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ANNPLA-1018; No. of Pages 3 Annales de chirurgie plastique esthétique (2014) xxx, xxx—xxx

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CAS CLINIQUE

Réparation d’une perte de substance du nerf facial par neurotube en collagène Repair of a facial nerve substance loss by interposition of a collagen neurotube A. Semere a,*, B. Morand b, J.Loury c, N. Vuillerme d, G. Bettega b a

´ s, ho ˆ pital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France ˆ le Service de chirurgie de la main et des bru ˆ pital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France Service de chirurgie plastique maxillo-faciale, ho c ` dres, 21, rue Albert-Londres, 38432 Echirolles, France Clinique des Ce d ´ de me ´ decine, Ba ˆ t-Jean-Roget, 38706 La Tronche Laboratoire AGIM (AGeing Imaging, Modeling) Lab, faculte cedex, France b

Rec¸u le 6 janvier 2014 ; accepte´ le 2 mars 2014

MOTS CLÉS Neurotube ; Collagène ; Nerf facial ; Perte de substance nerveuse ; Conduit de régénération nerveuse

KEYWORDS Neurotube; Collagen; Facial nerve; Nerve gap; Nerve regeneration conduit

Résumé Nous exposons le cas d’un patient de 22 ans ayant présenté une plaie jugale droite, avec déficit moteur commissural droit. Il nous a été adressé 6 jours après le traumatisme pour exploration secondaire. Une section du rameau buccal du nerf facial droit avec rétraction de 1 cm a été mise en évidence. Nous avons ponté la perte de substance avec un conduit biologique résorbable en collagène. Le suivi clinique et électromyographique à 6 mois a montré une nette amélioration de la fonction de l’orbiculaire des lèvres, ainsi qu’une réinnervation par la branche buccale du nerf facial droit. # 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary We are exposing the case of a 22 year-old patient presenting a wound of the right cheek, with a palsy of the right corner of the mouth. He has been sent to us 6 days after the trauma for secondary exploration. A section of the buccal branch of the right facial nerve with a 1 cm gap has been brought out. We have bypassed the loss of substance with a collagen absorbable biological conduit. The 6-months clinical and electromyographic follow-up has shown a clear improvement of the function of the orbicularis oris, as well as its reinnervation by the buccal branch of the right facial nerve. # 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Semere). http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2014.03.001 0294-1260/# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Semere A, et al. Réparation d’une perte de substance du nerf facial par neurotube en collagène. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2014.03.001

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A. Semere et al.

Figure 1

Plaie jugale droite avec deficit clinique franc de la branche buccale du nerf facial droit.

Introduction Les sections nerveuses doivent bénéficier d’une réparation primaire par suture directe [1,2]. En cas de perte de substance, il est nécessaire de réaliser un pontage car la suture sous tension nuit à la régénération axonale [3]. Le gold standard est l’autogreffe nerveuse [1,2]. Cette technique entraîne une cicatrice sur le site donneur et des paresthésies du territoire sensitif correspondant [4]. Pour diminuer cette morbidité, certains auteurs ont proposé l’utilisation de manchons veineux autologues, souvent remplis de muscle strié servant de guide de repousse axonale [5]. Les neurotubes synthétiques sont plus récents [6,7] : ils permettraient de guider la croissance axonale, d’isoler les fascicules de la fibrose environnante, et de fournir un microenvironnement concentrant les facteurs neurotropiques [8]. Les expérimentations in vitro et animales sont nombreuses [9], mais il n’existe que peu de données concernant leur utilisation chez l’homme, les seuls produits autorisés par l’American Food and Drug Administration étant la caprolactone, l’acide polyglycolique (PGA) et le collagène [10]. Leur emploi sur les nerfs crâniens (facial [11] et trijumeau [12]) est encore plus rare, et ne concerne que le PGA. Nous rapportons le premier cas de réparation de perte de substance du nerf facial par un neurotube en collagène chez l’homme.

Figure 2 Mise en place du neurotube en collagène reticule type I et III (Revolnerv1).

Observation Un patient de 22 ans, sans antécédents, non-fumeur, a présenté une plaie jugale droite par patin à glace (Fig. 1a). Il nous a été adressé 6 jours après l’accident pour exploration secondaire. L’examen clinique montrait une paralysie commissurale droite (Fig. 1b et c). L’exploration a été réalisée sous anesthésie générale. Nous avons mis en évidence une section complète du rameau buccal du nerf facial droit. Après neurolyse et parage nerveux économique, sans élargir la plaie, nous avons mesuré à 1 cm l’intervalle entre les deux extrémités nerveuses mises en légère tension. Nous avons décidé de ponter la perte de substance par un conduit biologique résorbable en collagène

Figure 3 Résultat clinique à 6 mois. Récupération quasi complète du nerf facial droit.

Pour citer cet article : Semere A, et al. Réparation d’une perte de substance du nerf facial par neurotube en collagène. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2014.03.001

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Réparation d’une perte de substance du nerf facial par neurotube en collagène Tableau 1

EMG à 6 mois du nerf facial.

Site Stim

Site Det

Stim Lat Durée Ampl Surface Dist mA ms ms mV mV/ms Mm

SAM D SAM G SAM G MAST D MAST G

O.Oris D O.Oris G O.Oris D O.Oculi D O.Oculi G

33,2 35,7 35,7 31,3 28,8

3,2 1,5 1,5 3,6 2,7

3,4 4,5 2,9 6,9 6,2

0,97 1,4 0,32 1,43 1,4

2,86 3,53 0,39 5,03 3,43

110 110 210 120 120

Il existe une augmentation des latences distales en oris et oculi droits, une amplitude diminuée de 30 % en oris droit, et une discrète réponse en oris droit lors de la stimulation croisée. Ampl : amplitude ; Det : detection ; Dist : distance stimulation-détection ; MAST : mastoid ; Lat : latence distale ; O.Oris/ Oculi : Orbicularis Oris/Oculi ; Stim : stimulation ; SAM : sousangulo-mandibulaire.

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Malgré le résultat satisfaisant obtenu, il est difficile de l’attribuer au seul geste chirurgical. Le faible recul, l’utilisation de facteurs adjuvants, la participation du nerf facial controlatéral, ainsi que la grande plasticité du nerf facial dans sa repousse anastomotique rendent l’évaluation du dispositif très discutable. Il n’est pas exclu que la bonne récupération observée soit purement spontanée, fruit isolé des anastomoses distales physiologiques entre nerf facial et trijumeau, notamment dans sa portion buccale [16], et de la rééducation intensive, dont l’efficacité sur précocité de la repousse axonale n’est plus à prouver [9].

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références 1

porcin réticulé de type I et III (Revolnerv , L = 10 mm, d = 4 mm) (Fig. 2). Le tube a été rempli de sérum physiologique, puis suturé aux deux berges nerveuses par 4 points périneuraux au fil résorbable 9/0, sécurisés par de la colle biologique (Tissucol1). Le patient a bénéficié de 72 h de corticothérapie IV, d’une vitaminothérapie orale B1 et B6 pendant 1 mois, et d’une rééducation débutée à 3 semaines. À 6 mois, l’orbiculaire des lèvres fonctionnait normalement (Fig. 3a et b). L’électroneuromyogramme (EMG) authentifiait une excellente récupération motrice avec des fibres de réinnervation en oris droit et de discrètes séquelles sur la myéline rapide. La participation de l’innervation croisée était limitée (Tableau 1).

Discussion Il s’agit ici du premier cas décrit de réparation de perte de substance du nerf facial par un neurotube en collagène chez l’homme. Son utilisation sur de petites pertes de substance (5 mm) de nerf facial de chat a déjà présenté des résultats satisfaisants, électriquement et histologiquement comparables à la greffe nerveuse [13]. Sur le nerf péronier de rat et pour des pertes de substance plus importantes (1 cm), les résultats sont analogues [14]. Les études prospectives sur l’homme sont encourageantes pour des pertes de substance jusqu’à 2 cm, mais rares, de faible puissance, et portant seulement sur les nerfs digitaux [5]. Les alternatives sont nombreuses, mais toutes présentent des résultats similaires pour les pertes de substance nerveuse inférieures à 2 cm, et aucune d’entre elles n’a pu à ce jour clairement démontrer sa supériorité [5]. Il n’en est pas de même dans le cas des pertes de substance plus longues, pour lesquelles la greffe nerveuse reste la seule possibilité satisfaisante [5]. La combinaison de la microarchitecture interne et des facteurs de croissance produits par les cellules de soutien de l’épipérinèvre pourraient être la raison de leurs meilleurs résultats [9]. Les recherches actuelles portent donc sur le biomimétisme entre nerfs et neurotubes synthétiques, dotant ces derniers d’une endostructure fibrillaire et de facteurs neurotropiques [9,15], avec l’objectif de les substituer complètement aux greffes nerveuses.

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Pour citer cet article : Semere A, et al. Réparation d’une perte de substance du nerf facial par neurotube en collagène. Ann Chir Plast Esthet (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2014.03.001

[Repair of a facial nerve substance loss by interposition of a collagen neurotube].

We are exposing the case of a 22 year-old patient presenting a wound of the right cheek, with a palsy of the right corner of the mouth. He has been se...
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