Gynécologie Obstétrique & Fertilité 42 (2014) 61–62
TRIBUNE DES INTERNES
Effectuer une mission humanitaire pendant l’internat de gynécologie-obstétrique Perform a humanitarian mission during the OB GYN residency
On dénombre en France 40 000 associations œuvrant dans l’humanitaire, dont 400 organisations non gouvernementales (ONG) de dimension nationale ou internationale. Les personnes participant aux missions bénéficient de trois statuts distincts : les bénévoles (15 % des humanitaires), qui ne sont pas rémunérés et financent eux-mêmes leur mission (le plus souvent de courte durée) ; les volontaires (plus de 70 % des humanitaires) qui représentent des professionnels expérimentés s’engageant à plein temps dans des actions longues (de quelques mois à plusieurs années). Ces derniers sont intégralement pris en charge et perçoivent une indemnisation. Les volontaires doivent cependant répondre à certains impératifs : parler anglais, être capable d’encadrer et de transmettre leur savoirfaire ; les salariés, qui pour la plupart travaillent au siège des ONG et occupent des postes de gestionnaires administratifs et financiers. Différentes structures interviennent dans le domaine de la solidarité internationale : les organisation non gouvernementale (ONG), les association de solidarité internationale (ASI) et les organisation de solidarité internationale (OSI). Ces structures sont sollicitées dans trois types de situations : les situations d’urgence (prise en charge des populations dans un contexte de guerre, d’épidémies, de catastrophes naturelles), les situations de post-urgence (reconstruction après un sinistre) et les situations de développement (mise en place de programmes d’éducation, d’alphabétisation et d’agriculture). Les personnels médicaux représentent 15 % des volontaires qui partent en mission chaque année. Ils prennent en charge des patients dans un environnement de travail souvent difficile avec des moyens limités (manque de matériel, de médicaments et barrière linguistique). Il est demandé au médecin humanitaire
de faire preuve de réactivité, d’esprit d’équipe, d’autonomie pour soigner de façon juste, rapide et efficace. La bonne volonté n’est parfois pas suffisante pour s’engager dans une mission humanitaire, les ONG et les ASI ont besoin de personnes qualifiées dans les domaines de la médecine, de la logistique et de la gestion administrative. Les compétences médicales requises peuvent varier d’une mission à l’autre lorsqu’il s’agit d’un départ en tant que volontaire (compétences chirurgicales, en échographie, en obstétrique, campagne de prévention. . .). Ces exigences ne seront pas les mêmes dans le cadre d’une mission réalisée pendant l’internat de spécialité. Un départ en mission humanitaire peut s’envisager durant l’internat lors d’un stage à l’étranger. Avant de postuler, il faut avoir validé quatre semestres durant son internat. Les modalités légales et administratives de cette démarche répondent à l’article R. 6153-27 du Code de santé publique (CSP). Qu’il s’agisse d’un stage ou d’une mission humanitaire à l’étranger, les règles selon lesquelles les internes sont autorisés à partir sont définies par les conseils des unités de formation et de recherche (UFR) sur propositions d’un enseignant coordonnateur. Les stages accomplis (au maximum deux semestres) sont pris en compte pour le calcul de la durée de l’internat, à condition d’être validés par le coordonnateur local. Les formalités administratives sont les mêmes que pour les stages hors subdivision, nécessitant l’accord préalable de l’université. Les dossiers sont examinés en commission des internats et l’ordre de mission doit être transmis à la direction des affaires médicales. En dehors du stage ou de la mission à l’étranger, les internes peuvent participer à des actions de coopérations internationales humanitaires à l’initiative de l’État. Il peut s’agir d’une assistance immédiate pour les situations d’urgence, ou de partenariats hospitaliers à plus longue
1297-9589/$ see front matter ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2013.11.012
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Tribune des internes / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 42 (2014) 61–62
échéance (arrêté du 14 janvier 2005, JO du 22 janvier 2005). Certaines organisations proposent, dans le cadre de missions humanitaires internationales, des terrains de stages validant pour les internes en partenariat avec certains CHU (convention pluriannuelle). Cette démarche répond aux besoins de participer à la formation initiale et continue des personnels de santé ainsi que de valoriser la médecine humanitaire. L’activité médicale à laquelle l’interne participe s’intègre à celle de centres de traitements, de services hospitaliers ou encore de programmes d’assistance aux populations en situation précaire. Pour exemple, l’AGOF s’engage depuis 4 ans auprès de l’ONG Gynécologie Sans Frontières. Plusieurs internes ont pu participer au fonctionnement d’une maternité dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie. Les conditions requises afin de participer à cette mission étaient que les internes aient effectué un nombre suffisant de semestres permettant d’effectuer des remplacements en France. Ils ont pu ainsi travailler au sein d’une équipe comportant quatre sages-femmes, deux médecins gynécologue-obstétriciens et un logisticien.
Il existe autant de situations humanitaires que de destinations dans le monde, l’investissement de chacun est différent et peut s’établir à plusieurs niveaux. Partir reste un engagement fort, il est donc nécessaire de bien préparer son projet et d’en parler avec des responsables ou de se former par le biais d’associations comme Humacoop qui proposent aux professionnels de santé des formations complémentaires en médecine humanitaire. DÉCLARATION D’INTÉRÊTS L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. S.Yaribakht Maternité régionale universitaire de Nancy, 10, rue du Dr-Heydenreich, 54000 Nancy, France Adresse e-mail : [email protected] Disponible sur Internet le 31 décembre 2013
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Effectuer une mission humanitaire pendant l’internat de gynécologie-obstétrique Perform a humanitarian mission during the OB GYN residency
On dénombre en France 40 000 associations œuvrant dans l’humanitaire, dont 400 organisations non gouvernementales (ONG) de dimension nationale ou internationale. Les personnes participant aux missions bénéficient de trois statuts distincts : les bénévoles (15 % des humanitaires), qui ne sont pas rémunérés et financent eux-mêmes leur mission (le plus souvent de courte durée) ; les volontaires (plus de 70 % des humanitaires) qui représentent des professionnels expérimentés s’engageant à plein temps dans des actions longues (de quelques mois à plusieurs années). Ces derniers sont intégralement pris en charge et perçoivent une indemnisation. Les volontaires doivent cependant répondre à certains impératifs : parler anglais, être capable d’encadrer et de transmettre leur savoirfaire ; les salariés, qui pour la plupart travaillent au siège des ONG et occupent des postes de gestionnaires administratifs et financiers. Différentes structures interviennent dans le domaine de la solidarité internationale : les organisation non gouvernementale (ONG), les association de solidarité internationale (ASI) et les organisation de solidarité internationale (OSI). Ces structures sont sollicitées dans trois types de situations : les situations d’urgence (prise en charge des populations dans un contexte de guerre, d’épidémies, de catastrophes naturelles), les situations de post-urgence (reconstruction après un sinistre) et les situations de développement (mise en place de programmes d’éducation, d’alphabétisation et d’agriculture). Les personnels médicaux représentent 15 % des volontaires qui partent en mission chaque année. Ils prennent en charge des patients dans un environnement de travail souvent difficile avec des moyens limités (manque de matériel, de médicaments et barrière linguistique). Il est demandé au médecin humanitaire
de faire preuve de réactivité, d’esprit d’équipe, d’autonomie pour soigner de façon juste, rapide et efficace. La bonne volonté n’est parfois pas suffisante pour s’engager dans une mission humanitaire, les ONG et les ASI ont besoin de personnes qualifiées dans les domaines de la médecine, de la logistique et de la gestion administrative. Les compétences médicales requises peuvent varier d’une mission à l’autre lorsqu’il s’agit d’un départ en tant que volontaire (compétences chirurgicales, en échographie, en obstétrique, campagne de prévention. . .). Ces exigences ne seront pas les mêmes dans le cadre d’une mission réalisée pendant l’internat de spécialité. Un départ en mission humanitaire peut s’envisager durant l’internat lors d’un stage à l’étranger. Avant de postuler, il faut avoir validé quatre semestres durant son internat. Les modalités légales et administratives de cette démarche répondent à l’article R. 6153-27 du Code de santé publique (CSP). Qu’il s’agisse d’un stage ou d’une mission humanitaire à l’étranger, les règles selon lesquelles les internes sont autorisés à partir sont définies par les conseils des unités de formation et de recherche (UFR) sur propositions d’un enseignant coordonnateur. Les stages accomplis (au maximum deux semestres) sont pris en compte pour le calcul de la durée de l’internat, à condition d’être validés par le coordonnateur local. Les formalités administratives sont les mêmes que pour les stages hors subdivision, nécessitant l’accord préalable de l’université. Les dossiers sont examinés en commission des internats et l’ordre de mission doit être transmis à la direction des affaires médicales. En dehors du stage ou de la mission à l’étranger, les internes peuvent participer à des actions de coopérations internationales humanitaires à l’initiative de l’État. Il peut s’agir d’une assistance immédiate pour les situations d’urgence, ou de partenariats hospitaliers à plus longue
1297-9589/$ see front matter ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2013.11.012
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échéance (arrêté du 14 janvier 2005, JO du 22 janvier 2005). Certaines organisations proposent, dans le cadre de missions humanitaires internationales, des terrains de stages validant pour les internes en partenariat avec certains CHU (convention pluriannuelle). Cette démarche répond aux besoins de participer à la formation initiale et continue des personnels de santé ainsi que de valoriser la médecine humanitaire. L’activité médicale à laquelle l’interne participe s’intègre à celle de centres de traitements, de services hospitaliers ou encore de programmes d’assistance aux populations en situation précaire. Pour exemple, l’AGOF s’engage depuis 4 ans auprès de l’ONG Gynécologie Sans Frontières. Plusieurs internes ont pu participer au fonctionnement d’une maternité dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie. Les conditions requises afin de participer à cette mission étaient que les internes aient effectué un nombre suffisant de semestres permettant d’effectuer des remplacements en France. Ils ont pu ainsi travailler au sein d’une équipe comportant quatre sages-femmes, deux médecins gynécologue-obstétriciens et un logisticien.
Il existe autant de situations humanitaires que de destinations dans le monde, l’investissement de chacun est différent et peut s’établir à plusieurs niveaux. Partir reste un engagement fort, il est donc nécessaire de bien préparer son projet et d’en parler avec des responsables ou de se former par le biais d’associations comme Humacoop qui proposent aux professionnels de santé des formations complémentaires en médecine humanitaire. DÉCLARATION D’INTÉRÊTS L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. S.Yaribakht Maternité régionale universitaire de Nancy, 10, rue du Dr-Heydenreich, 54000 Nancy, France Adresse e-mail : [email protected] Disponible sur Internet le 31 décembre 2013
