Rec¸u le : 28 janvier 2014 Accepte´ le : 4 fe´vrier 2014 Disponible en ligne 31 mars 2014

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

E´ditorial Increasing incidence of type 1 diabetes in younger children: What should the pediatrician know? P. Barata,*,b a De´partement de pe´diatrie, endocrinologie pe´diatrique, 33000 Bordeaux, France b Universite´ de Bordeaux, nutrition et neurobiologie inte´gre´e, UMR 1286, 33000 Bordeaux,

Augmentation de l’incidence du diabe`te de type 1 chez les enfants les plus jeunes : quelles conse´quences pour les pe´diatres ?

France

1. Le diabe`te de type 1 atteint des enfants de plus en plus jeunes L’incidence du diabe`te de type 1 augmente d’environ 3 % par an au niveau mondial [1] ; cette augmentation affecte surtout les enfants les plus jeunes. En France, une e´tude longitudinale mene´e sur 17 ans a montre´ une augmentation globale annuelle de l’incidence de 3,3 % chez les enfants de moins de 15 ans s’e´levant a` 7,6 % chez les enfants de moins de 5 ans. Cette e´volution traduit un rajeunissement des enfants lors du diagnostic du diabe`te, avec un aˆge me´dian passe´ de 10 ans entre 1988 et 1996 a` 8,8 ans entre 1997 et 2004 [2]. Plus re´cemment, en 2010, le recensement par le groupe d’e´tude de l’Aide aux jeunes diabe´tiques (AJD) a re´ve´le´ qu’un peu plus d’un quart des enfants avait moins de 5 ans lors de la de´couverte du diabe`te [3].

2. Quelles sont les conse´quences de cette e´volution ? L’e´volution de l’incidence du diabe`te de type 1 chez les enfants les plus jeunes est une notion importante a` connaıˆtre pour tous les professionnels de l’enfance. Les diagnostics de diabe`te chez l’enfant sont encore trop souvent tardifs, pose´s devant une acidoce´tose pouvant mettre en jeu le pronostic vital. L’enqueˆte de 2010 du groupe d’e´tude de l’AJD rapportait * Endocrinologie et diabe´tologie pe´diatrique, hoˆpital des Enfants, CHU de Bordeaux, place Ame´lie-Raba-Le´on, 33076 Bordeaux cedex, France. e-mail : [email protected].

44 % d’acidoce´tose au moment du diagnostic, dont 54 % chez les enfants de moins de 5 ans. Les acidoce´toses se´ve`res concernaient environ 15 % des enfants, quelle que soit la tranche d’aˆge e´tudie´e, a` l’exception des enfants de moins de 2 ans pour lesquels ce pourcentage s’e´levait a` 25 % [3]. Il est donc essentiel de savoir que le diabe`te est possible chez les plus jeunes enfants et de connaıˆtre les signes diagnostiques : syndrome polyuro-polydispsique, e´nure´sie secondaire, perte de poids. Pour faire diminuer en France la fre´quence des acidoce´toses au moment du diagnostic, une campagne d’information organise´e par l’AJD a vu le jour en 2010, s’adressant initialement aux pe´diatres et au grand public, et se poursuivant aupre`s des me´decins ge´ne´ralistes et du milieu scolaire (http:// www.ajd-diabete.fr/). Le diagnostic de diabe`te est facile a` faire a` partir de l’interrogatoire. Encore faut-il y penser ! Un diagnostic pre´coce, en dehors des situations d’acidoce´tose, permet une annonce dans un contexte le plus apaise´ possible, point de de´part de l’e´ducation dans laquelle l’enfant et sa famille seront plus a` meˆme de s’impliquer. L’apparition tre`s pre´coce du diabe`te entraıˆne de fait une dure´e de vie avec la maladie plus longue. Cela signifie-t-il un plus grand risque de complications micro- et macrovasculaires ? Les premie`res e´tudes sur ce sujet e´taient en faveur d’un lien entre le risque de re´tinopathie et la dure´e du diabe`te. Ce risque e´tait lie´ au temps passe´ en tant qu’enfant diabe´tique pre´pube`re, a` l’exception du temps passe´ comme enfant diabe´tique de moins de 5 ans [4–6]. Cet effet protecteur a e´te´ confirme´ plus re´cemment : le temps passe´ comme enfant diabe´tique pendant les 5 premie`res anne´es de vie ne pe`se pas sur le risque de re´tinopathie qui reste maximal lorsque le diabe`te de´marre entre 5 et 15 ans [7,8].

http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2014.02.021 Archives de Pe´diatrie 2014;21:449-451 0929-693X/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

449

Archives de Pe´diatrie 2014;21:449-451

P. Barat

En revanche, le risque de ne´phropathie ne semble pas influence´ par l’aˆge d’apparition [8]. Cependant, si l’apparition tre`s pre´coce du diabe`te ne majore pas le risque de microangiopathie, cela semble ve´rifie´ surtout si le controˆle glyce´mique est satisfaisant. De fait, l’effet protecteur relatif avant 5 ans diminue chez les plus jeunes si l’he´moglobine glyque´e (HbA1c) est e´leve´e [8]. Pour des raisons e´videntes de sante´ publique, il est donc indispensable que les services suivant les enfants diabe´tiques puissent proposer une prise en charge optimale. A` cette fin, ils doivent rassembler a` la fois les compe´tences et le nombre suffisant de professionnels pour faire face a` l’augmentation constante des cohortes d’enfants diabe´tiques.

3. Conse´quences en discussion : effet du diabe`te sur l’inte´grite´ structurelle et fonctionnelle du cerveau en de´veloppement L’impact du diabe`te de type 1 sur le fonctionnement ce´re´bral a e´te´ aborde´ par des e´tudes cliniques a` partir de tests explorant les diffe´rentes dimensions cognitives [9]. Trois me´canismes sont habituellement mis en cause pour expliquer ces possibles alte´rations : hypoglyce´mies re´currentes, hyperglyce´mie chronique et jeune aˆge des enfants a` la de´couverte de la maladie. Une me´ta-analyse faite a` partir de sept e´tudes rassemblant 768 enfants a rapporte´ un effet propre de la de´couverte pre´coce du diabe`te sur les apprentissages, la me´morisation, l’attention et les fonctions exe´cutives [10]. L’effet du diabe`te sur les fonctions ce´re´brales des plus jeunes pourrait avoir un retentissement sur leur scolarite´. Dans une e´tude re´cente re´alise´e chez des enfants dont le diabe`te avait e´te´ de´couvert avant l’aˆge de 5 ans, les performances en orthographe et en mathe´matique a` l’aˆge de 10 ans e´taient infe´rieures a` celles des enfants non diabe´tiques. Cette diffe´rence e´tait inde´pendante d’ante´ce´dents d’hypoglyce´mies se´ve`res mais associe´e a` l’HbA1c mesure´e un an apre`s la de´couverte, ce qui est en faveur de l’effet de´le´te`re de l’hyperglyce´mie chronique sur la cognition des enfants les plus jeunes [11]. Tre`s re´cemment, une revue des donne´es d’imagerie ce´re´brale de l’enfant diabe´tique a e´te´ propose´e dans le journal officiel de l’International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes (ISPAD) [12]. Elle y aborde les nouvelles techniques permettant l’e´tude structurelle et fonctionnelle du cerveau. Apre`s avoir insiste´ sur le fait que le de´veloppement du cerveau s’accompagne d’une augmentation majeure de l’utilisation du glucose dans les premie`res anne´es de vie, les auteurs y rappellent que la captation en glucose des neurones est inde´pendante de l’insuline et de´pendante des concentrations extracellulaires en glucose. Les neurones sont donc des cellules particulie`rement a`

450

risque pour les effets toxiques des variations aigue ¨s ou chronique de glyce´mies. A` partir de cette revue, Arbelaez et al. ont de´fini les re´gions susceptibles d’eˆtre affecte´es par les hypoglyce´mies se´ve`res (hippocampe, thalamus, cortex temporo-occipito-parie´tal) et l’hyperglyce´mie chronique (precuneus, cuneus, cortex pre´frontal). Ils soulignaient cependant que les donne´es actuelles ne permettaient pas de de´finir les liens de causalite´ entre les alte´rations cognitives discre`tes cite´es plus haut et les diffe´rences structurelles, elles aussi discre`tes quoique repe´rables chez les enfants diabe´tiques. D’autres facteurs que le me´tabolisme glucidique pourraient avoir un impact sur le de´veloppement cognitif et ce´re´bral d’un jeune enfant diabe´tique. Ainsi, la prise en charge de cette maladie chronique implique des interventions et des adaptations pluriquotidiennes pouvant ge´ne´rer anxie´te´, e´puisement, voire de´pression chez l’enfant ou chez ses parents. Face a` l’augmentation de l’incidence du diabe`te chez les enfants les plus jeunes, des e´tudes longitudinales sont ne´cessaires pour mieux comprendre son impact sur le de´veloppement ce´re´bral et guider les pe´diatres dans l’accompagnement de l’enfant et de sa famille.

De´claration d’inte´reˆts L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

Re´fe´rences [1] [2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

Barat P, Levy-Marchal C. E´pide´miologie des diabe`tes sucre´s chez l’enfant. Arch Pediatr 2013;20(Suppl. 4):110–6. Barat P, Valade A, Brosselin P, et al. The growing incidence of type 1 diabetes in children: the 17-year French experience in Aquitaine. Diabetes Metab 2008;34:601–5. Choleau C, Maitre J, Filipovic. et al. Ketoacidosis at diagnosis of type 1 diabetes in French children and adolescents. Diabetes Metab 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.diabet.2013.11.001 [Epub ahead of print]. Donaghue KC, Fung AT, Hing S, et al. The effect of prepubertal diabetes duration on diabetes. Microvascular complications in early and late adolescence. Diabetes Care 1997; 20:77–80. Holl RW, Lang GE, Grabert M, et al. Diabetic retinopathy in pediatric patients with type-1 diabetes: effect of diabetes duration, prepubertal and pubertal onset of diabetes, and metabolic control. J Pediatr 1998;132:790–4. Donaghue KC, Fairchild JM, Craig ME, et al. Do all prepubertal years of diabetes duration contribute equally to diabetes complications? Diabetes Care 2003;26:1224–9. Hietala K, Harjutsalo V, Forsblom C, et al. Age at onset and the risk of proliferative retinopathy in type 1 diabetes. Diabetes Care 2010;33:1315–9. Salardi S, Porta M, Maltoni G, et al. Infant and toddler type 1 diabetes: complications after 20 years’ duration. Diabetes Care 2012;35:829–33.

E´ditorial [9]

[10]

Barat P, Tastet S, Vautier V. Impact neuropsychologique a` long terme du diabe`te de type 1 chez l’enfant. Arch Pediatr 2011;18: 432–40. Gaudieri PA, Chen R, Greer TF, et al. Cognitive function in children with type 1 diabetes: a meta-analysis. Diabetes Care 2008;31:1892–7.

[11]

[12]

Hannonen R, Komulainen J, Riikonen R, et al. Academic skills in children with early-onset type 1 diabetes: the effects of diabetesrelated risk factors. Dev Med Child Neurol 2012;54:457–63. Arbelaez AM, Semenkovich K, Hershey T. Glycemic extremes in youth with T1DM: the structural and functional integrity of the developing brain. Pediatr Diabetes 2013;14:541–53.

451

[Increasing incidence of type 1 diabetes in younger children: what should the pediatrician know?].

[Increasing incidence of type 1 diabetes in younger children: what should the pediatrician know?]. - PDF Download Free
219KB Sizes 1 Downloads 2 Views