The Psychotherapeutic Process. Proc. 10th Int. Congr. Psychother., Paris 1976 Psychother. Psychosom. 29: 137-142 (1978)

La psychothérapie de groupe des schizophrènes par l’image Milan Popo vie

L’activation des malades schizophrènes autistiques en traitement de groupe est un problème. C’est la raison pour laquelle nous avons estimé que l’emploi de techniques dans lesquelles on se servirait, en plus du thérapeute, de l’image comme autre catalyseur réputé qui facilite la communication et intensifie le processus de groupe était digne d’intérêt. Notre choix est tombé sur la méthode de Vassiliou. Le procédé repose sur deux exigences: 1) avant de se réunir les malades dessinent ou peignent quelques chose et 2) à l’aide d’un vote démocratique ils choisissent le dessin sur lequel portera la discussion de ce jour. Le résultat du vote est le reflet de la totalité du dynamisme complexe du groupe. Au début de la réunion, l’auteur du dessin est invité à raconter au groupe quels sentiments il avait l’intention d’exprimer par son intermédiaire, à quoi il le fait penser, comment il l’a intitulé. Peu à peu, la discussion glisse du dessin choisi sur son auteur et sur les autres membres du groupe, leurs senti­ ments, leurs besoins, leurs conflits. Le groupe dispose de deux moyens de communication: la communica­ tion directe, personnelle et la communication indirecte, par l’intermédiaire du dessin choisi. Au début du traitement de groupe, les malades parlent pendant la plus grande partie de la réunion du dessin, qui plus tard ne servira de catalyseur du processus de groupe que durant la première partie de la réunion, après quoi les participants passent à la «discussion libre». Le contenu du dessin résulte des processus apparaissant pendant le rêve (dramatisation, symbolisme, métamorphose antithétique, etc.). C'est la rai­ son pour laquelle l’image est un moyen commode de découvrir les processus inconscients. En étudiant le processus de thérapie de groupe, nous avons constaté que le groupe passait au début beaucoup de temps à choisir le dessin. Le premier représente des maisons couvertes de neige (fig. 1).

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Institut pour la santé mentale, Belgrade

Fig.2

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Fig. 1

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Fig. 3

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En harmonie avec l'image, les sujets du groupe sont: la solitude et la froideur émotive. Ce sont des sujets qui se répètent aussi au cours des deux réunions suivantes et auxquels vient s’ajouter la maladie. De même que les rêves en série dans lesquels le conflit du malade devient de plus en plus clair dans chaque nouveau rêve, cette méthode éclaircit par le choix de l'image, de réunion en réunion, le problème dont le groupe s’occupe. C’est ainsi que pendant les deux premières réunions, comme nous l’avons déjà dit, l’on par­ lait d'isolement et de froideur émotive et à la 3e le groupe de malades s’est vu personnifié dans «cet étrange oiseau qui est malade et qui se tient à l’écart des sa volée» (fig. 2). Au début du traitement de groupe, les malades marquaient en général peut d’intérêt pour leurs propres dessins. Plus tard, à mesure que le processus de groupe avançait, un changement s’est produit dans le comportement des malades, à savoir leur investissement émotionnel dans leur propre production graphique. C’est ainsi que le dessin devient un objet catecté, et les malades manifestent le désir de le garder comme un objet précieux, rivalisant entre eux dans son choix pendant la réunion. Dès la 1Ie réunion, le groupe montre

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Fig. 4

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sa compréhension de l’importance du choix du dessin. C’est ainsi que le malade P. dit: «je ne veux pas voter pour cette image parce qu’elle est agressive». Nous avons pu vérifier dans notre groupe l'exactitude des remarques de l’auteur de la méthode lorsqu'il disait que les dessins comportant des person­ nages humains étaient choisis plus tard au cours du processus de groupe, car ils augmentent d’ordinaire la tension émotionnelle, ce qui est évité par le groupe au début de ses réunions. C’est ainsi que ce n’est qu’à la 14e réunion qu'un dessin représentant un bûcheron a été choisi (fig. 3). Pendant cette réunion le groupe fait preuve d'animisme, il dit que les arbres «gémissent sous la hache». En même temps que l’image, le groupe se libère de l’agression, d’abord contre les médecins, mentionnant les cas de négligence et exaltant, au contraire, les qualités du médecin présent et du thérapeute de groupe. Le cercle s'étend graduellement, le groupe fait un «recoupement» de la société, dans son ensemble. La résistance s’est manifestée de diverses façons. L’une des formes de la résistance était le refus des malades de peindre. Cette résistance se faisait aussi sentir dans les longues conversations sur les qualités esthétiques du

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dessin. C’est ainsi que la discussion suivante a été menée au cours de la 9e réunion du groupe (fig. 4): - Mica: «Je crois qu’ici le vert ne s'accorde pas avec le rouge.» Jovanka: «Cela fait un effet de fond de tableau. Ce n’est pas forcément le ciel ou la terre. Moi, cela me plaît.» - Smilja (l’auteur encouragée): «Je l’ai mis dans l’arrière-plan pour atténuer les couleurs vives des fleurs.» - Mica: «Un tel fond éteint ce rouge.» La discussion pseudo-esthétique se poursuivit. Les membres du groupe y rivalisent. L’image choisie représente deux fleurs dont l’une est sensiblement plus petite. Le théra­ peute essaie de rattacher le contenu de l’image aux problèmes personnels de l’auteur, et pour vaincre sa résistance il lui demande: «Quelle fleur êtes vous, Smilja, la grande ou la petite?» Smilja répond qu'elle ne sais pas. Après un arrêt assez long, le groupe parle de façon allégorique de la malade comme étant la fleur plus petite, la fleur cachée. On parle de la fantaisie, des rêves, et Smilja confie pour la première fois au groupe les détails de ses rapports symbiotiques avec sa mère, rapports qui sont symboliquement représentés dans l’image par la grande et la petite fleur sur la même tige sans racine.

Fig. 5

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Les tendances de refoulement et même de négation sont fréquentes dans le groupe. Ceci se manifeste surtout dans les conversations sur les images représentant des animaux féroces (fig. 5).

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Fiü. 6

Prof. Milan Popovic, Institut pour la santé mentale, Palmoticcva 37, 11000 Belgrade (Yougoslavie)

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C’est ainsi qu'à la 28e réunion du groupe, le malade L. parlant du lion de l'image dit qu'il est apprivoisé (fïg. 6). De nouveau, à la 33° réunion, le malade S. dit en parlant du loup de l'image qu'il regarde le cerf de façon paisible et qu'il n'est pas dangereux. Pendant la réunion l’on parle ensuite du contrôle de l'agression. Ce besoin de défense contre les pulsions agressives représentées par les bêtes féroces de l'image était fréquent chez les malades qui venaient de sortir d'une psychose aiguë.

[Group psychotherapy of schizophrenics using drawings].

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