Presse Med. 2014; 43: 100–102 ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

En pratique

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Tuméfaction molle du pavillon de l’oreille Hend Chaabane, Meriem Amouri, Madiha Mseddi, Sonia Boudaya, Abderrahmen Masmoudi, Hamida Turki

Hôpital Hédi Chaker, service de dermatologie, faculté de médecine de Sfax, université de Sfax sud, Tunisie

Correspondance : Disponible sur internet le : 18 octobre 2013

Hend Chaabane, Hôpital Hédi Chaker, service de dermatologie, route El Ain km 1, 3029 Sfax, Tunisie. [email protected]

Soft swelling of the pinna

Observation

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Un homme de 33 ans, chauffeur de camion, a consulté au service de dermatologie en décembre 2009, pour une tuméfaction de l’oreille gauche évoluant depuis 20 jours. L’examen montrait une tuméfaction rénitente et douloureuse de l’anthélix gauche, mesurant 2 cm de diamètre, effaçant les reliefs de ce dernier, faisant suspecter à la palpation une collection liquidienne (figure 1). À l’interrogatoire, aucune notion de traumatisme ni de lésion préexistante n’était retrouvée. Le reste de l’examen clinique était normal. La ponction de la tuméfaction ramenait 2 mL de liquide séro-hématique. Le patient, perdu de vue, a été convoqué 18 mois après. Une tuméfaction dure et douloureuse s’était progressivement installée, déformant le pavillon de l’oreille (figure 2). En avril 2011, une dame de 81 ans, paraplégique, s’est présentée à notre consultation pour une lésion similaire évoluant depuis 10 jours, sans fièvre. L’examen montrait une tuméfaction molle, rénitente, prenant la totalité du pavillon auriculaire gauche (figure 3), faisant 4 cm de grand axe, sans signes inflammatoires locaux. La tuméfaction était légèrement sensible à la palpation. Il n’y avait pas d’antécédent de traumatisme local. La ponction-évacuation a ramené 4 mL de liquide séro-hématique.

Figure 1 Tuméfaction de 2 cm de l’anthélix

tome 43 > n81 > janvier 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.015

En pratique

Tuméfaction molle du pavillon de l’oreille

Figure 2

Figure 3

Déformation du pavillon de l’oreille

Tuméfaction de 4 cm du pavillon de l’oreille

tome 43 > n81 > janvier 2014

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Quel est votre diagnostic ?

H Chaabane, M Amouri, M Mseddi, S Boudaya, A Masmoudi, H Turki

Othématomes Il s’agit dans les deux cas d’othématomes, l’absence de traumatisme évident n’éliminant pas le diagnostic. Celui-ci est confirmé par la ponction qui ramène un liquide séro-hématique, l’examen histologique n’est pas nécessaire. Le premier patient a été traité par une ponction-évacuation, non suivie par une compression. Cette prise en charge insuffisante a abouti à des séquelles définitives, fibreuses et douloureuses de l’oreille.

Discussion L’othématome est une affection bien connue des ORL, cependant, les patients peuvent consulter d’emblée un dermatologue. Il est décrit chez les sportifs, surtout les lutteurs et les joueurs de boxe et de rugby. Il se développe après un traumatisme direct du pavillon de l’oreille mais parfois à l’occasion de microtraumatismes répétés (port de casque, ou d’écouteurs. . .) [1,2]. L’hémorragie siège en général entre le périchondre et le cartilage. L’othématome s’observe habituellement à la face antérieure du pavillon, plus rarement à la face postérieure [2]. Chez l’enfant, outre la possibilité d’un traumatisme accidentel, il importe toujours d’évoquer les sévices

corporels [3]. Le diagnostic différentiel comporte le pseudokyste séreux (non hématique), les chondrites et périchondrites (plus douloureuses et inflammatoires). Le pseudokyste séreux auriculaire se présente comme une tuméfaction molle du pavillon auriculaire. Il est le résultat de processus dégénératif du cartilage (chondromalacie) qui aboutit à la formation de petites cavités intracartilagineuse. L’individualisation de cette entité a été remise en question lors d’une revue de la littérature [2]. Les auteurs suggèrent que la plupart des cas de pseudokystes rapportés précédemment dans la littérature étaient en réalité des othématomes [2]. Leur traitement est chirurgical avec un drainage précoce de la collection hématique (située entre le cartilage et le périchondre), suivi d’un pansement compressif voire d’une suture compressive sur les bourdonnets. La ponction évacuatrice est à proscrire car elle est à l’origine de la principale complication, la récidive [4]. En l’absence de drainage ou après plusieurs récidives, se produit une lente organisation fibreuse avec déformation de l’oreille en « chou-fleur » [1,2]. Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références [1]

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[2]

Kopera D, Soyer HP, Smolle J, Kerl H. Pseudocyst of the auricle, othematoma and otoseroma: three faces of the same coin? Eur J Dermatol 2000;10:451-4. Schreckenberg C, Asch PH. Cas pour diagnostic. Ann Dermatol Venereol 1998;125: 433-4.

[3]

Willner A, Ledereich PS, de Vries EJ. Auricular injury as a presentation of child abuse. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1992; 118:634-7.

[4]

Giffin CS. Wrestler’s ear: pathophysiology and treatment. Ann Plast Surg 1992;28: 131-9.

tome 43 > n81 > janvier 2014

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