Pour citer cet article : Gusto G et al. Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024 Presse Med. 2015; //: ///

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Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit Gaëlle Gusto 1, Sylviane Vol 1, Gérard Lasfargues 2,3, Violaine Voisin 1, Martine Bedouet 1, Caroline Leglu 1, Bénédicte Grenier 1, Nane Copin 1, Olivier Lantieri 1, Jean Tichet 1

Reçu le 12 mars 2014 Accepté le 22 septembre 2014 Disponible sur internet le :

1. Institut interrégional pour la santé, 37521 La Riche cedex, France 2. Agence nationale de sécurité sanitaire et de l'alimentation, de l'environnement et du travail, 94701 Maisons-Alfort cedex, France 3. CHRU, université François-Rabelais, 37132 Tours cedex 01, France

Correspondance : Gaëlle Gusto, IRSA, 45, rue de la Parmentière, BP 122, 37521 La Riche cedex, France. [email protected], [email protected]

Résumé Objectif > Le travail posté, en particulier lorsqu'il inclut des horaires de nuit, est associé à la

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dégradation de la santé physique, sociale et psychosociale ainsi que du bien-être. Les déséquilibres alimentaires et la diminution de l'activité physique contribuent aux effets négatifs sur la santé. Notre objectif était de promouvoir un meilleur équilibre nutritionnel suivant les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). Méthodes > Une intervention nutritionnelle d'une durée d'un an avec suivi diététique personnalisé a été proposée à 235 travailleurs postés avec horaires de nuit venus passer un examen de prévention dans l'un des centres de l'Institut inter-régional pour la santé, entre 2009 et 2011. L'intervention consistait en trois entretiens avec une diététicienne : à l'inclusion pour définir les objectifs nutritionnels à atteindre, à 3 mois pour un premier point et à un an pour faire le bilan de l'action. À 6 mois, un courrier personnalisé rappelait les objectifs fixés. L'adhésion aux recommandations du PNNS ainsi que le niveau d'activité physique ont été évalués par auto-questionnaire en début et fin d'action. Les changements entre le début et la fin de l'action ont été évalués par test-t de séries appariées ou de McNemar. Résultats > Le taux de suivi était de 57,4 %. Les sujets ayant suivi l'intervention ont amélioré l'atteinte des repères PNNS portant sur les produits sucrés (p < 0,001), l'eau (p = 0,02) et le sel (p = 0,05), augmenté leur activité physique de loisirs (p = 0,001) et diminué leurs apports énergétiques journaliers (p < 0,001). Conclusion > Une intervention structurée permet d'améliorer les comportements nutritionnels des travailleurs postés. Cette intervention a permis d'informer et de sensibiliser sur les risques liés au rythme de travail et d'orienter vers de meilleurs comportements nutritionnels.

tome xx > n8x > mois année http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024 © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

LPM-2701

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G. Gusto, S. Vol, G. Lasfargues, V. Voisin, M. Bedouet, C. Leglu, et al.

Summary Promote better nutritional behaviours among shift workers with night shift Aim > Shift work, especially including a night shift, is associated with degradation of physical,

social and psychosocial health as well as poor well-being. Food imbalance and low physical activity contributed to the negative effects on health. Our objective was to promote a healthier nutritional behaviour according to the French national nutrition and health program recommendations (PNNS). Methods > A one-year nutritional intervention with personalised dietetic counselling was proposed to 235 shift workers with night shift who came for a health prevention exam in one of the centres of the Institut Inter-Régional pour la Santé between 2009 and 2011. The intervention was three dietary interviews: at baseline with definition of goal setting, at 3 months for advice and support and at one-year for the evaluation. At 6 months, a personalised reminder letter was send. Compliance with the PNNS recommendations and level of physical activity were evaluated at baseline and at one-year by a self-administered questionnaire. Changes between baseline and follow-up were compared by paired t-tests or McNemar-tests. Results > The rate of follow-up was 57.4%. At the end of the study, subjects improved their compliance with PNNS guidelines concerning sweetened products (P < 0.001), water (P = 0.02) and salt (P = 0.05), increased their leisure physical activity (P = 0.001) and decreased their daily energy intakes (P < 0.001). Conclusion > A structured intervention can improve nutritional behaviours of shift workers. This intervention enabled to inform and alert on the risk related to this work schedule and promote better nutritional behaviours.

Ce qui était connu 

Les travailleurs postés, en particulier avec horaires de nuit, ont plus de facteurs de risques cardiovasculaires tels que le diabète de type 2, le syndrome métabolique, l'augmentation de l'indice de masse corporelle.



Les déséquilibres nutritionnels et le manque d'activité physique font partie des facteurs liés à la dégradation de la santé des travailleurs postés.



Les interventions nutritionnelles concernant les travailleurs postés, en particulier ceux avec horaires de nuit, sont rares dans cette population connue pour ses difficultés d'adhésion.

Ce qu'apporte l'article 

Une intervention simple et structurée permet de sensibiliser les travailleurs postés avec horaires de nuit aux bons comportements nutritionnels et d'impulser des modifications comportementales.



Les sujets avaient diminué leurs apports énergétiques journaliers, amélioré l'atteinte des repères PNNS portant sur les produits sucrés,

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l'eau et le sel, et augmenté leur activité physique de loisirs.

L

e travail posté a été instauré pour répondre à des exigences de sécurité, de santé publique, de transports, pour des raisons techniques ou encore économiques [1]. Il est défini comme tout mode d'organisation du travail en équipe selon lequel les travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes, selon un rythme cyclique ou irrégulier nécessitant d'accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours, de semaines ou de mois, selon la directive européenne du 23 novembre 1993 (93/104/CE) complétée par la directive 2003/88/CE [2]. En France, le travail avec horaires atypiques concerne 29,0 % de la population active [3]. Les travailleurs postés ont davantage de facteurs de risque cardiovasculaires que les travailleurs de jour : diabète de type 2 [4], syndrome métabolique [5], hypertension artérielle [6], augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC) [7]. Des études ont montré une association entre travail posté, en particulier lorsqu'il incluait des horaires de nuit, et dégradation de la santé physique, sociale, psychosociale et du bien-être [1,8,9]. Le travail de nuit est défini, selon le Code du travail (article L3122-29), par un minimum de trois heures d'activités accomplies entre 21 h et 6 h, au moins deux fois par semaine [2]. Selon l'enquête Emploi du Temps de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), en 2010, 15,0 % des salariés travaillaient de nuit de façon occasionnelle ou

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Méthodes Population La population était constituée de sujets venus passer un examen périodique de santé dans l'un des 11 centres d'examens de santé de l'Institut inter-régional pour la santé (IRSA), situés dans la partie ouest de la France, entre octobre 2009 et mars 2011.

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Tous étaient des assurés ou des ayants-droit du régime général de l'Assurance maladie pouvant bénéficier de ce type d'examen périodiquement. Ils devaient remplir un auto-questionnaire socio-médical renseignant sur la catégorie socioprofessionnelle, les antécédents personnels et familiaux et les habitudes de vie. Les médicaments étaient notés par le médecin lors de l'examen clinique. Une intervention d'une durée d'un an avec suivi diététique était proposée aux sujets qui avaient répondu « en poste », « 2  8 » ou « 3  8, 4  8, 5  8. . . », à la question portant sur le type de travail dans l'auto-questionnaire socio-médical ou lors de l'examen clinique et qui avaient des horaires de travail avec alternance jour et nuit. N'ont pas été inclus les femmes enceintes, les sujets devant déménager ou changer d'horaires dans l'année, ceux ne maîtrisant pas la langue française ou refusant de participer. Une plaquette de présentation de l'intervention était alors remise aux participants. Cette étude a reçu l'avis favorable du Comité de protection des personnes (Tours – Ouest 1) et du Comité consultatif sur le traitement de l'information en matière de recherche, et a été déclarée à la Commission nationale de l'informatique et des libertés.

Déroulement de l'intervention Suite à l'examen de santé, un auto-questionnaire spécifique (AQS) sur les habitudes comportementales était remis par le médecin au sujet avec pour consigne de le rapporter renseigné lors de l'entretien diététique. Dans le mois suivant l'examen de santé, la diététicienne contactait le sujet pour fixer une date d'entretien d'une durée d'une heure. Durant cet entretien, une quantification de l'alimentation était réalisée selon la méthode de l'histoire alimentaire [22] pour les différents horaires de travail (horaire de matin, d'après-midi et de nuit) ainsi que pour les périodes de repos. Le sujet était interrogé par la diététicienne sur sa consommation alimentaire habituelle aux différents repas ainsi que sur les prises alimentaires en dehors des repas, de façon à reconstituer l'alimentation d'une « journée moyenne » pour chacun des différents horaires de travail ou lors des périodes de repos. Les freins et les barrières à un meilleur équilibre alimentaire et à la pratique d'une activité physique étaient abordés. Des objectifs nutritionnels étaient définis en concertation avec le sujet. Des fiches conseils du PNNS correspondant aux repères à améliorer ainsi que le guide « la santé vient en bougeant » [19] étaient ensuite remis au sujet de même que des menus, recettes, conseils et programmes alimentaires conçus par les diététiciennes et personnalisés en fonction des horaires de travail. Le compte rendu de l'entretien diététique avec un récapitulatif des repères à améliorer était envoyé par courrier au sujet. Trois mois après l'entretien diététique, un nouveau rendez-vous de 40 minutes avec la diététicienne était planifié pour faire le point sur l'activité physique et l'alimentation et renforcer les

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habituelle en France, soit environ 3,5 millions de personnes [3]. Alors que le travail de nuit a plutôt diminué dans certains pays européens, la proportion de salariés travaillant habituellement ou occasionnellement de nuit a augmenté de façon modérée mais continue depuis une vingtaine d'année en France [10]. En particulier, la proportion de salariés travaillant habituellement de nuit a doublé en 20 ans, un tiers est en travail posté avec rotation 2  8, 3  8 ou autres et un tiers avec horaires variables d'une semaine à l'autre [10]. Le travail posté avec horaires de nuit est associé à un risque plus élevé que le travail posté sans horaires de nuit, de maladies coronariennes ischémiques et chroniques incluant le risque cardiovasculaire [5,11,12], de troubles de l'appétit, de problèmes intestinaux, de dyspepsie, brûlures d'estomac et douleurs abdominales [8]. Parmi les mécanismes et facteurs incriminés dans la genèse des différentes pathologies liées au travail posté et/ou de nuit, on peut citer la perturbation du rythme circadien, les troubles du sommeil et leurs interactions ainsi que les perturbations du comportement et du rythme alimentaires ainsi que la diminution de l'activité physique [1,13–16]. La sensibilisation des travailleurs postés aux bonnes habitudes nutritionnelles à l'aide d'interventions est rare [17,18]. Les difficultés de recrutement, d'adhésion et de suivi de cette population sont connues [17]. Les études, bien que menées sur le lieu de travail, ont porté sur de petits échantillons avec un taux de suivi modéré, et aucune ne concernait spécifiquement les travailleurs postés avec horaires de nuit. Le Programme national nutrition santé (PNNS), mis en place depuis janvier 2001, a pour objectif d'améliorer la santé de la population française en agissant sur l'un de ses déterminants, la nutrition. Neuf repères nutritionnels quotidiens ont été instaurés, un pour chaque grande famille d'aliments et un pour le niveau d'activité physique [19]. Ils conduisent à promouvoir certaines catégories d'aliments et de boissons, ainsi qu'à limiter d'autres catégories d'aliments. En raison des risques liés au travail posté, la Haute Autorité de santé préconise un suivi médical spécifique [2], incluant le maintien d'un rythme de trois à quatre repas équilibrés par jour, en respectant les fréquences de consommation des groupes alimentaires selon le PNNS [20,21]. L'objectif de l'étude était de promouvoir un meilleur équilibre alimentaire et une augmentation de l'activité physique, suivant les recommandations du PNNS, auprès des travailleurs postés avec horaires de nuit, à l'aide d'une intervention nutritionnelle structurée d'une durée d'un an.

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Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit

Pour citer cet article : Gusto G et al. Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024

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G. Gusto, S. Vol, G. Lasfargues, V. Voisin, M. Bedouet, C. Leglu, et al.

TABLEAU I Auto-questionnaire pour l'évaluation du niveau d'activité physique quotidienne, sportive et de loisirs Niveau d'activité physique

Thèmes des questions

Quotidienne

Dépense physique habituelle au travail Temps passé debout Temps passé assis Marche Port de charges lourdes Transpiration Sentiment de fatigue physique Comparaison de l'activité physique quotidienne par rapport aux personnes du même âge

Sportive

Pour les deux activités sportives pratiquées au plus : le niveau de dépense physique, le nombre d'heures, le nombre de mois de pratique Comparaison de l'activité physique lors des loisirs par rapport aux personnes du même âge Transpiration lors des loisirs Activités sportives lors des loisirs

De loisirs

Temps passé devant un écran Marche Activités physiques lors des loisirs autres que le sport Le temps des déplacements

conseils donnés. Six mois plus tard, le sujet recevait un courrier de rappel personnalisé des repères nutritionnels à améliorer, ainsi qu'un dépliant conçu par les diététiciennes contenant des idées pour les pauses-repas en fonction des horaires de travail. À la fin de l'intervention, un an plus tard, le sujet avait un nouvel examen de santé. Il remplissait l'AQS et avait un dernier entretien d'une heure avec la diététicienne suivant le même protocole qu'à l'inclusion. Suite à cet entretien, un questionnaire d'évaluation, à retourner à l'IRSA par voie postale, lui était remis.

Structure de l'auto-questionnaire

e4

L'AQS a été développé pour recueillir des données comportementales (alimentation et activité physique) lors des différents horaires de travail. Sa durée moyenne de remplissage a été évaluée à 20 minutes. La première partie comportait des données socioprofessionnelles (âge, sexe, profession, type de rotation), biométriques (poids, taille) et la consommation tabagique. La deuxième partie concernait le niveau d'activité physique (quotidien, sportif, de loisirs et global), évalué à l'aide d'un auto-questionnaire validé [23] de 22 questions (tableau I). Les sujets ont renseigné ce questionnaire pour deux types d'horaires de travail : « horaire de nuit », « horaire de matin ou d'après-midi », ainsi que pour une période de repos. À partir des réponses au questionnaire, trois index évaluant respectivement l'activité physique quotidienne, sportive et de loisirs ont été calculés pour les différents horaires. Ces trois index variaient de 1 à 5. L'index d'évaluation de l'activité physique globale correspondait à la somme de ces trois index et a été calculé pour ces différents horaires. Cet index variait de 3 à 15 [23]. La

troisième partie de l'AQS évaluait l'adéquation des comportements du sujet avec les recommandations du PNNS à l'aide d'un auto-questionnaire nutritionnel validé [24] de 25 questions. Les comportements nutritionnels ont été évalués pour deux types d'horaires de travail : « nuit » et « autres types d'horaires ». L'atteinte de chacun des 9 repères du PNNS (fruits et légumes, féculents, « viande, poissons, œufs », produits laitiers, produits sucrés, matières grasses ajoutées, eau, sel, activité physique) ainsi que des 2 conseils (poisson et alcool) a été estimée de façon binaire à partir des réponses aux questions de la troisième partie de l'AQS (tableau II) pour chacun de ces horaires.

Quantification alimentaire La diététicienne, formée à cette technique, reconstituait l'alimentation du sujet (boissons comprises) pour toutes les prises alimentaires de la journée et de la nuit (petit-déjeuner, collation, déjeuner, goûter, dîner et après-dîner). Les quantités consommées étaient estimées en unités ou en taille de portion en référence à un cahier photos [25]. La consommation des aliments était également évaluée en tenant compte des variations saisonnières. Les données recueillies lors de l'interrogatoire étaient saisies à l'aide d'un logiciel intégrant la table de composition CIQUAL 2008 [26] de 818 aliments et pouvant être enrichie d'aliments spécifiques ou de plats composés. L'apport moyen quotidien des différents nutriments, pour les différents horaires, était alors calculé de façon automatique pour chaque prise alimentaire ainsi que les apports nutritionnels conseillés en tenant compte du poids, de la taille et du sexe du sujet.

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TABLEAU II Recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) et seuils d'atteinte de chacun des repères en fonction des réponses au questionnaire Recommandations PNNS

Seuils

 5 fois par jour

 5 fois par jour

À chaque repas selon l'appétit

 3 fois par jour

 3 fois par jour

 3 fois par jour

1 ou 2 fois par jour

1 ou 2 fois par jour

Matières grasses ajoutées

Limiter la consommation

< 4 consommations de graisses ajoutées (huile, beurre, crème) par jour et  2 consommations de fritures par semaine

Produits sucrés

Limiter la consommation

Consommation de produits sucrés, produits gras et sucrés et boissons sucrées < l'équivalent de 10 morceaux de sucres par jour

Eau

À volonté

 1 litre par jour

Sel

Limiter la consommation

Consommation de charcuterie, fromage, pain, céréales, rajout de sel systématique < l'équivalent de 5 g par jour

Au moins l'équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour Conseils

 l'équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour

Féculents Produits laitiers Viande, poisson, œuf

Activité physique

Poisson Alcool

 2 fois par semaine

 2 fois par semaine

 3/2 (hommes/femmes) verres par jour

 30/20 g par jour (hommes/femmes)

Données complémentaires recueillies La catégorie socioprofessionnelle a été définie selon les critères de l'INSEE [27]. Le faible niveau d'études a été défini par un niveau d'études inférieur au baccalauréat. Le type de contrat de travail à durée indéterminée (CDI) ou déterminée, à temps plein ou partiel, a été défini à partir de deux questions de l'autoquestionnaire socio-médical. Le poids et la taille ont été mesurés sur des sujets en sous-vêtements par l'infirmière et le médecin, selon une procédure standardisée. L'IMC a été défini par le rapport du poids en kilogramme sur la taille en mètre au carré (kg/m2). Les sujets étaient considérés fumeurs s'ils fumaient actuellement ou s'ils avaient moins d'un an d'arrêt du tabac.

Statistiques Les analyses ont été faites à l'aide du logiciel R version 2.15.1 (Free Software Foundation, Boston, MA, États-Unis). Les valeurs ont été exprimées en moyenne (écart-type) ou en pourcentage. La comparaison à l'inclusion des apports énergétiques journaliers selon les différents horaires de travail ou de repos a été faite par analyse de variance pour mesures répétées. La comparaison à l'inclusion entre les sujets ayant suivi toute l'intervention et ceux ayant abandonné a été faite par analyse de

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covariance pour les variables continues ou par régression logistique pour les variables catégorielles avec ajustement sur l'âge, le sexe et la catégorie socioprofessionnelle. La comparaison des paramètres biométriques et comportementaux entre le début et la fin du suivi a été faite par test-t de séries appariées pour les variables continues et test de McNemar pour les variables catégorielles. Dans les tableaux et figures, pour les différents horaires de travail et la période de repos, les moyennes cumulées ont été présentées pour les apports énergétiques journaliers, les apports lipidiques, protidiques, glucidiques, l'alcool et l'index d'activité physique. Les pourcentages cumulés ont été indiqués pour l'atteinte des repères PNNS. La significativité était définie par une probabilité p  0,05.

Résultats Parmi les 371 sujets pré-inclus, 136 ont été exclus pour les raisons suivantes : absence d'entretien diététique (n = 24), désintérêt pour le suivi (n = 111) ou manque de disponibilité (n = 1) ; 235 (63,3 %) sujets (184 hommes et 51 femmes), âgés de 20 à 58 ans, ont été inclus (figure 1). Parmi les 235 sujets inclus, 179 (76,2 %) ont été revus à trois mois par la diététicienne afin de faire le point sur les objectifs à atteindre

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Fruits et légumes

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Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit

Pour citer cet article : Gusto G et al. Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024

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G. Gusto, S. Vol, G. Lasfargues, V. Voisin, M. Bedouet, C. Leglu, et al.

Pré-inclus Travailleurs postés avec horaires de nuit n = 371

Exclusions Absents entretien diététique, n = 24 Manque de disponibilité, n =1 Désintérêt pour le suivi, n = 111

Inclus n = 235

Abandons durant le suivi d’un an n = 100

Retour à un an n = 135

Figure 1 Diagramme de l'étude

et renforcer les conseils et 135 (57,4 %) ont été revus à un an pour un examen de santé (figure 1). Parmi ces 135 sujets, 9 d'entre eux ne travaillaient plus de nuit et 3 avaient perdu leur emploi. Les principales raisons de non-retour à un an étaient la difficile conciliation entre horaire de travail et planification des rendez-vous d'examen de santé ou diététique, le manque d'intérêt ou le fait de ne pas avoir réussi à suivre les conseils donnés.

Données à l'inclusion

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Les sujets étaient principalement en CDI à temps plein (88,7 %). L'IMC moyen était de 26,4 kg/m2 et le nombre moyen de repères et conseils PNNS atteints était de 6 sur 11 (tableau III). Le niveau d'activité physique de loisirs et global était plus faible lors des horaires de nuit par rapport à celui observé lors des horaires de matin ou d'après-midi (p < 0,001) (données non présentées). À l'inclusion, les sujets qui avaient abandonné l'intervention en cours de suivi étaient plus jeunes (38,4  9,1 vs 42,8

 8,3 ans ; p = 0,0001) et plus souvent fumeurs (42,7 % vs 22,2 % ; p = 0,005). Les caractéristiques sociodémographiques (sexe, catégorie socioprofessionnelle et niveau d'études), biométriques et nutritionnelles ne différaient pas (données non présentées). Le type de rotation le plus fréquent était les 3  8 (matin – après-midi – nuit) (69,6 %). Les autres types de rotation étaient les 2  8 (matin ou après-midi – nuit) (8,9 %), les 4  8 (6,3 %), les 5  8 (6,7 %) et 8,5 % pour l'ensemble des autres modalités d'horaires (une semaine en horaire de nuit toutes les cinq semaines, 4 mois en horaire de nuit et 8 mois en horaire de jour. . .). Les secteurs d'activité les plus représentés étaient le secondaire : industrie (imprimerie, chimie, agroalimentaire, caoutchouc et plasturgie) et le tertiaire : santé et surveillance-sécurité (données non présentées). L'apport énergétique journalier ne différait pas en fonction des horaires de travail ou de repos (p = 0,33), cependant les sujets avaient une répartition déséquilibrée des prises alimentaires. Un seul repas complet était généralement pris par jour,

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à l'inclusion

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Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit

à un an

100 90 80

*

70

*

*

60 % 50

Figure 2

40

Pourcentage d'atteinte des repères du PNNS à l'inclusion et à un an chez les sujets ayant suivi toute l'intervention (n = 135)

30 20 10 0 pain, céréales

produits laitiers

viande, poisson, œuf

matières grasses ajoutées

produits sucrés

eau

essentiellement le dîner, suivi de casse-croûtes et de grignotages lors des horaires de travail de nuit notamment (données non présentées). Dans les courriers envoyés après les entretiens, les diététiciennes insistaient sur le fait de maintenir les trois repas principaux, quel que soit le rythme de travail, et de limiter les produits gras et/ou sucrés et de privilégier les apports protidiques lors des collations de nuit.

Données en fin d'étude À un an, pour les sujets ayant suivi toute l'intervention, on observait une amélioration significative de l'atteinte des repères produits sucrés (p < 0,001), eau (p = 0,02) et sel (p = 0,05) et une tendance à l'amélioration pour les autres repères et conseils (figure 2). En moyenne, ils atteignaient un repère ou conseil PNNS de plus (tableau IV). Ils avaient diminué leurs apports énergétiques (p < 0,001), leurs consommations de lipides (p < 0,001), de glucides (p < 0,001) et augmenté leur niveau d'activité physique de loisirs (p = 0,001) (tableau IV). Le questionnaire d'évaluation de l'intervention a été renvoyé par 104 sujets parmi les 135 revenus à un an (77,0 %). L'intervention constituait la première alerte sur la nécessité de modifier l'alimentation (72,3 %) et d'augmenter l'activité physique (49,0 %). Les informations fournies étaient nouvelles pour la plupart des sujets (67,3 %) et leur avaient permis de repérer les comportements à améliorer en alimentation (98,1 %) et en activité physique (75,0 %).

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sel

activité physique

poisson

alcool

L'astérisque (*) indique une amélioration significative de l'atteinte du repère entre l'inclusion et un an : produits sucrés (p < 0,001), eau (p = 0,02) et sel (p = 0,05).

Les sujets ayant suivi l'intervention ont déclaré que les conseils les plus difficiles à suivre étaient la diminution de la consommation de produits sucrés et de matières grasses, l'augmentation de l'activité physique et de la consommation de fruits et légumes. Les principaux freins cités aux modifications nutritionnelles étaient les contraintes d'horaires de travail ainsi que le manque de temps et d'opportunité pour pratiquer une activité physique régulière et préparer des repas équilibrés.

Discussion Une intervention nutritionnelle structurée d'une durée d'un an a amélioré les comportements alimentaires et augmenté l'activité physique de loisirs des travailleurs postés avec horaires de nuit. Plus de 65,0 % des sujets avaient un faible niveau d'études. Le niveau socioéconomique, incluant le faible niveau d'études, est un des déterminants majeurs de la santé et de la mortalité cardiovasculaire [28]. Toft et al. ont montré que les interventions nutritionnelles menées chez les sujets à faible niveau d'études étaient efficaces pour améliorer les habitudes alimentaires et réduire les inégalités de santé [29]. Ce type d'intervention conjuguée aux actions d'amélioration de l'organisation du travail (introduction de pauses, allocation de jours fériés ou autres. . .) est important pour une réduction du risque cardiovasculaire, notamment chez les travailleurs postés avec horaire de nuit. La population étudiée était majoritairement masculine. Cependant, la proportion de femmes en travail posté avec horaire de

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fruits et légumes

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G. Gusto, S. Vol, G. Lasfargues, V. Voisin, M. Bedouet, C. Leglu, et al.

TABLEAU III Caractéristiques de la population à l'inclusion Caractéristiques

Total n = 235

Âge (ans)

40,9 (8,9)

Hommes (%)

78,3

Ouvriers (%)

77,4

Niveau d'études < baccalauréat (%)

67,6

Contrat à durée indéterminée à temps plein (%)

88,7

Comportements Fumeur (%) Index d'activité physique globale

31,1 1

8,38 (1,12)

Index d'activité physique quotidienne

1

1

Index d'activité physique sportive

3,17 (0,43) 2,57 (0,48)

1

Index d'activité physique de loisirs

2,64 (0,55)

Nombre de repères et conseils PNNS atteints Apports énergétiques (kcal/j)

6 (1) 2304 (677)

Lipides (g/j)

90 (34)

Protides (g/j)

102 (30)

Glucides (g/j)

260 (86)

Alcool (g/j)

5,86 (11,19)

Biométrie Poids (kg)

77,2 (14,5) 2

Indice de masse corporelle (kg/m )

26,4 (4,2)

Les valeurs sont exprimées en moyenne (écart-type) ou en pourcentage. 1 Calculé à partir d'un auto-questionnaire d'activité physique [23].

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nuit augmente de façon continue [3] et la population comportait près de 20 % de femmes. L'impact négatif du travail posté avec horaires de nuit sur la santé est une problématique importante qui concerne aussi bien les hommes que les femmes [1,10]. D'après l'enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels 2010, le travail de nuit, défini par un horaire de travail entre minuit et 5 heures, représente, de façon occasionnelle ou habituelle, 14,8 % des salariés du secteur public ou privé (20,1 % d'hommes et 7,8 % de femmes) [30]. Un tiers des salariés qui travaille habituellement la nuit est en travail posté avec rotations alternées (2  8, 3  8. . .) et un tiers en horaires variables d'une semaine sur l'autre. Plus de 40 % des salariés qui travaillent occasionnellement la nuit est en travail posté avec horaires variables d'une semaine sur l'autre [10]. Au-delà du secteur de l'industrie, le plus représenté dans notre population, les secteurs de la santé, de la sécurité, des

services étaient également cités avec des rythmes de rotation très variables. Tous les secteurs (publics ou privés) sont concernés avec des types et des rythmes de rotation très variables [10]. Même si le travail posté avec horaires de nuit se rencontre plus fréquemment dans l'industrie, d'autres domaines tels que les services de santé, de sécurité, de transports, les professions commerciales, les officiers de l'armée, la gendarmerie ou encore les cadres d'entreprise sont concernés [1,10]. Le respect des recommandations nutritionnelles du PNNS est préconisé à côté de la surveillance spécifique et des mesures organisationnelles de prévention au travail existantes [21]. Les sujets ont amélioré l'atteinte des repères PNNS portant sur les produits sucrés, l'eau et le sel, diminué leurs apports énergétiques journaliers et augmenté leur niveau d'activité physique globale en intensifiant leur activité physique de loisirs. À notre connaissance, peu d'interventions nutritionnelles ont été conduites chez les travailleurs postés [17,18] et aucune ne concernait spécifiquement ceux avec horaires de nuit. Les études ont montré une certaine efficacité pour augmenter l'activité physique des travailleurs postés mais n'ont pas évalué les changements alimentaires. Ces études, menées sur le lieu de travail, prescrivaient des séances d'exercice physique de niveau modéré à intense sur une période de 4 ou 6 mois, avec ou sans conseils alimentaires. Elles différaient de la nôtre en termes de populations, d'objectifs, de durée et de mode d'intervention ainsi qu'en taille d'échantillons [17,18]. Dans notre étude, les travailleurs avaient une répartition déséquilibrée de l'alimentation. Les apports énergétiques journaliers ne différaient pas entre les horaires de travail ou de repos. En comparant trois groupes de 22 travailleurs postés en horaires de jour, d'après-midi et de nuit, De Assis et al. ont observé une consommation plus importante d'alcool et de produits sucrés lors des postes de nuit [16]. Les apports caloriques journaliers ne différaient pas cependant entre les trois groupes, indiquant une répartition circadienne différente des aliments [16]. Morikawa et al. ont montré chez 2254 ouvriers de 30 à 39 ans que les travailleurs postés avec nuit ingéraient significativement plus de calories que les travailleurs postés de jour ou sans nuit [31]. Dans notre étude, le niveau d'activité physique était plus faible lors des horaires de nuit. Atkinson et al. ont montré une diminution de l'opportunité de faire de l'activité physique chez les travailleurs postés [17]. La difficile conciliation entre horaires de travail, vie familiale et charges domestiques est un frein très souvent cité par les travailleurs postés, en particulier les femmes avec enfants [17], pour expliquer le manque d'adhésion aux recommandations nutritionnelles. Malgré ce frein, des modifications comportementales ont été observées chez les sujets ayant suivi l'intervention. Cette étude a permis d'informer et de sensibiliser une population de travailleurs postés sur l'importance des repères PNNS et d'améliorer leurs compétences et connaissances individuelles favorables à la santé. Escalon et al. ont montré

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Pour citer cet article : Gusto G et al. Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024

TABLEAU IV Évolution à un an des paramètres biométriques et comportementaux des sujets ayant suivi toute l'intervention (n = 135) À l'inclusion

À 1 an

p1

22,2

18,9

0,62

Index d'activité physique globale2

8,36 (1,15)

8,63 (1,01)

0,006

Index d'activité physique quotidienne2

3,17 (0,45)

3,17 (0,38)

0,82

Index d'activité physique sportive2

2,57 (0,49)

2,61 (0,45)

0,23

Index d'activité physique de loisirs2

2,61 (0,54)

2,82 (0,56)

0,001

6 (1)

7 (1)

< 0,001

2377 (691)

2108 (518)

< 0,001

Lipides (g/j)

94 (36)

80 (26)

< 0,001

Protides (g/j)

107 (31)

101 (25)

0,01

Glucides (g/j)

265 (84)

238 (66)

< 0,001

5,55 (10,74)

3,81 (6,18)

0,07

76,8 (12,8)

76,4 (12,7)

0,10

26,2 (3,8)

26,0 (3,8)

0,10

Paramètres Comportements Fumeur (%)

Nombre de repères et conseils PNNS atteints Apports énergétiques (kcal/j)

Alcool (g/j)

Article original

Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit

Biométrie Poids (kg) 2

Indice de masse corporelle (kg/m )

Les valeurs sont exprimées en moyenne (écart-type) ou en pourcentage. 1 Test-t de séries appariées pour les variables continues ou test de McNemar pour les variables discrètes. 2 Calculé à partir d'un auto-questionnaire d'activité physique [23].

tome xx > n8x > mois année

a montré une plus grande efficacité des interventions diététiques chez les non-fumeurs par rapport aux fumeurs [36]. Une intervention, menée dans cinq régions anglaises défavorisées, a constaté une plus faible augmentation de la consommation de fruits et légumes parmi les fumeurs ayant suivi l'intervention par rapport aux non-fumeurs [37]. Le statut tabagique est une composante qui doit être prise en compte dans les interventions nutritionnelles et qui influe sur leur efficacité [36,37]. Notre étude a plusieurs forces. Les diététiciennes ayant participé à cette étude étaient formées à ce type d'enquête. Enfin, dans une population bien connue pour la difficulté de recrutement et d'adhésion aux interventions nutritionnelles, le nombre de sujets recrutés était important et le taux de suivi acceptable. Notre étude a toutefois quelques limites. Parmi les sujets revenus à un an, certains ne travaillaient plus de nuit ou avaient perdu leur emploi. Ce changement a pu entraîner des modifications comportementales. Cependant, les effets pathogènes du travail posté peuvent se faire ressentir de façon différée, même après l'arrêt des horaires atypiques [9]. Une sous-estimation des consommations alimentaires est possible en raison des horaires et des rythmes alimentaires variables de ces travailleurs. La diminution des apports alimentaires observée peut

e9

que la connaissance des repères PNNS améliorait les comportements nutritionnels [32]. Un investissement important en temps administratif a été nécessaire pour assurer le suivi et le rappel des participants, compte tenu de leurs horaires atypiques. Le taux de suivi était de 57,4 %. Il était plus faible que ceux rapportés par d'autres interventions nutritionnelles menées dans des populations à risque, soit 78,0 % à 86,3 % [33,34]. Cependant, notre taux de participation était acceptable pour une population de travailleurs bien connue pour ses problèmes d'adhésion et de suivi des interventions [17] et était du même ordre voire supérieur à celui d'autres études [18]. Atlantis et al. ont obtenu un taux de suivi de 52,8 % pour une intervention sur site de 6 mois avec 36 sujets dans le groupe d'intervention au départ [18]. Les sujets qui ont suivi toute l'intervention étaient plus âgés et moins souvent fumeurs. D'après les résultats de l'enquête Baromètre Santé Nutrition 2008, réalisée auprès d'un échantillon de 4714 personnes âgées de 12 à 75 ans, l'acquisition de comportements favorables à la santé augmente avec l'âge [35]. Une des raisons du plus faible retour de fumeurs pourrait être une moindre habilité au changement d'habitudes alimentaires [36,37]. Une étude menée chez 2066 femmes à faibles revenus

Pour citer cet article : Gusto G et al. Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.024

Article original

G. Gusto, S. Vol, G. Lasfargues, V. Voisin, M. Bedouet, C. Leglu, et al.

en partie être attribuée à une sous-estimation, conséquence de la répétition de l'enquête.

Conclusion Cette étude, réalisée dans le contexte d'examen périodique de santé, a permis de sensibiliser des travailleurs postés avec horaires de nuit à de meilleures habitudes nutritionnelles et d'impulser des modifications alimentaires mais aussi une augmentation de l'activité physique de loisirs. Cette intervention s'inscrit dans le cadre des politiques d'information et d'éducation nutritionnelles préconisées par le PNNS auprès de la population. Ce travail suggère l'intérêt de développer une politique d'information et de prévention nutritionnelle au sein des entreprises concernées par les alternances d'horaire de jour et de nuit. Cela peut aider à prévenir ou à retarder les complications

de santé physique et psychique liées au travail posté avec horaires de nuit. Remerciements : cette intervention nutritionnelle a été soutenue financièrement par l'Agence nationale de sécurité sanitaire et de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Nous remercions tous les volontaires qui ont participé à l'intervention ainsi que le personnel de l'Institut inter-régional pour la santé et notamment les diététiciennes qui l'ont encadrée et les médecins responsables des centres : Dr Bernard Royer (Tours), Dr Alain D'Hour (Le Mans), Dr Catherine Bouté (Laval), Dr Christine Geslain (Caen), Dr Marie Verhaegue (Le Havre), Dr Didier Goxe (Cholet), Dr Elisabeth Cailliez (Angers), Dr Christian Villeteau (Châteauroux), Dr Anne-Claire Gagnepain (Bourges), Dr Marie-Claude Chesnier (Alençon), Dr Stéphane Manceau (Saint Lô). Déclaration d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

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Article original

Promouvoir un meilleur comportement nutritionnel chez les travailleurs postés avec horaires de nuit

[Promote better nutritional behaviours among shift workers with night shift].

Shift work, especially including a night shift, is associated with degradation of physical, social and psychosocial health as well as poor well-being...
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