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research-article2017

CPHXXX10.1177/1715163517692562C P J / R P CC P J / R P C

EDITORIAL

John A. Bachynsky, PHD Ross T. Tsuyuki, BSC(PHARM), PHARMD, MSC, FCSHP, FACC

Éditorial

Information trompeuse sur le coût élevé des médicaments : Qui se préoccupe des patients? « Le prix des médicaments constitue l’inducteur des coûts les plus élevés dans le domaine des soins de santé, et il faut prendre des mesures pour gérer les coûts associés aux médicaments » (tiré du site Web du ministère de la Santé de l’Alberta; traduction)1. Je suis convaincu que vous avez déjà entendu cette affirmation (et que certains d’entre vous la considèrent comme vraie). En effet, depuis quelque temps, de nombreux rapports, nouvelles et déclarations du gouvernement font état du coût élevé des médicaments et évoquent la nécessité d’agir pour y remédier, car le système actuel n’est pas viable. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce que l’on entendait par « viable »? Le monde s’écroulerait-il si nous dépensions un peu plus en médicaments? Beaucoup de gens le pensent. Or, il convient de nous demander si nous voulons préserver un système de santé dysfonctionnel et jugé médiocre en continuant à faire les mêmes choses, de la même manière, au même coût, au lieu d’adopter une approche novatrice, qui cadre davantage avec les changements importants que réclame le public. Alors, quelle proportion des dépenses liées aux soins de santé le coût des médicaments occupe-t-il? Vingt-cinq pour cent? Trente? Cinquante? Aucune de ces réponses. En fait, les médicaments ne représentent que 6 % des dépenses de santé du système public (en 2014, les dépenses totales en médicaments étaient de 13,4 %, 42 % de ces dépenses étant effectuées dans le secteur public). Les principaux générateurs de coûts sont les dépenses des hôpitaux et des médecins, lesquelles sont couvertes à 90 % par les fonds publics2. Ironiquement, ces dépenses n’apparaissent pas comme une menace pour la viabilité, même si elles sont beaucoup plus élevées et augmentent beaucoup plus rapidement3. En ce qui concerne les dépenses, avec l’expiration des brevets et l’exclusion des nouveaux médicaments de la liste des médicaments assurés, l’augmentation des dépenses en médicaments s’est élevée, au cours de la dernière décennie, à 5 % ou moins; cette hausse est, de toute évidence, inférieure à l’augmentation des coûts liés aux services des médecins et aux soins hospitaliers. Pour les assurances privées et les particuliers, l’augmentation des dépenses est beaucoup plus élevée, car

les provinces se déchargent de leurs responsabilités tout en se lamentant sur leur sort.

Quelles sont les implications de l’information trompeuse au sujet du coût des médicaments?

Nous devrions nous inquiéter de l’information fausse qui circule au sujet du coût des médicaments, et de ses conséquences pour nos patients. 1. Nos patients n’ont pas accès à de nouveaux traitements efficaces. 2. Cela sert de « paravent » au gouvernement qui peut mettre en œuvre des politiques restrictives en matière de médicaments, pour ensuite transférer les coûts aux patients. Bien sûr, les politiciens qui reçoivent des plaintes au sujet du coût élevé des médicaments trouvent plus facile de promettre de réduire les prix que de s’attaquer au vrai problème, en lançant un programme de médicaments qui éliminerait les obstacles financiers. 3. Le gouvernement peut se dispenser de rémunérer les pharmaciens pour les services cliniques que ces derniers offrent, car « il consacre déjà bien trop de fonds aux choses liées à la pharmacie ».

Que pouvons-nous faire?

Pour s’attaquer à cette problématique, les praticiens et les organisations qui les représentent doivent prendre des mesures concrètes. Ce que les pharmaciens peuvent faire : 1. Évaluer les besoins du patient et écrire à son régime d’assurance médicaments pour que le patient ait accès à la couverture. Demander au médecin de signer la lettre également. Exposer précisément les avantages que retirera le patient. 2. Si le médicament assuré ne figure pas dans le formulaire, demander pourquoi celui-ci est exclu de la liste et

© The Author(s) 2017 DOI: 10.1177/1715163517692562 76



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ÉDITORIAL demander la preuve que les décideurs utilisent (parfois, il n’y en a aucune). 3. Dire au patient que son régime d’assurance médicaments ne sert pas bien ses intérêts et l’inviter à analyser la situation et à entreprendre des démarches lui-même. 4. Parler à son député du manque de preuve, de la communication, du parti pris du gouvernement lorsqu’il s’agit de déterminer les médicaments assurés, et démentir l’affirmation selon laquelle le coût élevé des médicaments est l’élément majeur de l’augmentation des coûts liés aux soins de santé. 5. Se renseigner afin de savoir ce que les associations professionnelles de pharmaciens font à ce sujet. Si elles ne font rien, demander pourquoi. Ce que les associations de pharmaciens peuvent faire : 1. Prendre une position ferme sur l’amélioration de l’accès des patients aux médicaments. 2. Faire circuler les lignes directrices cliniques en matière de médicaments aux pharmaciens (la RPC le fait déjà, mais il est important d’insister sur les disparités qui existent entre les lignes directrices cliniques en matière de médicaments et les formulaires locaux). 3. Dans les chaînes de pharmacies, les groupes d’intérêt peuvent élaborer des positions de principe à l’intention des régimes d’assurance médicaments. 4. Évaluer les régimes d’assurance médicaments et faire connaître ceux qui ne remplissent pas leur fonction. 5. S’associer à des organismes de bienfaisance du domaine de la santé, qui s’intéressent à des maladies particulières, afin de parler d’une seule voix. 6. Préciser le sens du mot « pharmacien », en insistant sur le fait que les pharmaciens sont les experts des médicaments et sur l’impact que cela a sur les soins de santé.

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Autres choses à faire : 1. Trouver des conférenciers qui prendront la parole lors de réunions (politiques ou communautaires) pour cerner le problème (manque d’accès aux nouveaux médicaments; longs délais avant de trouver la thérapie appropriée, et impact de ces délais sur la morbidité à long terme). 2. Déterminer les règlements qui causent des problèmes et faire des pressions pour apporter des changements. 3. Se tenir informé sur les mesures prises à l’échelle nationale par l’Association des pharmaciens du Canada (APhC) dans le dossier de Pharmacare 2.0. 4. Rencontrer des représentants d’entreprises pharmaceutiques (c.-à-d. agents de liaison avec le gouvernement) pour obtenir des informations plus précises sur ces questions. 5. Réfléchir sur la responsabilité professionnelle du pharmacien envers ses patients (obligation de diligence). 6. Continuer de parler de cette question importante! ■

Références 1. Alberta Health. Drug coverage and supplementary health benefits. Available: www.health.alberta.ca/services/drug-coverage-services.html (accessed Jan. 9, 2017). 2. Canadian Institute for Health Information. Prescribed drug spending in Canada, 2013: a focus on public drug programs. Available: https://secure.cihi .ca/free_products/Prescribed%20Drug%20Spending%20in%20Canada_2014_ EN.pdf (accessed Jan. 10, 2017). 3. Bachynsky JA, Taylor DW. Counterpoint: big government vs everyone else: the truth about the bizarre world of drug benefit programs in Canada. The Cameron Institute; 2016. Available: www.cameroninstitute.com/2016/12/19/truthdrug-benefit-programmes-canada (accessed Jan. 9, 2017).

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