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ANNPAT-915; No. of Pages 4 Annales de pathologie (2014) xxx, xxx—xxx
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HISTOSÉMINAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANC ¸ AISE DE PATHOLOGIE
Pathologie buccale et stomatologique. Introduction Oral and stomatological pathology. Introduction Valérie Costes Département de biopathologie, CHU de Montpellier, 34250 Montpellier cedex 5, France Accepté pour publication le 24 mars 2014
La pathologie buccodentaire est une pathologie variée qui regroupe les lésions de la muqueuse buccale et des glandes salivaires accessoires, les lésions odontogènes et la pathologie fibro-osseuse développée aux dépens de l’os maxillaire et mandibulaire. Nous avons choisi d’illustrer des lésions fréquentes (lésions suspectes de la muqueuse orale et kystes odontogènes) et des lésions plus rares mais caractéristiques. Les lésions blanches de la muqueuse orale sont fréquentes et posent des problèmes d’interprétation. Le terme de leucoplasie est à éviter car les cliniciens et les pathologistes regroupent sous ce terme des lésions macroscopiques et histologiques variées. L’aspect blanc de la muqueuse peut avoir plusieurs origines : kératinisation d’un site normalement non kératinisé, hyperkératose d’un site normalement kératinisé, œdème et dégénérescence des kératinocytes. . . Ces modifications sont liées à des irritations physiques (morsicatio mucosase oris), chimiques (tabac à chiquer) ou à des transformations dysplasiques ou tumorales. Il faut distinguer d’une part les lésions réactives, d’autre part les lésions avec dysplasie qui sont précancéreuses ou cancéreuses in situ et que l’on regroupe sous le terme de néoplasie intra-épithéliale orale. Grader la dysplasie est difficile bien qu’elle soit parfois bien visible dans toute la hauteur épithéliale sous forme de cellules dyskératosiques dispersées comme dans le larynx. De plus, les aspects peuvent être différents en fonction des biopsies au sein d’une même lésion. La biopsie a pour but d’éliminer les lésions réactionnelles. Dès qu’il existe des signes de dysplasie, il faut conseiller une résection chirurgicale pour préciser sa sévérité et éliminer un carcinome infiltrant. Les lésions kystiques des mâchoires peuvent être d’origine non odontogène ou odontogène. Ces dernières sont de type inflammatoire, congénital ou plus rarement tumoral (Tableau 1). Elles dérivent de restes épithéliaux odontogènes (perles de Serres au niveau de la muqueuse gingivale ou restes de Malassez le long des racines dentaires).
Adresse e-mail : v-costes
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Pour citer cet article : Costes V. Pathologie buccale et stomatologique. Introduction. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.03.012
Histologie
Contexte
Kystes radiculaires
Apical Latéral Résiduel
Épithélium pavimenteux, non kératinisant hyperplasique Inflammation Granulome cholestérolique
> 50 % des kystes Dents Pathologique Carie Traumatisme
Kyste dentigère
Péri-coronaire latéralisé Mandibule ++
Épithélium pavimenteux bas, non kératinisant Cellules à mucus Cellules ciliées
20 % kystes 10—30 ans Dent incluse ou surnuméraire
Kyste péri-odontal latéral
Entre deux prémolaires viables
Épithélium pavimenteux bas, non kératinisant « Plaque » épithéliale
Nouveau-né ++ Adulte
Kyste odontogène orthokératosique
Mandibule M3
Épithélium pavimenteux bas Orthokératosique Pas de cellules basales hautes ni de kystes satellites
Adulte jeune Pas de syndrome de Gorlin
Kyste odontogène glandulaire
Mandibule 85 % antérieure
Épithélium pavimenteux bas Cellules à mucus Cavités microkystiques
Adultes > 20 ans Récidives 30 %
Histogenèse
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Topographie
Type
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Classification des kystes odontogènes.
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2 V. Costes
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Tableau 1
Classification of odontogenic cysts.
Contexte
Améloblastome unikystique
Mandibule « postérieure »
Épithélium améloblastique
20 à 30 ans Dents incluses
Tumeur tératokystique odontogène
Mandibule 60—80 % postérieure
Épithélium pavimenteux bas Cellules basales hautes proliférantes Kératinisation (parakératose) Kystes satellite
Tout âge Syndrôme de Gorlin
Kyste odontogène calcifiant K. de Gorlin
Maxillaire mandibule
Epithélium améloblastique Cellules fantômes Calcifications Dentinoïde
Tout âge, avec odontome Améloblastome
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Histologie
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Topographie
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Histogenèse
Pathologie buccale et stomatologique. Introduction
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Tableau 1 (Suite) Type
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4
V. Costes Tableau 2
Classification des tumeurs odontogènes.
Classification of odontogenic tumors.
Différenciation épithéliale pure ou prédominante De type améloblastique : améloblastome Tumeur odontogène kystique calcifiante (Gorlin) De type épithélial non améloblastique : Tumeur odontogène kératinisante (kératokyste odontogène) Tumeur adénomatoïde odontogène (parfois composite avec dentine) Tumeur odontogène épithéliale calcifiante (Pindborg) Différenciation mésenchymateuse pure ou prédominante Sans tissus minéralisés : myxome odontogène Avec tissus minéralisés : cémentoblastome Tumeurs composites, avec mésenchyme et épithélium odontogène Sans tissus minéralisés : Fibrome odontogène Fibrome améloblastique Avec tissus minéralisés : Dentine Fibro-dentinome améloblastique Dentine + émail Fibro-odontome améloblastique Ébauches dentaires Odontome composé (dent miniature) Odontome complexe
Pour une interprétation correcte, il est indispensable d’avoir connaissance d’un certain nombre d’éléments : la topographie sur les arcades dentaires, la topographie par rapport à la dent, la notion de dent manquante, malformée, incluse, cariée ou de traitements dentaires antérieurs. La totalité de la paroi doit être examinée car la distension du kyste, les remaniements inflammatoires peuvent
modifier l’aspect typique de l’épithélium qui est la clé de l’interprétation. Le Tableau 2 résume les principales caractéristiques des kystes odontogènes. Le classement des tumeurs odontogènes nécessite l’identification des différents constituants dérivés des structures dentaires normales : épithélium améloblastique, dentine, émail etc. Elles sont classées en trois groupes (Tableau 2) : les tumeurs épithéliales pures, les tumeurs mixtes épithéliales et mésenchymateuses et les tumeurs mésenchymateuses prédominantes. Parmi les tumeurs mésenchymateuses, on distinguera celles avec des tissus minéralisés. Si une ébauche dentaire est identifiable, on parlera d’odontome. Les tumeurs odontogènes peuvent être associées, il faut repérer la composante la plus agressive. Les lésions fibro-osseuses sont un groupe de lésions hétérogènes qui comprend des anomalies du développement osseux (dysplasie cémento-osseuse, dysplasie fibreuse), inflammatoires (ostéite) et tumorales (fibrome cémentoossifiant). Ces tumeurs fibro-osseuses se caractérisent par une prolifération de cellules fibroblastiques associée à un tissu ostéoïde ou osseux. En fonction de leur stade évolutif, leur histologie peut être différente. Les données cliniques (âge, site, lésion unique ou multiple) et radiologiques sont indispensables au diagnostic. Le diagnostic différentiel est majeur car l’attitude thérapeutique est très différente selon les entités. Pour toutes ces lésions, la mise à disposition du pathologiste de données cliniques et éventuellement d’imagerie sont indispensable. Une coopération étroite entre les cliniciens et les pathologistes, comme dans beaucoup de domaines de la pathologie, est un élément fondamental de la qualité et de la fiabilité du diagnostic.
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.
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