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PUROL-1392; No. of Pages 13 Progrès en urologie (2015) xxx, xxx—xxx

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REVUE DE LA LITTÉRATURE

Hyperactivité vésicale idiopathique et BOTOX® : revue de la littérature Idiopathic overactive bladder and BOTOX® : Literature review X. Gamé a, G. Karsenty b, A. Ruffion c, G. Amarenco d, P. Ballanger e, E. Chartier-Kastler f, M. Cosson g, P. Costa h, B. Fatton i, X. Deffieux j, F. Haab k, J.-F. Hermieu l, L. Le Normand m, C. Saussine n, P. Denys o,∗ a

Service d’urologie, hôpital de Rangueil, 1, avenue du Professeur-Jean-Poulhès, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex 9, France b Service de chirurgie urologique et transplantation rénale, CHU de la Conception, Aix-Marseille université, 147, boulevard Baille, 13005 Marseille, France c Service d’urologie, centre hospitalier Lyon Sud, 165, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite, France d Service de rééducation neuro-urologique, hôpital Tenon, AP—HP, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France e Service d’urologie, hôpital Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France f Service d’urologie, hôpital de la Pitié-Salpétrière, AP—HP, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France g Service de gynécologie, CHRU de Lille, rue Eugène-Avinée, 59037 Lille cedex, France h Service d’urologie, CHRU Carémeau, rue du Professeur-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France i Service de gynécologie, CHRU Carémeau, rue du Professeur-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France j Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Antoine-Béclère, AP—HP, 157, rue de la Porte-Trivaux, 92140 Clamart, France k Service d’urologie, hôpital Tenon, AP—HP, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France l Service d’urologie, hôpital Bichat, AP—HP, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France m Service d’urologie, Hôtel Dieu, CHU de Nantes, 1, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex 1, France



Auteur correspondant. Service de rééducation neurologique, pavillon Netter, 104, boulevard Raymond-Poincaré, 92380 Garches, France. Adresse e-mail : [email protected] (P. Denys).

http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.01.006 1166-7087/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Gamé X, et al. Hyperactivité vésicale idiopathique et BOTOX® : revue de la littérature. Prog Urol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.01.006

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X. Gamé et al. n

Service d’urologie, CHU, 1, place de l’Hôpital, 67000 Strasbourg, France Service de médecine physique et de réadaptation, hôpital Raymond-Poincaré, AP—HP, 104, boulevard Raymond-Poincaré, 92380 Garches, France

o

Rec ¸u le 11 d´ ecembre 2014 ; accepté le 12 janvier 2015

MOTS CLÉS Hyperactivité vésicale ; Idiopathique ; Toxine botulinique de type A ; Réfractaire ; Anticholinergiques

KEYWORDS Overactive bladder; Idiopathic; Botulinum toxin type A; Refractory; Anticholinergics

Résumé Objectif. — Faire une revue de la littérature de l’efficacité et la tolérance de la toxine botulinique A (onabotulinumtoxinA, BOTOX® , Allergan, Irvine, CA, États-Unis) dans l’hyperactivité vésicale idiopathique (HAVi) réfractaire. Méthodes. — La recherche bibliographique (PubMed) était centrée sur l’efficacité, la toxicité et les effets indésirables observés dans les études cliniques de niveau de preuve 1 et 2. Résultats. — Onze études randomisées contrôlées, dont 3 phases III ont été sélectionnées. Elles regroupent 1008 patients ayant une HAVi réfractaire traités par toxine botulinique A BOTOX® . Les doses de 50U à 300U ont été évaluées, 100U était la dose la plus étudiée (676 patients). Dans les 2 études pivots de phases III, BOTOX® 100U est plus efficace que placebo en termes de patients continents, de symptômes et de qualité de vie (QdV). Les résultats des analyses urodynamiques, rapportés dans les études de phase II, montraient des changements plus importants que le groupe placebo à partir de la dose 100U, néanmoins pas toujours significatifs. Les effets indésirables (rétention urinaire, dysurie, infection urinaire) étaient traitables et n’influenc ¸aient pas les résultats de la QdV. Conclusions. — Les injections intradétrusoriennes de toxine botulinique A BOTOX® dans le traitement de l’HAVi réfractaire, une procédure mini-invasive, semblent efficaces et bien tolérées. © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary Aim. — Systematically review literature on the efficacy and tolerability of botulinum toxin A (onabotulinumtoxineA, BOTOX® , Allergan, CA, USA) in refractory idiopathic overactive bladder (iOAB) Methods. — Pubmed search on the efficacy, toxicity and adverse events of onabotulinumtoxinA in clinical trials only with level 1 and 2 evidence. Results. — Eleven controlled randomised trials have been selected, of which 3 phase III trials. The studies published data of 1008 patients with refractory iOAB treated with onabotulinumtoxineA. In the phase II and III trials, doses from 50U to 300U have been evaluated; more than half of the patients (n = 676) with 100U. In the 2 main phase III trials, onabotulinumtoxinA has demonstrated to be more efficient compared to placebo on continence, symptoms and quality of live (QoL). Urodynamic results, reported in the phase II trials, demonstrated higher changes compared to placebo only from dose 100U on, although not always significant. Adverse events (urinary retention, dysuria, urinary tract infection) were easily treated and did not influence patient’s QoL. Conclusion. — Intradetrusor injections of onabotulinumtoxinA (BOTOX® ), a minimally-invasive procedure, seem to be efficient and well tolerated in the treatment of refractory iOAB. © 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction L’hyperactivité vésicale (HAV) est définie par l’International Continence Society (ICS) [1—3] comme une affection urologique caractérisée par la survenue d’urgenturie, avec ou sans incontinence urinaire, habituellement associées à une pollakiurie ou une nycturie, en l’absence d’infection urinaire ou d’autre pathologie évidente. Ce syndrome a un

impact non négligeable sur la qualité de vie des patients [4,5]. D’après 2 larges études épidémiologiques, NOBLE [6] (États-Unis) et EPIC [7] (Europe et Canada), l’HAV affecte entre 11,8 % et 16,5 % de la population adulte (i.e. ≥18 ans). Ces études ont également montré que cette prévalence augmentait avec l’âge. La prise en charge de première ligne de l’HAV repose sur des thérapies comportementales, hygiéno-diététique,

Pour citer cet article : Gamé X, et al. Hyperactivité vésicale idiopathique et BOTOX® : revue de la littérature. Prog Urol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.01.006

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Hyperactivité vésicale idiopathique et BOTOX® : revue de la littérature rééducative et/ou pharmacologique. Les anticholinergiques, traitement pharmacologique de référence de l’HAV, ne sont pas toujours suffisamment efficaces ni bien tolérés, ce qui aboutit en pratique clinique à un taux d’abandon élevé [8—10]. On ne dispose pas encore de données de phase IV sur les béta3 mimétiques. L’augmentation de la dose administrée, bien qu’elle améliore potentiellement l’efficacité, est souvent inutile puisqu’elle diminue sensiblement la tolérance [11,12]. Pour les patients réfractaires aux thérapies conservatrices, deux solutions thérapeutiques sont désormais scientifiquement validées. La neuromodulation des racines sacrées S3 qui était la seule seconde ligne de traitement validée en Europe jusqu’à présent. Les injections intradétrusoriennes de toxine botulinique de type A BOTOX® ont été proposées plus récemment dans cette indication. Elles sont validées par l’Agence européenne du médicament depuis décembre 2012 et actuellement en cours d’évaluation par les différentes agences nationales. L’objectif de cette revue était de faire une synthèse de l’ensemble des données d’efficacité et de tolérance de niveaux de preuve 1 et 2 actuellement disponibles et relatives à l’usage de la toxine botulinique A (onabotulinumtoxinA/BOTOX® , Allergan, Irvine, CA, ÉtatsUnis) dans la prise en charge de l’hyperactivité vésicale idiopathique (HAVi) réfractaire à la prise en charge de 1re ligne.

Matériel et méthodes Pour identifier les articles relatifs à l’utilisation d’injections intradétrusoriennes de toxine botulinique A d’Allergan (onabotulinulmtoxinA/BOTOX® ) chez le patient adulte (homme ou femme) ayant une HAVi réfractaire aux traitements anticholinergiques, une recherche Pubmed/Medline sans limite temporelle a été effectuée en août 2013. Les mots-clés utilisés étaient urinary bladder, overactive (terme MeSH) et « botulinumtoxinA » (tous champs). Comme critères limitant, ces études devaient avoir été réalisées de manière randomisées et contrôlées chez l’homme. La sélection Pubmed comptait 28 publications. Seuls 14 articles répondaient réellement aux critères prédéfinis (Tableau 1). Ont été ajoutés ceux de Brubaker [13] et Altaweel [23], non inclus dans la recherche automatique initiale, en raison de l’accent mis sur l’incontinence urinaire par urgenturie au lieu de l’hyperactivité vésicale. Le résultat comportait finalement 16 articles originaux correspondant à 11 essais randomisés contrôlés (ERC).

Résultats Description des études sélectionnées Toutes les publications décrivaient des ERC en double insu contre un placebo ou un comparateur actif. Le nombre de patients randomisés variait entre 22 et 557. Trois études de phase III ont été incluses [26—28]. Au total, 1008 patients ont été traités par BOTOX® . La proportion de femmes était comprise entre 56 et 100 % (Tableau 1).

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L’HAVi devait se manifester par la présence d’une pollakiurie (≥8 mictions/24 h) et d’épisodes d’urgenturie (fréquence variable selon les études). Une prise en charge pharmacologique et/ou rééducatrice devait s’être avérée inadaptée pour l’inclusion dans ces études. Seules 2 [15,25] n’interdisaient pas la prise d’anticholinergiques en cas de régime stable à inclusion. Quatre études [15,18,25,26] incluaient les patients indépendamment de la présence d’incontinence urinaire, alors que 8 autres n’avaient inclus que des patients incontinents. L’étude de Cohen [18] était la seule à analyser séparément les patients incontinents (wet OAB) et les patients continents ayant uniquement une urgenturie (dry OAB). La confirmation d’une hyperactivité détrusorienne était un prérequis à l’inclusion dans 4 études seulement [13,15,25,26]. Les patients devaient être capables et avoir accepté le recours à l’auto-sondage si nécessaire [17,25,27,28]. Les critères d’exclusion les plus courants étaient : l’incontinence d’effort (ou incontinence mixte avec prédominance à l’effort), l’obstruction vésicale (débitmétrie), l’auto-sondage, un résidu post-mictionnel > 100 mL (ou 200 mL), une diurèse quotidienne > 3000 mL/jour, l’infection urinaire, une pathologie neurologique, une allergie, l’utilisation antérieure ou une contre-indication au BOTOX® , la grossesse ou l’allaitement. Les injections de toxine botulinique étaient toujours réalisées sous contrôle cystoscopique, à l’aide d’un cystoscope souple ou rigide. Le nombre de points d’injections (10 à 20), la dilution, le volume injecté total et par point et la dose globale de toxine botulinique de type A (BOTOX® ) injectée (50, 100, 150, 200, 300U) variaient (Tableau 1). Les doses les plus couramment utilisées étaient 100U ou 200U. Les injections étaient réalisées dans la majorité des cas dans le détrusor et réparties en épargnant le trigone. Un anesthésique local était systématiquement appliqué, mais des sédatifs (ou une anesthésie générale) pouvaient parfois être envisagés.

Mesures de l’efficacité du BOTOX® Succès du traitement et délai d’action Environ un patient sur 4 était rendu complètement continent 3 mois après l’injection de BOTOX® . La proportion observée dans les groupes placebo était significativement inférieure (Tableau 2) dans 2 études de Phase III. Les patients étaient significativement plus nombreux à rapporter une réponse positive (Treatment Benefit Scale) au traitement après avoir rec ¸u du BOTOX® 100U comparé à ceux recevant le placebo (à 1 mois, 66,9 % et 34,7 %, p < 0,001) [27]. Ces résultats étaient obtenus rapidement (à 2 semaines, 64,5 % vs 32,6 %, p < 0,001) et maintenus à moyen terme (à 3 mois, 60,8 % vs 29,2 %, p < 0,001) [27]. Le nombre de patients sans amélioration de leurs symptômes après injection était significativement plus bas dans le bras BOTOX® comparé au placebo (24,6 % vs 60,2 %, p < 0,0001) [26].

Symptômes L’efficacité était évaluée dans la majorité des études par le recueil des symptômes rapportés par les patients grâce à un calendrier mictionnel, le plus souvent pendant 3 jours.

Pour citer cet article : Gamé X, et al. Hyperactivité vésicale idiopathique et BOTOX® : revue de la littérature. Prog Urol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.01.006

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X. Gamé et al. Tableau 1

Études sélectionnées.

Référence

Bras

Durée de suivi

Évaluation clinique primaire

Nombre total de patients

Nombre de femmes (%)

Brubaker 2006 [13] Brubaker 2008 [14] Sahai 2007 [15] Sahai 2009 [16] Flynn 2009 [17]

Placebo 200U

12 mois

Durée d’efficacité (GPI-Global Performance impact)

43

43 (100 %)

Placebo 200U Placebo 200U/300U

3 mois

34

19 (56 %) 22 (100 %)

Cohen 2009 [18]

100U 150U Placebo 50U 100U 150U 200U 300U

6 mois

Changement CCM à 4 et 12 sem Changement d’épisodes IU/jr ; UDI-6 et IIQ-7 à 3 et 6 sem Changement d’épisodes IU/j à 12 sem Changement d’épisodes IU par urgenturie/sem à 12 sem

100U 200U Placebo 100U Placebo 50U 100U 150U Placebo 200U

9 mois

Placebo 100U Placebo 100U

3 mois

Dmochowski 2010 [19] Rovner 2011 [20] Fowler 2012 [21] Brubaker 2012 [22] Altaweel 2011 [23] Dowson 2011 [24] Denys 2012 [25]

Tincello 2012 [26]

Nitti 2013 [27] Chapple 2013 [28]

1,5 mois

9 mois

3 mois 6 mois

6 mois

3 mois

22

44

ND

313

288 (92 %)

Amélioration des valeurs UD à 12 sem Changement CCM à 12 sem >50 % d’amélioration des symptômes d’urgenturie et IUU

22

ND

21

15 (71 %) 87 (88 %)

Fréquence mictionnelle/24 h à 24 sem Fréquence IU/24 h et % de Treatment Benefit Scale (TBS)

240

240 (100 %)

557

497 (89 %)

548

473 (86 %)

99

ND : non documenté ; IU : incontinence urinaire ; IUU : incontinence urinaire par urgenturie ; UDI : Urogenital Distress Inventory ; IIQ : Incontinence Impact Questionnaire ; UD : urodynamique ; CCM : capacité cystomanométrique maximum.

la variation moyenne du nombre de mictions quotidiennes était comprise entre −0,7 et −3,7 (contre 0 et −1,6 pour le placebo). Toutes les études ayant inclus >50 patients montraient une réduction significative de la fréquence mictionnelle quotidienne chez les patients recevant les injections de BOTOX® par rapport à ceux du bras placebo.

Huit études sur 12 les utilisaient comme critère principal (Tableau 1). Il s’agissait le plus souvent de la fréquence mictionnelle, du nombre d’épisodes d’incontinence urinaire par urgenturie ou du nombre d’épisodes urgenturie. La fréquence mictionnelle par 24 h (Tableau 3) était généralement mesurée à 3 mois. Pour la dose de 100U,

Tableau 2

Proportion de patients continents au sein des études de phase III.

Référence Tincello 2012 [26] Nitti 2013 [27]

Temps d’évaluation 6 mois 3 mois

Placebo ou comparateur actif 12,0 % 6,5 %

a

BoNT-A 31,3 % 22,9 %

a

p intergroupe 0,002

[Idiopathic overactive bladder and BOTOX(®): Literature review].

Systematically review literature on the efficacy and tolerability of botulinum toxin A (onabotulinumtoxineA, BOTOX(®), Allergan, CA, USA) in refractor...
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