R o s s T. T s u y u ki , B Sc( P ha rm), P h a rmD, MSc, FC SH P, FAC C

EDITORIAL

The primary care pharmacist

Le pharmacien de soins primaires

Community pharmacy practice is primary care. There, I said it. But many folks don’t agree. Community pharmacists are an important, but largely unrecognized, part of our primary health care system. Recently, I was working on a team grant that contained a few different projects, including a community pharmacy‒ based smoking cessation study. The team members (policymakers and researchers) kept talking about “the primary care project” (the one with family physicians) and the “pharmacy project.” I objected to the terminology, insisting that pharmacy is primary care, so why don’t we present a broader view of primary care (one that includes pharmacy). Eventually, they agreed, but it was enlightening that getting that point across to a bunch of “primary care” researchers was so difficult. Part of the problem is that it is so entrenched that primary care = family physicians, and we just accept that as fact. Indeed, most people equate primary care only with family physicians. Nothing against family physicians, but this ignores the much bigger picture of primary care. And, given that about a third of Canadians do not have or cannot easily see a family physician,1 this places more importance on the “other” parts of primary care.

L’exercice de la pharmacie communautaire constitue des soins primaires. Voilà, c’est dit. Or, de nombreuses personnes sont en désaccord avec cette affirmation. Les pharmaciens communautaires représentent une importante partie du système de soins de santé primaires, mais ils ne sont pas reconnus. Récemment, j’ai travaillé à obtenir une subvention d’équipe pour réaliser quelques projets, dont une étude sur la cessation du tabagisme en pharmacie communautaire. Les membres de l’équipe (décideurs et chercheurs) parlaient sans cesse du « projet de soins primaires » (avec les médecins de famille) et du « projet de pharmacie ». Je me suis objecté à l’utilisation de cette terminologie en insistant sur le fait que la pharmacie constitue en soi des soins primaires. J’ai donc proposé l’adoption d’un point de vue plus englobant des soins primaires (qui comprendrait la pharmacie). Ils ont fini par accepter, mais la difficulté que j’ai eue à faire valoir mon point de vue à un groupe de chercheurs en « soins primaires » est parlante. En partie, l’équation entre « soins primaires » et « médecins de famille » est si profondément enracinée que nous l’acceptons comme s’il s’agissait d’un fait. Effectivement, la plupart des gens assimilent directement les soins primaires uniquement aux médecins de famille. Nous n’avons rien contre les médecins de famille, mais cette correspondance étroite fait fi du contexte beaucoup plus vaste des soins primaires. De plus, le fait que le tiers des Canadiens n’ont pas accès à un médecin de famille ou y ont accès difficilement1 montre encore plus l’importance que représentent les autres composantes des soins primaires.

So, what is primary care?

The World Health Organization defines primary care as “the first level of contact of individuals, the family and community with the national health system bringing health care as close as possible to where people live and work.”2 This was taken from their seminal Alma-Ata Declaration of 1978. Health Canada defines primary health care as “an approach to health and a spectrum of services beyond the traditional health care system.” It goes on to say, “Primary health care [includes] direct provision of first-contact services (by providers such as family physicians, nurse practitioners, pharmacists and telephone advice lines).” Later, they state, however, that “at present, primary care services in Canada are delivered chiefly by family physicians.”3 Interestingly, the Canadian Institute for Health Information doesn’t mention pharmacists in their description of primary care.4

En quoi consistent les soins primaires?

Selon la définition de l’Organisation mondiale de la Santé, les soins primaires sont « le premier niveau de contacts des individus, de la famille et de la communauté avec le système national de santé, rapprochant le plus possible les soins de santé des lieux où les gens vivent et travaillent »2 (extrait du texte fondateur de la Déclaration d’Alma-Ata sur les soins de santé primaires). On y définit aussi les soins de santé primaires comme « [... ] une approche de la santé et une gamme de services qui vont au-delà du © The Author(s) 2016 DOI: 10.1177/1715163516630264

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EDITORIAL The University of Ottawa website, “Society, the Individual, and Medicine,” offers the following about primary care: “Primary care refers to first-contact care, in which the majority of health problems are treated. It is the foundation of any health care system, and nations with strong primary care seem to have better health than those without.”5 They also distinguish between primary care (“often describes a narrow concept of ‘family doctor-type’ services . . . but it can also apply to all first-contact care”) and primary health care (“a broader concept. . . . In addition to primary care services, it includes health promotion and disease prevention, and also population-level public health functions. It reflects the approach to service provision for a community proposed in the WHO 1978 Alma-Ata Declaration”).5 There are many other definitions. But the common key features are first point of contact and community. By these definitions, pharmacists are certainly primary care providers. In fact, given the greater accessibility of pharmacists to the public, one could even argue that we are a larger part of the primary care system than family physicians. Indeed, where does the public go first for headache, blood pressure checks, baby products, pregnancy tests, laxatives, cough and cold products, flu shots, allergies, fungal infections, as well as more acute conditions for which the pharmacist will triage and refer patients to other levels of care, such as an emergency department? This is all primary care. Is this merely an academic argument? Absolutely not! (But then again, that’s what all academics say about academic arguments.) Government and health policymakers recognize that with an increasing burden of chronic disease, gaps in care and an aging population, we need reform of primary health care. If everyone thinks only of family physicians in the discussions about improving primary health care, then we as a profession will be left in the dusty dark ages. This means you can forget about broadening of scope of practice or remuneration for clinical services or getting recognition for the primary health care role you already play. Simply put, we must be part of the discussion on primary care reform.

So what should we do?

Let’s start with ourselves. Let’s be unequivocal with our terminology. Pharmacists are primary care providers. Say it with me 10 times. Good. Let’s also (politely, because we’re pharmacists) correct folks who use the narrow physiciancentric definition of primary care. Tell them that if we are to improve the health of Canadians, we must think about primary care in a broader sense. Inclusion of pharmacists can add more than 40,000 helping hands to the primary care arena. Have a look at the provocative article by Dr. John Gums in The Conversation,6 which provides a cogent argument that 62



système de soins de santé traditionnel », après quoi on ajoute que « les soins de santé primaires [comprennent] la prestation directe de services de premier contact (par des fournisseurs comme les médecins de famille, les infirmières et les infirmiers praticiens, les pharmaciens et les pharmaciennes, ainsi que les lignes d’infoconseils) ». On rectifie le tir un plus loin en affirmant toutefois qu’« actuellement, les services de soins primaires au Canada sont surtout fournis par les médecins de famille [...] »3. Fait intéressant, l’Institut canadien d’information sur la santé ne mentionne pas les pharmaciens dans la description des soins primaires4. Sur le site Web de l’Université Ottawa, on peut lire ce qui suit à la page intitulée Society, the Individual, and Medicine (La société, l’individu et la médecine) : « Les soins primaires correspondent aux soins de premier contact dans le cadre desquels la majorité des problèmes de santé sont traités. Il s’agit de la fondation de tout système de soins de santé, et les nations qui ont accès à de solides soins primaires sont en meilleure santé que ceux qui n’en ont pas »5. On y distingue également les soins primaires (« souvent décrits en tant que concept étroit correspondant à des services de type “médecin de famille” [...], mais qui peuvent également s’appliquer à tous soins de premier contact […] ») des soins de santé primaires (« un concept plus vaste […]. En plus des services de soins primaires, cela comprend la promotion de la santé et la prévention des maladies, ainsi que des fonctions liées à la santé publique auprès de la population. Cela reflète l’approche en matière de prestation de services à la communauté proposée dans la Déclaration d’Alma-Ata de 1978 de l’OMS »5.) Il existe de nombreuses autres définitions. Cependant, les éléments essentiels les plus courants sont le premier point de contact et la communauté. D’après ces définitions, les pharmaciens sont certainement des fournisseurs de soins primaires. En fait, étant donné la plus grande accessibilité du public aux pharmaciens, on pourrait même aller jusqu’à dire que ces derniers sont encore plus importants dans le système des soins primaires que les médecins de famille. Effectivement, vers qui le grand public se tourne-t-il d’abord lorsqu’il a mal à la tête, qu’il veut vérifier sa tension artérielle ou acheter des produits pour bébés, des tests de grossesse, des laxatifs, des produits contre la toux et le rhume, ou obtenir des vaccins contre la grippe, lorsqu’il a des problèmes d’allergie ou qu’il contracte des infections fongiques? De plus, dans nombreux autres cas de problèmes de santé aigus, le pharmacien trie et oriente les patients pour qu’ils reçoivent des soins de santé à un autre niveau, tel qu’au service des urgences. Tout cela constitue des soins primaires. S’agit-il d’un argument purement intellectuel? Absolument pas! (Or, n’est-ce pas le même argument que l’ensemble des universitaires a au sujet des arguments intellectuels?) Le gouvernement et les décideurs en matière de santé reconnaissent qu’en raison du fardeau croissant des maladies chroniques, des lacunes en matière de soins et du vieillissement de la population, la réforme des soins de santé primaires est nécessaire. Si l’on ne tient compte que des médecins de famille dans le cadre des discussions C P J / R P C • m a rc h / a pr i l 2 0 1 6 • V O L 1 4 9 , N O 2

EDITORIAL pharmacists can help fill the gap in primary care access and quality in the United States. We need to insist that the professional organizations that advocate for us start using this terminology—pharmacists are an important part of the primary care system. Finally, is it too bold to suggest that we start to call ourselves “primary care pharmacists”? Because that’s who we are. The paper by Gregory et al. (pages 90-98) deserves some sober reflection. In their exploratory study on community pharmacists’ decision-making they actually found that pharmacists have developed sophisticated methods (read, excuses) for avoiding decisions and responsibility. Cognitive dissonance was the term they used: inconsistent thoughts, beliefs or attitudes. Certainly, these findings are inconsistent with our aspiration to be responsible, independent, primary care practitioners. No more excuses! ■

References 1. Aggarwal M, Hutchison B. Toward a primary care strategy for Canada. Ottawa (ON): Canadian Foundation for Healthcare Improvement; 2012. Available: www.cfhi-fcass.ca/Libraries/Reports/Primary-Care-Strategy-EN.sflb .ashx (accessed Jan. 11, 2016). 2. World Health Organization. Declaration of Alma-Ata. International Conference on Primary Health Care, Alma-Ata, USSR, September 6-12, 1978. Available: www.who.int/publications/almaata_declaration_en.pdf (accessed Jan. 11, 2016). 3. Government of Canada. About primary health care. Available: http:// healthycanadians.gc.ca/health-system-systeme-sante/services/primaryprimaires/about-apropos-eng.php (accessed Jan. 11, 2016). 4. Canadian Institute for Health Information. Primary health care. Available: https://www.cihi.ca/en/types-of-care/primary-health-care (accessed Jan. 11, 2016). 5. uOttawa. Society, the individual, and medicine. Primary care: definitions and historical developments. Available: www.med.uottawa.ca/sim/data/ Primary_Care.htm (accessed Jan. 11, 2016) . 6. Gums J. Can pharmacists help fill the growing primary care gap? The Conversation. January 5, 2016. Available: https://theconversation.com/canpharmacists-help-fill-the-growing-primary-care-gap-51015 (accessed Jan. 11, 2016)

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sur l’amélioration des soins de santé primaires, notre profession sera alors éternellement condamnée à l’âge des ténèbres. Ainsi, nous ne pourrons envisager d’élargir l’exercice de notre profession, de recevoir une rémunération pour les services cliniques offerts que nous offrons ou d’obtenir la reconnaissance du rôle de fournisseur de soins de santé primaires que nous jouons déjà. En somme, nous devons faire partie des discussions sur la réforme des soins primaires.

Que devons-nous faire alors?

Commençons à travailler sur nous-mêmes. Utilisons une terminologie non ambiguë. Les pharmaciens sont des fournisseurs de soins primaires. Répétons-le 10 fois. Bon! Corrigeons (poliment, car nous sommes des pharmaciens) aussi les gens qui utilisent une définition étroite des soins primaires comprenant uniquement les médecins. Mentionnons-leur que pour améliorer la santé des Canadiens, nous devons réfléchir aux soins primaires dans un contexte plus vaste. En faisant une place aux pharmaciens, le domaine des soins primaires pourrait compter sur l’aide de 40 000 membres. Consultez l’article provocateur rédigé par le Dr John Gums dans The Conversation6, qui présente un argument convaincant selon lequel les pharmaciens peuvent aider à combler les lacunes en matière d’accès aux soins primaires et à améliorer la qualité de ceux-ci aux États-Unis. Il faut insister auprès des organisations de professionnels qui défendent nos intérêts afin qu’elles utilisent aussi cette terminologie, car les pharmaciens représentent une partie importante du système de soins primaires. Enfin, serait-il trop osé de suggérer de commencer à nous appeler nous-mêmes « pharmaciens de soins primaires »? Dans les faits, c’est effectivement ce que nous sommes. ■

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