestière, BP 3079, 06202 Nice cedex 3, France b Service d’imagerie adulte et de radiologie interventionnelle, hôpital Archet II, centre hospitalier universitaire de Nice, 151, route de Saint-Antoine-de-Ginestière, BP 3079, 06202 Nice cedex 3, France Reçu le 27 janvier 2013 ; accepté le 29 août 2013

Résumé L’adénomyose est fréquente, souvent asymptomatique. Une hypertrophie réactionnelle des cellules musculaires lisses autour des glandes endométriales ectopiques peut entraîner des phénomènes compressifs. Nous rapportons la prise en charge par embolisation d’un volumineux utérus adénomyosique avec compression veineuse iliaque chez une patiente réfutant l’hystérectomie. Ce traitement a permis une réduction du volume utérin et l’absence de récidive à 3 ans. L’IRM est la technique d’imagerie de choix dans les incertitudes échographiques, permettant une évaluation non invasive, précise et le suivi après traitement. L’embolisation n’est pas actuellement recommandée. Cependant, elle est une alternative conservatrice évaluée efficace, permettant la préservation de la fertilité. ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Adenomyosis is frequent, mostly asymptomatic. A hypertrophy of the smooth muscular cells around ectopic endometrial glands might induce a compressive syndrome. We report the case of an embolization of a voluminous adenomyosic uterus which has triggered venous iliac’s compression in patient refusing surgery. This treatment was efficient in reduction of uterin volume, without recurrence after three years. MR imaging is the exam of choice particularly when diagnosis is still uncertain and allows a non-invasive and good evaluation, and follow-up. Embolization is not actually recommended. But, it appears to be efficient, relatively safe and contributes to the conservation of fertility. ß 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Mots clés : Adénomyose ; Embolisation ; Compression Keywords: Adenomyosis; Embolization; Compression

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Quaranta). 1297-9589/$ see front matter ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2013.08.013

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1. TRAITEMENT CONSERVATEUR D’UNE ADÉNOMYOSE COMPRESSIVE L’adénomyose est une pathologie gynécologique bénigne fréquente, souvent asymptomatique. La présence de tissu endométrial ectopique inclus dans le myomètre et l’hypertrophie réactionnelle des cellules musculaires lisses peuvent se compliquer de phénomènes compressifs locaux liés au volume utérin. Dans ce contexte, une hystérectomie est fréquemment proposée. Nous rapportons le cas d’un traitement conservateur par embolisation d’un volumineux utérus adénomyosique compressif, et discutons l’apport diagnostique de l’IRM et la place de la radiologie interventionnelle. Une patiente de 41 ans, G3P3, consulte pour un œdème du membre inférieur gauche associé à une volumineuse masse pelvienne. L’interrogatoire ne retrouve aucun antécédent en dehors de ménométrorragies abondantes depuis 3 ans. Une échographie couplée à une IRM pelvienne mettent en évidence un volumineux utérus adénomyosique (grand axe 150 mm, diamètre transverse 112 mm) avec compression veineuse iliaque gauche (Fig. 1). La patiente refusant tout traitement chirurgical pour convenance personnelle bénéficie d’une prise en charge conservatrice par radiologie interventionnelle. Une embolisation est pratiquée, sous brève sédation, après cathétérisme hyper-sélectif des artères utérines, avec 4 mL de microparticules calibrées Embosphère1 (500 à 1200 microns), non résorbables. Les suites immédiates sont simples. Une consultation à deux mois met en évidence une régression de l’œdème du membre inférieur, une disparition des métrorragies avec persistance de ménorragies. L’IRM note, en T2, une réduction des diamètres utérins (grand axe 133 mm, diamètre transverse 112 mm), une reperméabilisation veineuse iliaque (Fig. 2a) et une zone de nécrose interstitielle latérale gauche de 28 mm en T1 après injection de gadolinium (Fig. 2b). Le résultat perdure après 3 ans de suivi : cycles réguliers avec ménorragies épisodiques et diminution discrète du volume utérin (diamètre transverse 100 mm) (Fig. 3).

Fig. 1. IRM pelvienne en T2 avant embolisation.

L’adénomyose se définit par la présence de cellules glandulaires endométriales et de cellules du chorion à plus de 2,5 mm de l’interface endomètre–myomètre ou zone jonctionnelle (ZJ). Une réaction hypertrophique des cellules musculaires lisses entourant les glandes ectopiques est un élément du diagnostic [1]. La maladie peut concerner toute l’interface, « adénomyose diffuse », ou une zone limitée, « adénomyose focale ». Ces deux formes, rarement associées, ont la même fréquence [2]. L’adénomyome, inhabituel et formant une masse, correspond à une confluence localisée de glandes adénomyosiques. La prévalence réelle de l’adénomyose reste inconnue (5 % à 70 %). Des facteurs de risque hormonaux, génétiques ou immunologiques ont pu être identifiés. La multiparité semble être favorisante [1]. Si l’hyperestrogénie est en cause, l’augmentation locale des estrogènes intervient dans la physiopathologie de la maladie [3]. L’adénomyose touche préférentiellement les femmes entre 40 et 50 ans. La plupart des formes étant asymptomatiques, il persiste un faible taux de détection chez les jeunes femmes [4]. Sa forme symptomatique se traduit par des ménorragies (50 %), des dysménorrhées (30 %), des métrorragies (20 %). L’hypertrophie réactionnelle des cellules musculaires lisses peut entraîner des phénomènes compressifs locaux liés au volume utérin, responsables de syndromes occlusifs, de dilatations urétérales ou de thromboses veineuses comme dans notre observation. L’adénomyose a été récemment incriminée dans l’infertilité [3]. Le diagnostic positif ne peut être fait de façon fiable sur la base de l’examen clinique seul, il requiert des examens paracliniques. L’échographie endovaginale couplée à l’échographie suspubienne peuvent révéler les signes les plus fréquents : un utérus volumineux, des kystes myométriaux, un myomètre hétérogène, un épaississement pariétal postérieur, des stries linéaires ou nodules sous-endométriaux, un épaississement irrégulier de la ZJ. La présence de léiomyomes (environ 50 % des cas) rend l’analyse échographique difficile. L’IRM est actuellement la technique d’imagerie de choix en cas d’incertitude échographique [5]. Peu d’études ont évalué ses performances ; certaines montrent une sensibilité de 70-86 %

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Fig. 2. a : IRM pelvienne T2 à 2 mois ; b : IRM pelvienne T1 après injection de gadolinium.

Fig. 3. IRM pelvienne T2 à 3 ans.

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et une spécificité de 86-93 %, données similaires aux performances de l’échographie haute résolution. L’opinion actuelle reste divisée quant au test diagnostique de choix. Pourtant, l’IRM permet un diagnostic non invasif précis, des images reproductibles et non affectées par la présence de fibromes et une moindre variabilité interobservateur [6]. Dans notre observation, le recours à l’IRM a permis de guider la décision thérapeutique, de faire une évaluation pré-thérapeutique et le suivi après embolisation. Récemment, plusieurs caractéristiques diagnostiques, directes et indirectes, ont été décrites en IRM. Les « signes directs » sont corrélés spécifiquement à la présence de glandes endométriales au sein du myomètre [4]. Les microkystes sous-muqueux, îlots d’endomètre ectopique accompagnés d’une dilatation kystique glandulaire, constituent le principal signe direct de l’adénomyose, détecté dans la moitié des cas. Ils sont généralement situés au sein de la ZJ et apparaissent en hyposignal T1 et hypersignal T2. L’adénomyome, second signe direct, se présente comme une masse délimitée, distincte de la ZJ, se distinguant du léiomyome utérin par l’absence de vaisseaux périphériques [6]. La sensibilité de ces signes directs ne semble pas suffisante au diagnostic ; l’identification de signes indirects, plus fréquents, est souvent plus contributive [4]. Les signes « indirects » sont secondaires à la réponse du myomètre à une invasion endométriale. Une ZJ supérieure à 12 mm est le critère diagnostique le plus largement admis, avec une sensibilité de 85 % (63 % en échographie) et une spécificité de 96 % [6]. En raison d’une influence hormonale, l’épaisseur maximale de la ZJ est atteinte entre J8 et J16 du cycle menstruel [2,3]. Vingt à trente pourcent des patientes n’ont pas de ZJ mesurable, jusqu’à 50 % chez les femmes ménopausées [5]. Un calcul de la ZJ différentielle est en cours d’évaluation. L’adénomyose asymptomatique ne requiert aucun traitement. La prise en charge des formes symptomatiques est complexe et dépendante des signes fonctionnels. Les progestatifs anti-gonadotropes ou le dispositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel réduisent l’expression clinique de la maladie. Les agonistes de la GnRH, entraînant une hypo-estrogénie, permettent de diminuer les dysménorrhées, les saignements et le volume utérin [3]. Cependant, aucun traitement médicamenteux n’est réellement curatif, leur arrêt implique une reprise évolutive de la maladie. L’hystéroscopie opératoire avec destruction de l’endomètre, envisagée en cas de ménométrorragies, entraîne une aménorrhée et une infertilité. La chirurgie conservatrice ou adénomyomectomie pourrait offrir de bons résultats [3]. Le traitement radical par hystérectomie, traitement de référence, est proposé en cas d’échec des traitements conservateurs, d’adénomyose profonde symptomatique et en l’absence de désir de grossesse [1]. Récemment, des techniques de radiologie interventionnelle ont pu être utilisées. L’embolisation des artères utérines permet une diminution de la symptomatologie chez 50 % des patientes à 2 ans, mais n’est actuellement pas recommandée en première intention. Quelques observations ont montré des résultats

encourageants sur les dysménorrhées, une réduction du volume utérin de 25 à 77 %, voire une amélioration de l’infertilité [3,7]. Dans notre observation, une réduction du volume utérin a été obtenue sans récidive, ni complication à 3 ans de la procédure radiologique. Ce traitement conservateur a été proposé à notre patiente refusant la chirurgie, mais il pourrait tenir une place de choix chez les femmes plus jeunes ayant un désir de grossesse en préservant leur fertilité [8]. Des complications mineures ont été décrites : hématomes, lésions vasculaires ou nerveuses, douleurs transitoires ou gêne urinaire. Plus rares, on rapporte des complications dites majeures : infections, nécrose utérine, dégénérescence fibreuse voire maligne, dysfonction ovarienne ou phénomènes thrombotiques [9]. Une étude décrit des complications obstétricales après embolisation à type d’accouchements dystociques, de risques majorés de prématurité et d’hémorragies du postpartum [10]. Les récurrences surviendraient dans les 24 mois après embolisation, justifiant un suivi prolongé. L’adénomyose est une pathologie fréquente. L’embolisation n’est pas le traitement actuellement recommandé dans les formes symptomatiques par manque de recul, mais pourrait faire partie de l’arsenal thérapeutique chez les patientes présentant une contre-indication chirurgicale ou ayant un désir de grossesse. DÉCLARATION D’INTÉRÊTS Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. RÉFÉRENCES [1] Fernandez H, Donnadieu AC. Adenomyosis. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2007;36:179–85. [2] Fusi L, Cloke B, Brosens JJ. The uterine junctional zone. Best Pract Res Clin Obstet Gynaecol 2006;20:479–91. [3] Campo S, Campo V, Benagiano G. Infertility and adenomyosis. Obstet Gynecol Int 2012;2012:786132. [4] Novellas S, Chassang M, Delotte J, Toullalan O, Chevallier A, Bouaziz J, et al. MRI characteristics of the uterine junctional zone: from normal to the diagnosis of adenomyosis. AJR Am J Roentgenol 2011;196(5):1206–13. [5] Taourel P, Laffargue G, Dechaud H. Adenomyosis: what imaging modality in the diagnosis and staging. Gynecol Obstet Fertil 2004;32:976–80. [6] Reinhold C, Tafazoli F, Mehio A, Wang L, Atri M, Siegelman ES, et al. Uterine adenomyosis: endovaginal US and MR imaging features with histopathologic correlation. Radiographics 1999;19:147–60. [7] Lohle PN, De Vries J, Klazen CA, Boekkooi PF, Vervest HA, Smeets AJ, et al. Uterine artery embolization for symptomatic adenomyosis with or without uterine leiomyomas with the use of calibrated tris-acryl gelatin microspheres: midterm clinical and MR imaging follow-up. J Vasc Interv Radiol 2007;18:835–41. [8] Kim MD, Kim NK, Kim HJ, Lee MH. Pregnancy following uterine artery embolization with polyvinyl alcohol particles for patients with uterine fibroid or adenomyosis. Cardiovasc Intervent Radiol 2005;28:611–5. [9] Kitamura Y, Ascher SM, Cooper C, Allisson SJ, Jha RC, Flick PA, et al. Imaging manifestations of complications associated with uterine artery embolization. Radiographics 2005;25:119–32. [10] Goldberg J, Pereira L, Berghella V. Pregnancy after uterine artery embolization. Obstet Gynecol 2002;100:869–72.

[Conservative treatment of a compressive adenomyosis: report of a case].

Adenomyosis is frequent, mostly asymptomatic. A hypertrophy of the smooth muscular cells around ectopic endometrial glands might induce a compressive ...
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