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par des filaments mycéliens et pseudomycéliens après coloration PAS. Le diagnostic d'une candidose pseudo-tumorale était retenu. Un traitement à base de fluconazole 50 mg/j pendant 15 jours a été démarré avec régression complète de la tumeur et absence de récidive après un recul d'un an. Discussion Le candida est une levure saprophyte de la muqueuse buccale, présent chez plus de 50 % de la population générale [1]. Il existe deux formes majeures de candidose oropharyngée : la forme pseudomembraneuse ou muguet, donnant un aspect de plaques blanchâtres facilement détachables, et la forme atrophique comme la stomatite prothétique, qui se voit surtout chez les sujets âgés et donne un aspect lisse et rouge. La forme pseudo-tumorale ou leucoplasie candidosique reste rare. Elle apparaît souvent sous forme de plaques blanchâtres non détachables qui peuvent rarement évoluer vers une lésion nodulaire suite à l'inflammation chronique maintenue par l'infection candidosique elle-même. Le diagnostic différentiel avec un carcinome est très difficile. Seule l'histologie permet la mise en évidence de filaments mycéliens et pseudomycéliens candidosiques. La réponse aux antimycosiques permet de confirmer le diagnostic [1]. Les colorations PAS et Grocott Methenamine sont nécessaires pour la mise en évidence du candida au niveau tissulaire, notons que le candida peut donner parfois des atypies épithéliales [1]. Le passage à l'état pathogène du candida dépond de sa virulence ainsi que des facteurs locaux et généraux de l'hôte, notamment le port de prothèse dentaire et dentier, la sécheresse buccale au cours du syndrome de Gougerot-Sjögren ou de la radiothérapie, le tabac, le diabète ainsi que les états d'immunodépression dont celui induit par les corticoïdes [2]. Le traitement de la candidose pseudotumorale repose sur les traitements antimycosiques par voie orale ou en gargarisme, ou les rétinoïdes topiques, cependant la correction des facteurs de risque doit être toujours de mise [2].

Correspondance : Hajar Amarouch, CHU Ibn Sina, service de dermatologie et vénérologie, 10100 Rabat, Maroc [email protected] Reçu le 24 novembre 2014 Accepté le 9 février 2015 Disponible sur internet le : 8 mai 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2015.02.017 © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Hidradénite neutrophilique eccrine associée à une leucémie aiguë myéloïde Neutrophilic eccrine hidradenitis associated with acute myeloid leukemia L'hidradénite neutrophilique eccrine (HNE) a été décrite pour la première fois en 1982 par Harrist et al. chez un patient traité par chimiothérapie pour une leucémie aiguë myéloblastique [1]. Elle se manifeste par une éruption fébrile accompagnée d'un infiltrat à polynucléaires neutrophiles. Nous en rapportons une observation typique chez une femme en cours de chimiothérapie pour une leucémie aiguë myéloïde. Observation Une femme de 48 ans consultait pour une éruption douloureuse survenant dix jours après la fin d'une chimiothérapie d'induction par cytarabine et doxorubicine, dans le cadre d'une leucémie aiguë myéloïde. L'examen physique montrait des papules

Références [1]

[2]

Shibata T, Yamashita D, Hasegawa S, et al. Oral candidiasis mimicking tongue cancer. Auris Nasus Larynx 2011;38:418–20. http://dx.doi.org/ 10.1016/j.anl.2010.11.007. Liu X, Hua H. Oral manifestation of chronic mucocutaneous candidiasis: seven case reports. J Oral Pathol Med 2007;36:528–32.

Hajar Amarouch, Inssaf Ramli, Ahlam Abdou, Karima Senouci, Hassam Badreddine

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CHU Ibn Sina, service de dermatologie et vénérologie, 10100 Rabat, Maroc

Figure 1 Papules infiltrées érythémato-violacées périorbitaires

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L'HNE est associée à une pathologie maligne dans 90 % des cas, dont 75 % des cas à une leucémie aiguë myéloïde [3]. Dans ce contexte, l'HNE apparaît majoritairement dans les dix premiers jours de l'introduction d'une chimiothérapie. La cytarabine et les anthracyclines sont les deux molécules les plus fréquemment incriminées [4]. Cependant, l'HNE peut apparaître avec d'autres traitements (G-CSF) ou sans lien avec un traitement (lors du diagnostic ou d'une rechute de la néoplasie). Dans d'autres cas, l'HNE est associée à un cancer solide, diverses infections (VIH, agents bactériens), une maladie de Behçet ou une neutropénie idiopathique [2]. Enfin, des cas d'HNE chez le sujet sain sont décrits [5]. La plupart du temps aucun traitement n'est nécessaire et les lésions régressent spontanément en une à quatre semaines. Cependant, dans les formes sévères, on peut avoir recours aux dermocorticoïdes locaux, à une corticothérapie générale ou à la colchicine [5]. Les récidives sont possibles et peuvent être prévenues par la dapsone [6].

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Figure 2 Déclaration d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

Papules infiltrées érythémato-violacées du sein gauche

Discussion L'HNE est une dermatose neutrophilique rare dont la prévalence n'est pas connue. Elle prédomine chez l'homme. L'âge moyen de survenue est de 40 ans. Son diagnostic est histologique. Elle se caractérise par l'infiltration et la destruction des glandes sudorales eccrines par des polynucléaires neutrophiles. Les lésions cutanées sont typiquement des papules infiltrées, érythémateuses ou violacées, sensibles à la palpation. Il existe trois formes cliniques d'HNE : centrale, périphérique (localisée aux extrémités) et disséminée. Dans notre cas, il s'agit d'une forme centrale avec une atteinte périorbitaire bilatérale et du haut du corps. Lorsque l'atteinte du visage est sévère, il faut éliminer une cellulite faciale [2]. Les autres diagnostics différentiels sont le syndrome de Sweet (l'histologie permet de trancher entre les deux diagnostics), les causes infectieuses et les lésions cutanées spécifiques d'une hémopathie sous-jacente.

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Références [1]

[2]

[3]

[4] [5] [6]

Harrist TJ, Fine JD, Berman RS, Murphy GF, Mihm Jr AA. Neutrophilic eccrine hidradenitis: a distinctive type of neutrophilic dermatosis associated with myelogenous leukemia and chemotherapy. Arch Dermatol 1982;118:263–6. Srivastava M, Scharf S, Meehan SA, Polsky D. Neutrophilic eccrine hidradenitis masquerading as facial cellulitis. J Am Acad Dermatol 2007;56:693–6. Salik D, Kolivras A, Sass U, Huybrechts S, Dangoisse C. Hidradénite eccrine neutrophilique palmo-plantaire avec extension généralisée chez un enfant en rémission d'une leucémie aiguë lymphoblastique. Ann Dermatol Venereol 2014;141:285–9. Bachmeyer C, Aractingi S. Neutrophilic eccrine hidradenitis. Clin Dermatol 2000;18:319–30. Belot V, et al. Hidradénite eccrine neutrophilique idiopathique de l'adulte d'évolution prolongée traitée par colchicine. Presse Med 2006;35:1475–8. Shear NH, Knowles SR, Poldre P. Dapsone in prevention of recurrent neutrophilic eccrine hidradenitis. J Am Acad Dermatol 1996;35:819–22.

Axelle Bonhomme, Anne-Laure Liegeon, Florence Granel-Brocard, Annick Barbaud, Jean-Luc Schmutz Centre hospitalier universitaire de Nancy, service de dermatologie, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France Correspondance : Axelle Bonhomme, centre hospitalier universitaire de Nancy, service de dermatologie, 6, rue du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France [email protected] Reçu le 4 novembre 2014 Accepté le 9 février 2015 Disponible sur internet le : 8 mai 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2015.02.018 © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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érythémato-violacées, chaudes, sensibles à la palpation, de localisation périorbitaire (figure 1), mammaire (figure 2) et aux membres supérieurs. L'éruption s'accompagnait de fièvre. Le reste de l'examen clinique était sans particularité. Biologiquement, il existait une pancytopénie secondaire à la chimiothérapie. L'examen anatomopathologique mettait en évidence un œdème dermique profond et un infiltrat neutrophilique dense des glandes sudorales eccrines. Ces anomalies s'accompagnaient de nécroses des cellules glandulaires et d'une leucocytoclasie péri-eccrine sans vascularite. La coloration au PAS était négative et il n'y avait pas de blastes. Le diagnostic d'hidradénite neutrophilique eccrine était retenu. L'application de dermocorticoïdes forts permettait une régression complète des lésions après une semaine de traitement.

[Neutrophilic eccrine hidradenitis associated with acute myeloid leukemia].

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