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ScienceDirect www.sciencedirect.com Médecine et maladies infectieuses 44 (2014) 390–395

Lettre à la rédaction

Cas récents d’infection rubéoleuse materno-fœtale夽 Recent cases of maternal and fetal rubella

Mots clés : Couverture vaccinale ; France ; Rubéole materno-fœtale Keywords: Vaccination coverage; France; Maternal and fetal rubella

1. Introduction En juillet 2012, le Centre national de référence (CNR) des infections rubéoleuses materno-fœtales alertait l’Institut de veille sanitaire (InVS) sur trois cas de rubéole gravidique survenus au printemps 2012 autour de Montpellier. Ce nombre contrastait avec la situation épidémiologique nationale : le réseau Rénarub, qui surveille les rubéoles materno-fœtales et les SRC en France depuis 1976, recensait depuis 2006 moins de 10 cas annuels d’infections maternelles et aucun cas n’avait été identifié en Languedoc-Roussillon depuis 2001. Une investigation a été menée par la Cellule de l’InVS en région (Cire) Languedoc-Roussillon pour décrire les cas, en lien avec le CNR, et identifier d’autres éventuelles infections maternelles ou congénitales survenues en 2012 dans l’Hérault. En l’absence de surveillance communautaire, une enquête auprès des cliniciens a également été conduite pour : • identifier les cas incidents de rubéole en population générale, afin d’évaluer l’existence d’une circulation localisée du virus ; • les sensibiliser à la vaccination rougeole–oreillons–rubéole (ROR), particulièrement chez les femmes en âge de procréer. 2. Méthodes 2.1. Investigation • des entretiens individuels téléphoniques avec les cas ont été menés, le Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN) de Montpellier et le réseau de la Protection

夽 Travail présenté : 18e Colloque sur le contrôle épidémiologique des maladies infectieuses (Cemi) – Institut Pasteur, Paris – 18 mars 2013.

0399-077X/© 2014 Publi´e par Elsevier Masson SAS.

maternelle et infantile (PMI) de l’Hérault ont été contactés pour recherche de cas depuis le début de l’année 2012 ; • un cas de rubéole gravidique a été défini comme une femme enceinte dont la primo-infection ou la réinfection rubéoleuse était confirmée biologiquement [1], dans le département de l’Hérault, au cours de l’année 2012. 2.2. Enquête auprès des cliniciens Débutée à l’automne 2012, cette enquête descriptive reposait sur le signalement, par 650 cliniciens sollicités, exerc¸ant à Montpellier et alentours (19 communes, 386 500 habitants), en ville (généralistes, pédiatres, dermatologues) et à l’hôpital (urgentistes, infectiologues, en services pédiatriques et adultes des 3 principaux établissements de la zone), de tout cas de rubéole diagnostiqué en population générale sur critères cliniques et/ou biologiques. Un cas était défini comme toute personne non ou incomplètement vaccinée contre la rubéole ou de statut vaccinal inconnu, pour laquelle un diagnostic de rubéole avait été retenu, entre le 1er janvier 2012 et le 30 juin 2013. 3. Résultats 3.1. Investigation Au cours de l’investigation, une infection maternelle supplémentaire a été signalée par le CPDPN, aucun autre cas n’a été identifié via les médecins des services de PMI de l’Hérault. Quatre cas ont donc été identifiés : 3 primo-infections et 1 réinfection, survenus entre le 07 avril et le 30 mai 2012. Les 4 femmes étaient primigestes. Deux d’entre elles habitaient Montpellier, dans des quartiers distants, les deux autres habitaient des communes situées respectivement à 8 et 16 km du centre de Montpellier. Aucun lien épidémiologique n’a été mis en évidence entre ces cas. Parmi les cas de primo-infection, deux n’étaient pas vaccinés et la troisième déclarait avoir rec¸u une seule dose de ROR ; un cas signalait une notion de contage, dans un délai compatible avec la survenue de l’infection, avec un adulte présentant une éruption évocatrice ; aucun voyage dans les semaines précédent le début des signes n’a été déclaré. Une des femmes infectée à la fin du premier trimestre de grossesse a subi une interruption médicale de grossesse.

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Pour le quatrième cas, le diagnostic de réinfection a été retenu sur : • notion d’une vaccination de 2 doses avec le ROR et sérologie pré-natale confirmant l’immunité antérieure à la grossesse [2] ; • notion de contage au 2e trimestre de grossesse avec un enfant présentant une éruption évocatrice (contage qui avait mené à une nouvelle recherche sérologique) ; • ascension significative des IgG avec réapparition d’IgM.

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rubéole gravidique par le réseau Rénarub, qui a montré son efficacité à détecter une circulation virale localisée, doit être maintenue, alors même que le processus d’élimination de la rubéole a été récemment renforcé dans la zone OMS Europe pour 2015 [7]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

3.2. Enquête en population générale

Remerciements

Seuls 15 % des cliniciens sollicités ont répondu (n = 102). Aucun n’a indiqué avoir diagnostiqué de rubéole au cours de la période d’étude. Un pédiatre a mentionné que la mère d’un enfant vu en consultation avait contracté la maladie pendant sa grossesse (il s’agissait, après vérification, d’un des cas déjà identifié).

Cliniciens ayant participé à l’investigation et à l’enquête en population générale ; services de PMI des Conseils généraux de la région Languedoc-Roussillon ; CPDPN de Montpellier ; services de santé scolaire des académies et du rectorat de Montpellier. Références

4. Discussion Trois primo-infections et une réinfection rubéoleuses maternelles ont été identifiées au printemps 2012, à Montpellier et ses environs. Au total, le réseau Rénarub a recensé en 2012 13 infections maternelles. Cette situation a témoigné d’une circulation communautaire du virus de la rubéole, qui semble avoir été limitée dans le temps et dans l’espace. Cette circulation a été favorisée par une couverture vaccinale (CV) régionale pour le ROR insuffisante, telle que constatée lors d’une étude menée en 2011 : la CV ROR « au moins une dose » des enfants de 24 mois était certes estimée à 86 % [3], correspondant au niveau d’immunité de groupe théoriquement requis (85 %) pour stopper la circulation du virus mais une analyse à un échelon géographique plus fin montrait de fortes disparités territoriales, avec des valeurs de CV au moins une dose à 10–11 ans inférieures à 85 % dans les territoires où sont survenus les cas. L’analyse des CV « au moins une dose ROR » relevées par les équipes de PMI départementales chez les 4/5 ans confirmait l’importante disparité territoriale. Cette couverture insuffisante indique l’existence de poches d’individus susceptibles, pour les trois maladies. Pour la rubéole, l’étude de séroprévalence nationale la plus récente [4] estime que 13 % des hommes et 4 % des femmes de 20–29 ans sont séronégatifs. Dans ce contexte, la circulation virale importante observée dans des pays d’Europe (Pologne, Roumanie [5,6]) depuis 2011, ou dans certains pays du Maghreb constituent une origine de réintroduction de souches en France métropolitaine. 5. Conclusion D’éventuelles ré-émergences localisées du virus de la rubéole, en Languedoc-Roussillon comme dans d’autres régions, sont rendues possibles par les insuffisances et inégalités de CV. La connaissance de ces insuffisances à un niveau géographique fin doit permettre d’orienter les actions de l’ensemble des acteurs locaux dans ce domaine. La surveillance de la

[1] Site de l’Institut de veille sanitaire. Méthode de surveillance du réseau Rénarub. Définition de cas chez la femme enceinte; 2014 http://www.invs.sante.fr/ %20fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-preventionvaccinale/Rubeole/Methode-de-la-surveillance-du-reseau-Renarub [consulté le 22 mai]. [2] Vauloup-Fellous C, Grangeot-Keros L. Humoral immune response after rubella primary infection and after vaccination. Clin Vaccine Immunol 2007;14:644–7. [3] Institut de veille sanitaire. Bulletin de veille sanitaire : situation épidémiologique de la rougeole en Languedoc-Roussillon. Montpellier: Institut de veille sanitaire; 2012 http://www.invs.sante.fr/fr/Publications-et-outils/ Bulletin-de-veille-sanitaire/Tous-lesnumeros/Languedoc-Roussillon/ Bulletin-de-veille-sanitaire-Languedoc-Roussillon.-n-6-septembre-2012 [16 p.]. [4] Lepoutre A, Antona D, Fonteneau L, Halftermeyer-Zhou F, Baudon C, Dorléans F, et al. Séroprévalence des maladies à prévention vaccinale et de cinq autres maladies infectieuses en France. Résultats de deux enquêtes nationales 2008–2010. Bull Epidemiol Hebdo 2013;(41-42):526–34. [5] Paradowska-Stankiewicz I, Czarkowski MP, Derrough T, Stefanoff P. Ongoing outbreak of rubella among young male adults in Poland: increased risk of congenital infections. Euro Surveill 2013;18(21). [6] European centre for disease prevention control. Surveillance report. Measles and rubella monitoring. Stockholm: ECDC; 2012. Disponible : http://www.ecdc.europa.eu/en/publications/publications/2012sept sur measles-rubella-monitoring.pdf [10 p.]. [7] World Health Organization. Package for accelerated action: 2013–2015. Denmark: World health organization; 2013. Disponible : http://www.euro. who.int/ data/assets/pdf file/0020/215480/PACKAGE-FORACCELERATED-ACTION-20132015.pdf [27 p.].

E. Delisle a I. Parent du Châtelet b C. Vauloup-Fellous c C. Rousseau a,∗ a Cire Languedoc-Roussillon, Institut de veille sanitaire, 34000 Montpellier, France b Département des maladies infectieuses, Institut de veille sanitaire, 94410 Saint-Maurice, France c Inserm UMR996, laboratoire de virologie, hôpital Paul-Brousse, université Paris Sud, CNR des infections rubéoleuses materno-fœtales, AP–HP, 94800 Villejuif, France

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Lettre à la rédaction / Médecine et maladies infectieuses 44 (2014) 390–395 ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Rousseau) Rec¸u le 5 mai 2014 Rec¸u sous la forme révisée le 9 juin 2014 Accepté le 2 juillet 2014 Disponible sur Internet le 22 aoˆut 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.medmal.2014.07.004

Comparaison de la sensibilité aux antibiotiques de Corynebacterium diphtheriae par les méthodes de dilution en bouillon et de diffusion (E-test et disques) Comparison of Corynebacterium diphtheriae susceptibility testing to antibiotics by the broth dilution and diffusion (E-test and disk) methods

Mots clés : Corynebacterium diphtheriae ; Sensibilité aux antibiotiques ; Microdilution en bouillon ; E-test ; Diffusion en disque Keywords: Corynebacterium diphtheriae; Antimicrobial susceptibility; Broth dilution; E-test; Disk diffusion

Corynebacterium diphtheriae est une bactérie responsable de la diphtérie. Nous avons mené une étude comparative sur 30 souches de C. diphtheriae isolées entre 1993 et 2008 au laboratoire de bactériologie médicale de l’institut Pasteur d’Algérie. Le but du travail a été d’évaluer l’activité de quatre antibiotiques (pénicilline, érythromycine, tétracycline et chloramphénicol) sur des souches de C. diphtheriae isolées d’échantillons cliniques par trois méthodes différentes : la technique du E-test, la technique de diffusion en disque et la technique de référence, dilution en bouillon. Ces antibiotiques ont été ciblés en se basant sur leur utilisation de choix pour le traitement des patients atteints de diphtérie et des sujets contacts (pénicilline et érythromycine) ou sur la fréquence des résistances observées (tétracycline et chloramphénicol). L’identification des souches s’est effectuée par le système d’identification API-Coryne (Bio Mérieux, Marcy l’Étoile, France). La souche de contrôle de qualité Streptococcus pneumoniae ATCC 49619 a été incluse pour chaque série de tests de sensibilité. Concernant la technique de dilution en bouillon, le milieu Mueller-Hinton liquide ajusté en cations supplémenté de 5 % de sang de cheval lysé a été utilisé en suivant les recommandations du CLSI [1]. Les antibiotiques suivants ont été inclus sous forme de poudre de titre connu : pénicilline (Sophal), érythromycine (Sigma), tétracycline (Roussel Uclaf) et chloramphénicol (Sigma). Pour la méthode de diffusion en disque, elle a été réalisée sur milieu Mueller-Hinton additionné de 5 % de sang de mouton en suivant les recommandations du CLSI [2]. Les disques d’antibiotiques suivants (Biorad) ont été testés : pénicilline (10 UI), érythromycine (15 ␮g), tétracycline (30 ␮g) et chloramphénicol (30 ␮g). Les mêmes conditions techniques que celles du disque ont été aussi appliquées pour la technique du Etest (Bio Mérieux, Marcy l’Étoile, France). L’interprétation s’est effectuée pour la CMI en milieu liquide et E-test selon les valeurs

critiques de Corynebacterium sp. [1], excepté pour le chloramphénicol pour lequel l’interprétation s’est basée sur les valeurs critiques des streptocoques ␤-hémolytiques (le CLSI ne donne pas de valeurs critiques de cette molécule pour Corynebacterium sp.) [2]. Pour la technique du disque, l’interprétation s’est basée sur les valeurs critiques des streptocoques ␤-hémolytiques [2]. Les discordances de la méthode du E-test avec soit la méthode de dilution ou de diffusion en disque ou la méthode de diffusion en disque avec la méthode de dilution ont été classées en erreurs très majeures, majeures et mineures. La technique de dilution en bouillon a été utilisée comme technique de référence. Une erreur mineure a été définie comme l’identification d’une souche comme sensible ou résistante par la méthode de diffusion mais intermédiaire par la technique de dilution. Une souche classée comme intermédiaire par la méthode de diffusion et sensible ou résistante par dilution a également été incluse dans cette définition. Une erreur majeure a été définie comme l’identification d’une souche résistante par la méthode de diffusion mais sensible par la méthode de dilution. Une erreur très majeure a été définie comme la catégorisation d’une souche comme sensible par la méthode de diffusion mais résistante par la méthode de dilution. Toutes les souches étaient sensibles par les trois méthodes à la pénicilline et à l’érythromycine avec des CMI ≤ 0,5 et ≤ 0,25 ␮g/mL, respectivement et des CMI 50 % variant de 0,064 à 0,125 pour la pénicilline et à 0,016 ␮g/mL pour l’érythromycine. Ces valeurs de CMI sont comparables aux valeurs de CMI publiées dans des études précédentes ; ce qui montre que ces deux antibiotiques conservent leur activité sur C. diphtheriae [3,4]. Pour la tétracycline et le chloramphénicol, leur activité sur nos souches était modérée avec une sensibilité de 30 % et 66,67 %, respectivement et des CMI ≤ 256 et ≤ 128, respectivement. Les CMI 50 % étaient de 32 et 1 ␮g/mL, respectivement. Ces résistances ont déjà été décrites, notamment en Indonésie et au Brésil pour la tétracycline [5]. La concordance avec une différence de plus ou moins une double dilution entre la dilution et le E-test a été de 73,33 % pour la pénicilline, de 56,67 % pour l’érythromycine, de 86,67 % pour la tétracycline et de 93,33 % pour le chloramphénicol. Pour tous les antibiotiques et souches étudiés, aucune discordance dans les catégories d’interprétation n’a été trouvée pour la technique du E-test par rapport à la méthode de référence. Pour tous les antibiotiques et souches étudiés, 2 (6,67 %) discordances dans les catégories d’interprétation ont été trouvées pour le chloramphénicol, il s’agissait d’erreurs mineures, aussi bien en comparant la méthode de disque versus la méthode de dilution et la technique du E-test versus la méthode de disque. L’étude de la sensibilité aux antibiotiques chez C. diphtheriae repose sur la méthode de référence, dilution en bouillon recommandée par le CLSI. Cette technique est cependant de réalisation lourde et coûteuse. Les techniques de diffusion en disque et de E-test sont faciles à réaliser et rapides. Dans ce travail, pour les quatre antibiotiques étudiés, il existe une corrélation des techniques du E-test et diffusion en disque avec la technique de référence, dilution en bouillon. En considérant les catégories d’interprétation, les données de cette étude montrent une bonne concordance entre les

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