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Article original

Recours à l’automédication chez l’hypertendu noir africain : ses facteurs et ses conséquences Self-medication among black African hypertensive patients: Factors and consequences C. Konin ∗ , B. Boka , A. Ekou , A.S. Essam-N’loo , E. Soya , J. Koffi , J.J. N’djessan , D. Bamba-Kamagaté , H. Yao , M. Adoh Institut de cardiologie d’Abidjan, USIC, boulevard de Marseille, Abidjan BPV 2006, Abidjan, Côte d’Ivoire Rec¸u le 18 avril 2015 ; accepté le 28 avril 2015 Disponible sur Internet le 1 juin 2015

Résumé Introduction. – La pratique de l’automédication est sous-évaluée chez l’hypertendu noir africain. But. – Évaluer le niveau d’automédication chez l’hypertendu noir africain et déterminer ses facteurs favorisant sa pratique et ses conséquences. Patients et méthodes. – Étude prospective à visée descriptive et comparative de 612 hypertendus suivis depuis plus de 3 mois à l’Institut de cardiologie d’Abidjan. Résultats. – L’âge moyen était de 55,1 ans. Dans 60,1 % des cas nos patients ont eu recours à l’automédication. L’usage des plantes et dérivés a été majoritairement utilisé (64,1 %). Les motifs de la pratique de l’automédication étaient dominés par l’influence de l’entourage (89,8 %) et la crainte ou l’existence d’effets indésirables du traitement antihypertenseur (54,9 %). Après analyse multivariée, les facteurs de l’automédication étaient l’âge (56,6 ans vs 50,3 ans, p < 0,001), le revenu mensuel inférieur à 762 D (88 % vs 75,4 % ; OR = 2,73 ; IC 95 % : 1,62–4,6 ; p < 0,0001), l’obésité (70,4 % vs 35,6 % ; OR = 1,24 ; IC 95 % : 0,75–1,15 ; p = 0,037), les dyslipidémies (40,8 % vs 27,9 % ; OR = 6,72 ; IC 95 % : 0,57–2,13 ; p = 0,043), de même que la plurithérapie antihypertensive (61,7 % vs 51,4 % ; OR = 2,27 ; IC 95 % : 0,25–0,97 ; p = 0,037). Les conséquences de l’automédication étaient le mauvais contrôle de l’HTA (6,5 % vs 47,1 % ; OR = 10,27 ; IC 95 % : 4,65–56,4 ; p = 0,034), le retentissement de l’HTA sur les organes cibles (75 % vs 17,2 % ; OR = 12,9 ; IC 95 % : 8,5–19,6 ; p = 0,0001). Conclusion. – L’automédication couramment pratiquée chez l’hypertendu noir africain comporte de nombreuses conséquences. © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Hypertension artérielle ; Automédication ; Afrique subsaharienne

Abstract Introduction. – Self-medication practice is under-evaluated among black African hypertensive patients. Aim. – To assess the level of self-medication among black African hypertensive patients and to determine the factors favoring this practice and their consequences. Methods. – Prospective study during a 3-month period including 612 hypertensive patients followed in Abidjan cardiology institute. Results. – Mean age was 55.1. The patients had a self-medication use in 60.1% of cases. Medicinal plants and derived products were commonly involved. Self-medication use reasons were: influence of relatives (89.8%) and the fear of antihypertensive drugs adverses effects (54.9%). Multivariate analysis shows that factors of self-medication were age (56.6 years vs. 50.3 years, P < 0.001), income less than 762 euros/month (88% vs. 75.4%; OR = 2.73; 95% CI: 1.62–4.6; P < 0,0001), obesity (70.4% vs. 35.6%; OR = 1.24; 95% CI: 0.75–1.15; P = 0.037), dyslipidemia (40.8%



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Konin).

http://dx.doi.org/10.1016/j.ancard.2015.04.001 0003-3928/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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vs. 27.9%; OR = 6.72; 95% CI: 0.57–2.13; P = 0.043), antihypertensive association therapy (61.7% vs. 51.4%; OR = 2.27; 95% CI: 0.25–0.97; P = 0.037). Poor control of high blood pressure (HBP) was a consequence of self-medication (6.5% vs. 47.1%; OR = 10.27; 95% CI: 4.65–56.4; P = 0.034), repercussions of HBP on major organ (75% vs. 17.2%; OR = 12.9; 95% CI: 8.5–19.6; P = 0.0001). Conclusion. – Self-medication is a common practice in African hypertensive patients. It has many consequences. © 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: High blood pressure; Self-medication; Traditional medicine

1. Introduction L’hypertension artérielle est le premier facteur de risque cardiovasculaire. Plus d’un quart de la population mondiale adulte est hypertendu [1]. En Afrique subsaharienne, environ 80 millions de patients souffraient d’HTA en 2000, et selon les projections épidémiologiques, ils seront 150 millions en 2025 [2]. Sa gravité réside dans son association avec d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. Cette association de l’HTA aux autres facteurs de risque cardiovasculaire et à d’autres pathologies a pour conséquence la polymédication, l’augmentation des effets indésirables des traitements et l’augmentation du coût du traitement. En outre les croyances empiriques africaines rattachant la maladie à un sort ou une malédiction [3], les états de dépression et d’anxiété engendrés par l’annonce de l’HTA au patient [4] majorent le risque de non-adhérence au traitement. L’effet combiné de tous ces facteurs sus-cités conduit les malades hypertendus à avoir recours à d’autres thérapeutiques non conventionnelles. Ces thérapeutiques à base de médicaments traditionnels, de médicaments vendus dans la rue ou d’autres médicaments pharmaceutiques acquis par le patient en dehors des prescriptions médicales constituent l’automédication. Très peu de données existent en Afrique subsaharienne sur l’automédication chez l’hypertendu. En vue de contribuer à combler cette insuffisance nous avons conduit cette étude qui avait pour but d’évaluer l’automédication chez l’hypertendu noir africain et déterminer les facteurs favorisant sa pratique et ses conséquences. 2. Méthodologie Il s’agit d’une étude à la fois rétrospective et prospective. Elle s’est déroulée du 23 octobre 2013 au 25 février 2014 en consultation externe de l’institut de cardiologie d’Abidjan. Elle a concerné 612 patients consécutifs âgés de plus de 18 ans, sous traitement médicamenteux depuis au moins 3 mois et qui ont consulté durant cette période pour hypertension artérielle essentielle. Nous avons considéré comme pratiquant l’automédication, tout patient qui a interrompu à un moment donné son traitement antihypertenseur et qui a fait usage de toute autre thérapeutique en dehors de la prescription médicale. L’automédication a été repartie en quatre groupes, à savoir : • la naturothérapie qui a concerné l’usage des plantes et dérivés de la pharmacopée africaine (feuilles, tiges, racines, écorce) ;

• les médicaments de la médecine chinoise ou de la pharmacopée chinoise ; • les produits pharmaceutiques qui sont les médicaments antihypertenseurs de la médecine moderne acquis par le patient en dehors de toute prescription médicale ; • les médicaments de la rue. Ces derniers représentent l’ensemble des médicaments non étiquetés que le patient achète chez les vendeurs ambulants, sans avoir la preuve qu’il s’agit d’un antihypertenseur. Les paramètres étudiés portaient sur les critères épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et sur l’automédication à savoir sa prévalence, son type, le mode d’acquisition des produits, les raisons de sa pratique, sa durée, ses facteurs et ses conséquences. Le traitement des données s’est fait à l’aide du logiciel Epi data version 3.1. Les variables quantitatives sont exprimées en moyenne plus ou moins l’écart-type, et les variables qualitatives en proportion. Une étude comparative des patients ayant pratiqué l’automédication et de ceux qui ne l’ont pas pratiquée nous a permis de déterminer les facteurs et les conséquences de l’automédication. La comparaison des deux populations a été effectuée par analyse multivariée grâce au calcul du rapport des cotes (odds ratio), confirmé par le test de Khi2 au seuil de 5 % (comparaison des moyennes). Les effectifs inférieurs à 5 % ont été comparés par le test de Fischer au seuil de 5 %. 3. Résultats 3.1. Caractéristiques sociodémographiques, cliniques et thérapeutiques de notre population d’étude Les caractéristiques de l’ensemble de nos patients sont résumées dans le Tableau 1. 3.2. Étude de l’automédication 3.2.1. Prévalence de l’automédication À l’issue de notre enquête, 368 patients ont déclaré avoir pratiqué l’automédication, soit un taux de prévalence de 60,1 %. 3.2.2. Étude descriptive de l’automédication L’usage des plantes et dérivés a été majoritairement retrouvé chez nos patients pratiquant l’automédication (64,1 %), suivi des médicaments d’origine chinoise (24,4 %) (Tableau 2). Plusieurs modes d’acquisition des médicaments ont été retrouvés chez nos patients. Néanmoins l’acquisition du médicament à la suite

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Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques de notre population d’étude.

Tableau 2 Étude descriptive de l’automédication.

Variables

n

%

Moyenne d’âge (ans) Sexe M/F Profession Retraité(e)s Agents de maîtrise Cadres supérieurs Profession libérale Ouvriers Sans emploi Revenu mensuel (D) ≤ 760 > 760 Niveau d’instruction Non scolarisé Primaire Secondaire Supérieur Facteurs de risque cardiovasculaire Sédentarité Surpoids et obésité Stress Dyslipidémies Alcoolisme Diabète Tabac Circonstance de découverte de l’HTA Fortuite Symptomatologie Complications Nombre de comprimés/jour 1 2 ≥3 Nombre de prises/jour 1 2 3

55 (30–86) 306/306

50/50

186 150 84 74 24 94

30,4 24,5 13,7 12,1 3,9 15,4

508 104

83 17

60 66 220 266

9,8 10,8 35,9 43,5

346 346 312 218 212 66 62

56,5 56,5 51 35,6 34,6 10,8 10,1

322 234 56

52,6 38,2 9,2

402 134 76

65,7 21,9 12,4

404 180 28

66 29,4 4,6

de conseil d’ami a été prépondérante (21,9 %). Les patients ont pratiqué en moyenne 6,7 épisodes d’automédication avec des extrêmes de 1 et 10. La pratique de l’automédication s’est faite de manière continue sur une durée moyenne de 4,2 ans avec des extrêmes de 1 et 21 ans. Il ressort de l’analyse des motifs de l’automédication que 89,8 % des patients ont eu recours à cette pratique suite à l’influence de l’environnement social à savoir les conseils de l’entourage et la publicité, suivi de la crainte ou l’existence des effets indésirables des thérapeutiques modernes (insuffisance rénale, baisse de la libido) (54,9 %). La relation médecin–malade, les schémas thérapeutiques et le coût élevé du traitement ont été responsables de la pratique de l’automédication dans 41,9 % des cas. 3.2.3. Les facteurs de l’automédication En analyse multivariée, il ressort que les facteurs déterminants de l’automédication étaient l’âge, le revenu mensuel inférieur à 760 D, le nombre de facteurs de risque cardiovasculaire

Caractéristiques de l’automédication Type d’automédication Naturothérapie Médicaments d’origine chinoise Médicaments de pharmacie Médicaments de la rue Motifs de l’automédication Sur conseil de l’entourage Publicité Par croyance Crainte d’insuffisance rénale Effets indésirables Durée de l’automédication (an) 760 D Nombre de FDR(0/≥ 1) Type de FDR Sédentarité Surpoids Stress Dyslipidémie Alcool Diabète Tabac Thérapeutique (mono/pluri) Conséquences de l’automédication Contrôle HTA Toutes les complications Insuffisance cardiaque Insuffisance rénale AVC

Automédication

Non-automédication

OR

IC 95 %

Khi2

p

56,6 182 (49,5)/186 (50,5) 324 (88)/44 (12)

50,3 124 (50,8)/120 (49,2) 184 (75,4)/60 (24,6)

OR = 0,95 2,73

0,68–1,33 1,62–4,6

19,97 0,06 17,97

0,0001 NS 0,0001

1 (0,3)/367 (99,7)

5 (2,1)/239 (97,9)

2,15

0,57–3,15

13,4

0,0029

204 (55,4) 259 (70,4) 185 (50,3) 150 (40,8) 107 (29,1) 42 (11,4) 24 (6,6) 141 (38,3)/227 (61,7)

142 (58,2) 87 (35,6) 127 (52) 68 (27,9) 105 (43) 27 (11) 38 (15,6) 118 (48,4)/126 (51,4)

16,43 1,24 2,23 6,72 1,79 3,32 1,4 2,27

0,74–1,98 0,75–1,15 0,86–3,45 0,57–2,13 0,67–2,34 0,31–0,98 0,92–2,08 0,25–0,97

5,38 18,27 14,54 19,65 2,56 13,22 2,28 5,43

NS 0,037 NS 0,043 NS NS NS 0,037

24 (6,5) 276 (75) 138 (37,5) 70 (19) 112 (30,4)

115 (47,1) 42 (17,2) 10 (4,1) 8 (3,3) 24 (9,8)

10,27 12,9 13,8 6,81 11,81

4,65–56,41 8,51–19,64 6,85–28,62 3,09–15,69 5,43–26,75

23,64 183,28 85,84 30,58 60,52

0,034 0,0001 0,0001 0,0001 0,0001

NS : non significatif.

de l’automédication, de la durée et du caractère récidivant de cette pratique. Concernant la nature des produits, il est retrouvé dans la littérature que les médicaments de la rue et les médicaments traditionnels constituent la source d’automédication majoritairement rencontrée en Afrique subsaharienne [7]. L’usage des plantes et dérivés a été majoritairement retrouvé chez nos patients pratiquant l’automédication (58,5 %). Les spécialités chinoises et les médicaments de la rue ont représenté une source non négligeable (23,2 %) dans notre population d’étude. Cette pratique serait facilitée par l’accessibilité de ces médicaments moins coûteux, distribués sans crainte par les vendeurs ambulants [9]. Une grande partie de la population a recours au marché illicite en raison de l’existence de réseaux illégaux de vente de médicaments, pratique extrêmement répandue en Côte d’Ivoire. Les motivations, le mode d’acquisition des médicaments, le caractère récidivant mettent en exergue la multitude de facettes de la pratique de l’automédication en Afrique noire. Cette pratique pourrait s’expliquer également par la paupérisation croissante de nos populations, l’absence de couverture sociale pour toutes les couches de la population et le manque d’éducation sanitaire [10]. Cette situation sociale précaire des populations favorise le recours à une médecine de proximité et moins coûteuse. En France, selon une étude menée auprès des Africains immigrés, 26,67 % demandent à leurs amis ou famille des conseils concernant leur santé [11]. L’influence de l’entourage constitue ainsi une réalité à prendre en compte dans la pratique quotidienne. Le rôle de la publicité mensongère sur les radios de proximité est tout aussi indéniable (41,8 %). Une des motivations pour la pratique de l’automédication est l’existence ou la crainte des effets indésirables des produits pharmaceutiques, particulièrement la baisse de la libido retrouvée chez 13,1 % des patients.

En tout état de cause, la pratique de la médecine traditionnelle est un phénomène complexe et cosmopolite. Selon l’OMS, 75 % des Franc¸ais ont recours à la médecine traditionnelle au moins une fois dans leur vie dans le but de rechercher une alternative à la médecine moderne [11]. Ainsi la médecine traditionnelle comme alternative à la médecine moderne est une réalité irréfutable. Au vu de tous ces faits, on pourrait affirmer comme Amangoua [12] que le recours à la médecine traditionnelle améliorée est une solution alternative aux médicaments modernes. Cette dernière propose des thérapeutiques moins chères, dérivées de plantes médicinales africaines étudiées dans des universités ou instituts de recherche. Ce d’autant plus que, selon l’Organisation mondiale de la santé, 80 % de la population africaine ont recours à la médecine traditionnelle en matière de santé. De plus, la médecine traditionnelle est reconnue par les États africains [13–15]. 4.3. Les facteurs de l’automédication L’âge avancé a été un facteur favorisant l’automédication dans notre série. En effet la polymédication ainsi que certaines comorbidités telles que la dépression et les troubles cognitifs sont les véritables causes de la mauvaise observance thérapeutique du sujet âgé, donc de pratique de l’automédication [16,17]. Le sexe par contre n’a pas été un déterminant de l’automédication. Nos résultats sont en contradiction avec les données de la littérature où les femmes seraient plus exposées à la pratique de l’automédication [18]. Il est démontré que le niveau socioéconomique faible est un facteur de mauvaise observance thérapeutique [19]. Cela est d’autant plus vrai que la pratique de l’automédication était corrélée au revenu mensuel de nos patients. A contrario la couverture médicale n’a pas influencé la pratique de l’automédication. Cette contradiction est également

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confirmée par le niveau d’instruction des patients de notre série. Il n’y pas eu de lien entre niveau d’instruction et pratique de l’automédication. Ces divergences sont le témoin que la pratique de l’automédication dans cette population noire africaine ne soit pas le seul fait de la situation socioéconomique des patients. D’autres facteurs socioculturels pourraient contribuer à expliquer ce phénomène. Les schémas thérapeutiques ont influencé significativement la pratique de l’automédication dans notre étude. En effet, la polymédication a multiplié par 5,4 le risque de pratiquer l’automédication. D’une manière générale, les liens entre la connaissance des traitements et l’observance sont complexes [17,20]. La complexité du traitement est un facteur de risque indépendant de mauvaise observance, donc de l’automédication. 4.4. Les conséquences de l’automédication L’automédication étant l’expression de l’inobservance thérapeutique, sa première conséquence est le mauvais contrôle des chiffres tensionnels [21]. En effet le contrôle de la pression artérielle a été encore plus faible chez les patients ayant pratiqué l’automédication (22,7 % versus 6,5 % ; OR = 10,3 ; IC95 % : 4,65–56,41 ; p = 0,034). Le traitement ne fera pas d’effet faute d’être pris. Dans d’autres spécialités, les conséquences fâcheuses de l’automédication ont été également décrites par plusieurs auteurs [7]. La pratique de l’automédication a eu pour conséquence l’accroissement des complications viscérales. Elle a augmenté de 12,9 fois le risque de présenter un retentissement viscéral de l’hypertension artérielle (75 % vs 17,2 %, OR = 12,9 ; IC 95 % : 8,51–19,64 ; p < 0,0001). L’analyse détaillée des retentissements viscéraux a mis en évidence une prévalence fortement significative de chacun d’eux chez les patients pratiquant l’automédication. 5. Conclusion Nous avons noté une forte prévalence de l’automédication au cours de l’hypertension chez le Noir africain. La pratique de l’automédication a été essentiellement dominée par l’usage des plantes et dérivés. Elle était due à plusieurs facteurs dont les facteurs socioculturels, les facteurs économiques, les facteurs thérapeutiques, et l’influence de l’entourage. Ces facteurs multiples et variés sont pour la plupart en rapport avec l’accroissement de la pauvreté dans nos sociétés noires africaines. Les retentissements viscéraux de l’hypertension artérielle ont été fortement significatifs chez les patients ayant pratiqué l’automédication. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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[Self-medication among black African hypertensive patients: Factors and consequences].

Self-medication practice is under-evaluated among black African hypertensive patients...
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