La Revue de médecine interne 35 (2014) 656–663

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Mise au point

Maladies auto-immunes et cancers. Deuxième partie : maladies auto-immunes au cours des cancers et de leur traitement Auto-immune diseases and cancers. Second part: Auto-immune diseases complicating cancers and their treatment F. Pasquet a,∗ , M. Pavic a , J. Ninet b , A. Hot b a b

Service de médecine interne-oncologie, hôpital d’instruction des armées Desgenettes, 108, boulevardd Pinel, 69003 Lyon, France Service de médecine interne, hôpital Édouard-Hérriot, 5, place d’Arsonval, 69003 Lyon cedex 03, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : ˆ 2014 Disponible sur Internet le 5 aout Mots clés : Auto-immunité Cancer Lymphomes Vascularites Syndromes myélodysplasiques

r é s u m é Cette deuxième partie est une mise au point qui s’intéresse aux manifestations auto-immunes satellites d’une pathologie tumorale, pouvant la révéler, en émailler le cours évolutif ou bien compliquer son traitement. La survenue de pathologies auto-immunes est classique au cours des syndromes lymphoprolifératifs. Les manifestations observées sont variées mais il s’agit surtout de cytopénies, notamment d’anémie hémolytique auto-immune, le plus souvent au cours d’une leucémie lymphoïde chronique. La relation entre cancers et myopathies inflammatoires n’est pas contestée. Le risque relatif de cancer au cours de la dermatomyosite est de 3,4 à 4,4. La stratégie optimale à adopter pour la recherche d’un cancer occulte n’est pas définie mais la recherche d’anticorps anti-p155 et la réalisation d’un TEP-scanner semblent être particulièrement intéressantes dans cette indication. Un tableau de vascularite cutanée ou systémique peut révéler une pathologie tumorale. Il s’agit le plus souvent d’une hémopathie (leucémie à tricholeucocytes) mais parfois d’un cancer solide (cancer pulmonaire ou digestif notamment). L’âge élevé et la corticorésistance doivent être des éléments d’alerte. Une polyarthrite cliniquement comparable à l’atteinte articulaire de la polyarthrite rhumatoïde peut révéler un cancer, le plus souvent bronchique. La polyarthrite est le plus souvent séronégative, chez un sujet masculin âgé et dans un contexte d’altération de l’état général. Les syndromes myélodysplasiques s’accompagnent de manifestations auto-immunes dans 10 à 30 % des cas. Il s’agit le plus souvent d’une vascularite ou d’une polychondrite atrophiante. Quant aux complications auto-immunes des traitements anti-tumoraux, il s’agit avant tout de cytopénies auto-immunes liées à la fludarabine et à l’alemtuzumab et aux thyroïdites liées à l’interféron alpha et à la radiothérapie cervicale. © 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Este é um artigo Open Access sob a licença de CC BY-NC-ND

a b s t r a c t Keywords: Autoimmunity Cancer Lymphoma Vasculitis Myelodysplastic syndromes

Autoimmune diseases may reveal or occur during the course of a neoplasia or its treatment. Autoimmune cytopenia, especially haemolytic anaemia, is common in lymphoproliferative disorders such as chronic lymphoid leukemia. The link between cancer and myositis is well established. Dermatomyositis is associated with an increased relative risk of cancer of 3.4 to 4.4. A combination of detection of antibodies against p155 and TEP-computed tomography may be the best approach to ascertain the presence of occult malignancy in patients with dermatomyositis. A cutaneous or a systemic vascularitis may reveal a cancer, most often a haematological malignancy such as hairy cell leukemia. Paraneoplastic polyarthritis have been described in particular with adenocardinoma of the lungs. Underlying neoplasia should be considered in male smokers patients with new onset polyarthritis and poor health status. The prevalence of autoimmune conditions in myelodysplastic syndromes is 10 to 30%. Vasculitis and relapsing polychondritis are the most commonly reported manifestations. Immune manifestations can also be related

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : fl[email protected] (F. Pasquet). http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.04.004 0248-8663 © 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Este é um artigo Open Access sob a licença de CC BY-NC-ND

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to treatment. The most common treatment complications are autoimmune haemolytic anaemia with fludarabine and thyroiditis related to interferon and cervical radiotherapy. © 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. Este é um artigo Open Access sob a licença de CC BY-NC-ND

1. Introduction

2.2. Manifestations hématologiques

Face à certaines maladies auto-immunes, la recherche d’une pathologie tumorale sous-jacente est impérative, tant l’association paraît évidente au plan épidémiologique. Certaines présentations constituent des signes d’alarme qui doivent inciter à la recherche d’une néoplasie associée. Le Tableau 1 résume les principales associations cancer et maladies auto-immunes et le Tableau 2 indique les caractéristiques de ces pathologies auto-immunes pouvant faire suspecter l’existence d’un cancer sous-jacent. Les manifestations auto-immunes pouvant révéler ou émailler le cours évolutif des syndromes lymphoprolifératifs seront passées en revue. Les relations entre cancer d’une part et myosites inflammatoires, vascularites et polyarthrites d’autre part ainsi que les manifestations auto-immunes accompagnant les syndromes myélodysplasiques seront détaillées. Enfin, les complications auto-immunes de certains traitements anti-tumoraux seront précisées. Par soucis de concision, les cryoglobulinémies et les syndromes paranéoplasiques auto-immuns neurologiques qui ont fait l’objet d’une mise au point dédiée récente dans la revue de médecine interne [1,2] ne seront pas abordés.

L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) est une manifestation classique des SLP. Dans les différentes séries d’AHAI, la fréquence des hémopathies lymphoïdes est d’environ 20 % [4,5]. Globalement estimée à moins de 5 % au cours des LNH [6], la prévalence de l’AHAI est bien plus importante au cours du lymphome T angio-immunoblastique (13 %) et de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) (10 à 35 %) [7,8]. La LLC est en effet classiquement considérée comme la première cause d’AHAI secondaire. Cependant, dans les études les plus récentes, la prévalence des AHAI au cours de la LLC a été revue à la baisse, estimée à 4,3 % sur 1203 patients. Fait intéressant, le diagnostic de l’AHAI précède souvent celui de l’hémopathie, avec un délai parfois supérieur à 5 ans [5,9]. Dans la grande majorité des cas (plus de 3 fois sur 4), il s’agit d’une AHAI à anticorps chaud de type IgG [10,11]. Les explorations complémentaires minimales à la recherche d’un SLP lors de la découverte d’une AHAI à anticorps chaud sont la réalisation d’un scanner thoraco-abdomino-pelvien et d’une électrophorèse des protéines avec immunofixation à la recherche d’une hypogammaglobulinémie ou d’un pic monoclonal, associée à un phénotypage lymphocytaire. En revanche, la réalisation systématique d’une biopsie ostéomédullaire semble très peu rentable en l’absence d’anomalies sur ces examens [5]. Les facteurs prédictifs d’une hémopathie sous-jacente lors du diagnostic d’AHAI ou de sa survenue ultérieure sont l’âge avancé supérieur à 60 ans, la présence d’une hypogammaglobulinémie ou d’une gammapathie

2. Syndromes lymphoprolifératifs et manifestations auto-immunes 2.1. Données générales La survenue de pathologies auto-immunes est une manifestation classique des lymphomes, venant enrichir, à côté du syndrome tumoral, leur mode de présentation. Leur survenue n’obéit pas à un mécanisme unique. Les différentes étapes de l’oncogenèse peuvent donner naissance à un clone auto-réactif. Ailleurs, le syndrome lymphoprolifératif (SLP) va être responsable d’une rupture de tolérance au soi avec apparition secondaire de manifestations autoimmunes. Les antigènes viraux jouent également un rôle important. La stimulation antigénique chronique par des agents tels que Helicobacter pylori ou le virus de l’hépatite C est déterminante dans le développement de certains lymphomes non hodgkiniens (LNH), notamment les lymphomes de la zone marginale ou lymphomes villeux de la rate. Cette stimulation lymphocytaire chronique, par le biais d’un mimétisme antigénique, joue certainement un rôle important dans la survenue de manifestations dysimmunes, d’ailleurs fréquentes au cours des lymphomes de la zone marginale. Enfin, c’est parfois un déficit immunitaire préexistant qui va favoriser à la fois l’émergence d’une pathologie auto-immune et d’un syndrome lymphoprolifératif comme c’est le cas au cours du syndrome lymphoprolifératif auto-immun caractérisé par un déficit de l’apoptose de la voie Fas/Fas-ligand avec prolifération clonale de lymphocytes T double négatif CD4− et CD8− . Les manifestations auto-immunes au cours des lymphomes sont extrêmement variées et concernent tous les organes [3]. Il n’est pas possible d’en faire ici une revue exhaustive. Les manifestations hématologiques, cutanées et neurologiques seront avant tout décrites. Les vascularites et les tableaux rhumatologiques sont communs aux tumeurs solides et seront développés dans des chapitres spécifiques.

Tableau 1 Principales maladies auto-immunes rencontrées au cours des cancers. Maladies auto-immunes

Néoplasies sous-jacentes les plus fréquentes

Manifestations hématologiques AHAI/PTAI Neutropénie auto-immune

LLC, LTAI, LNH LGL

Manifestations dermatologiques Pemphigus paranéoplasique Angiœdème bradikynique

LNH, LLC LNH, GMSI

Manifestations neurologiques Neuropathie à anticorps anti-MAG Syndrome CANOMAD Syndrome de Guillain-Barré Myasthénie Manifestations musculaires Polymyosite Dermatomyosite Myosite nécrosante auto-immune Vascularite Purpura rhumatoïde Manifestations rhumatologiques Polyarthrite rhumatoïde Polychondrite atrophiante

GMSI, IgM, maladie de Waldenström Maladie de Hodgkin Maladie de Hodgkin, LNH Maladie de Hodgkin, carcinome (poumon, vessie) Adénocarcinome (ovaire surtout), LNH Adénocarcinome Leucémie à tricholeucocytes, SMD, LNH, adénocarcinomes Adénocarcinome bronchique SMD, lymphomes, leucémies aiguës

AHAI : anémie hémolytique auto-immune ; GMSI : gammapathie monoclonale de signification indéterminée ; LGL : leucémie à grands lymphocytes à grains ; LLC : leucémie lymphoïde chronique ; LNH : lymphome non hodgkinien ; LTAI : lymphome T angio-immunoblastique ; SMD : syndrome myélodysplasique.

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Tableau 2 Caractéristiques des maladies auto-immunes faisant suspecter une association avec une pathologie néoplasique. Pathologies

Caractéristiques

AHAI/PTAI

Âge élevé Anomalie à l’EPS

Vascularite

Corticorésistance Survenue chez un sujet âgé Sexe masculin Absence de facteur infectieux déclenchant

Purpura rhumatoïde Dermatomyosite

Début rapide Âge élevé Atteinte cutanée sévère (ulcération, nécrose) Élévation importante des CPK et du SIB Corticorésistance Présence d’anticorps anti-p155

Polyarthrite « rhumatoïde »

Âge élevé Tabagisme Absence de nodules rhumatoïdes Absence de FR Absence d’érosions radiologiques

Polychondrite atrophiante

Survenue chez un homme Début tardif Fréquence de l’atteinte cutanée

AHAI : anémie hémolytiques auto-immune ; EPS : électrophorèse des protéines sériques ; FR : facteurs rhumatoïdes ; PTAI : purpura thrombopénique auto-immun ; SMD : syndrome myélodysplasique ; SIB : syndrome inflammatoire biologique.

monoclonale et l’existence d’autres manifestations auto-immunes [5,12]. Enfin, l’existence d’une AHAI au cours d’un LNH semble impacter le pronostic avec une moins bonne survie globale [10]. La maladie des agglutinines froides (MAF), pathologie de la 2e moitié de la vie, est actuellement considérée comme un SLP de phénotype B. Il s’agit d’une AHAI à anticorps froid de type IgM ou complément caractérisée par son association fréquente à un acrosyndrome (syndrome de Raynaud, acrocyanose). Lors d’une analyse rétrospective de 86 patients, une gammapathie monoclonale IgM était retrouvée dans 90 % des cas, un lymphome lymphoplasmocytaire 1 fois sur 2 et d’une fac¸on générale une infiltration médullaire lymphomateuse dans 76 % des cas. Une transformation en lymphome agressif n’est survenue que dans moins de 4 % des cas lors d’un suivi de 10 ans [13]. La MAF se distingue des AHAI à anticorps chauds sur le plan thérapeutique par l’inefficacité quasi constante de la corticothérapie et de la splénectomie alors que l’emploi du rituximab dans les formes sévères s’accompagne d’un taux de rémission de 60 % [4,13]. La survenue d’un purpura thrombopénique auto-immun (PTAI) reste rare au cours des LNH, avec une fréquence estimée à 0,2 % [14]. À l’instar de l’AHAI, cette fréquence est plus élevée au cours de la LLC, évaluée de 1 à 5 % [9], même si celle-ci reste difficile à évaluer précisément du fait de l’absence de test immunologique diagnostique fiable. Un PTAI peut également révéler et précéder un SLP. Pour certains auteurs, en plus du myélogramme qui doit être systématiquement proposé, la réalisation d’un scanner thoraco-abdomino-pelvien et d’une électrophorèse des protéines avec immunofixation est systématique en cas de thrombopénie périphérique après 60 ans ou en cas de corticorésistance [3]. Enfin, la survenue d’une neutropénie auto-immune est l’apanage quasi exclusif de la leucémie à grands lymphocytes à grains (Large Granular Lymphocyte, LGL). Ce syndrome lymphoprolifératif est lié à une expansion clonale de phénotype T cytotoxique (CD3+ CD8+ ) ou plus rarement NK (CD3− CD56+ ), forme clinique plus agressive. Le diagnostic repose sur l’immunophénotypage des lymphocytes circulants. La neutropénie est liée à la présence

d’anticorps antigranulocytes anti-CD16b [15]. La LGL se caractérise par la présence d’une neutropénie dans 80 % des cas, une splénomégalie jusque dans 50 % des cas et un excès de grands lymphocytes à grains > 500/mm3 , parfois sans lymphocytose absolue [16]. Elle se distingue par son association fréquente à des maladies autoimmunes (40 %), notamment la polyarthrite rhumatoïde, réalisant alors un continuum physiopathologique avec le syndrome de Felty [16]. D’autres cytopénies auto-immunes sont possibles au cours de la LGL mais moins fréquentes, notamment l’érythroblastopénie ou bien l’aplasie médullaire auto-immune.

2.3. Manifestations dermatologiques Les LNH et la LLC sont les principales étiologies du pemphigus paranéoplasique [17]. Cette maladie bulleuse rare peut accompagner ou précéder l’hémopathie. L’atteinte cutanée est polymorphe et souvent trompeuse : lésions bulleuses mais aussi éruption lichénoïde, urticaire et érythème polymorphe. L’atteinte muqueuse est constante, souvent diffuse et grave. Il s’agit d’une stomatite ulcérée avec chéilite. Une atteinte œsophagienne ou pulmonaire peut engager le pronostic vital. Sur le plan histologique, il existe une acantholyse intra-épidermique avec en immunofluorescence des dépôts linéaires d’IgG de la jonction dermo-épidermique. L’immunoprécipitation permet d’identifier des auto-anticorps dirigés contre les desmoplakines et desmogléines. L’évolution est rarement parallèle à celle de l’hémopathie, nécessitant souvent le recours aux immunosuppresseurs, avec un pronostic restant le plus souvent sombre [17]. Les angiœdèmes bradykiniques liés à un déficit acquis en C1 inhibiteur sont souvent liés à une gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI) ou à un SLP. Il en existe 2 types. Le type 1, dans lequel il n’y a pas d’auto-anticorps détectable, se rencontre au cours de LNH de phénotype B de bas grade : lymphome de la zone marginale, maladie de Waldenström [18]. Le type 2 est caractérisé par la présence d’anticorps anti-C1 inhibiteur. Dans plus de 60 % des cas, il est retrouvé une GMSI ou un SLP sous-jacent [19,20]. Le traitement de ces formes acquises repose sur celui de la pathologie sous-jacente. L’acide tranéxamique ou le danazol sont souvent essayés en traitement de fond à l’instar des angiœdèmes héréditaires. Une corticothérapie peut être proposée dans les formes avec anticorps anti-C1 inhibiteur. Le rituximab semble également prometteur dans cette indication. En cas de crise sévère, le traitement repose sur l’administration de concentré de C1 inhibiteur voire d’icatibant [21].

2.4. Manifestations neurologiques Les gammapathies monoclonales sont des causes classiques de neuropathie périphérique. Il s’agit le plus souvent d’une immunoglobuline monoclonale IgM, que ce soit une GMSI ou une maladie de Waldenström. Le tableau est celui d’une neuropathie périphérique symétrique à prédominance sensitive et distale. Dans la majorité des cas, la neuropathie est liée à une activité anticorps de l’IgM dirigée contre des antigènes neuronaux. Le plus souvent (jusque dans 50 % des cas), il s’agit d’une activité anti-MAG (myelin associated glycoprotein). Dans d’autres cas, l’IgM possède une activité anti-sulfatide ou anti-ganglioside (anti-GM1) dans le cadre du syndrome CANOMAD (chronic ataxic neuropathic with opthalmoplegia, M protein, cold agglutinins and anti-disyalosil antibodies). Un syndrome de Guillain-Barré a été décrit associé à une maladie de Hodgkin, plus rarement à un LNH [22,23]. Des syndromes myasthéniques ont également été décrits comme pouvant compliquant le cours évolutif d’un lymphome hodgkinien ou non hodgkinien, avec alors souvent un envahissement thymique associé [24–26].

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3. Cancers et myopathies inflammatoires 3.1. Polymyosite et dermatomyosite L’association myosite et cancer est connue depuis de nombreuses décennies mais a longtemps été contestée. Le risque de néoplasies au cours des myopathies inflammatoires a été clarifié au cours des années 1990. Ainsi, 2 larges études de cohorte s’étant intéressées respectivement au suivi de 788 [27] et 539 patients [28] et une méta-analyse portant sur 1018 patients [29] ont clairement démontré que la survenue d’une myopathie inflammatoire s’accompagnait d’une augmentation du risque de cancer. La fréquence des pathologies tumorales associées aux myopathies inflammatoires varie entre 15 et 30 % [27,30,31]. Il est actuellement bien admis que le risque de cancer est surtout majoré au cours de la dermatomyosite, avec un risque relatif de 3,4 à 4,4 contre seulement 1,7 à 2,1 pour la polymyosite [32]. Cette donnée est confirmée par une large étude scandinave portant sur 618 cas de dermatomyosite (dont 198 cancers associés) et 914 cas de polymyosites (dont 137 cancers associés), retrouvant un risque de cancer multiplié par 3 en cas de dermatomyosite par rapport à la population générale (SIR = 3 ; IC95 % = 2,5–3,6) alors que le risque n’est que très modeste pour la polymyosite (SIR = 1,3 ; IC95 % = 1–1,6) [31]. Les cancers associés à la dermatomyosite sont avant tout les cancers de l’ovaire [27,28,31,33], mais aussi du poumon, du pancréas, de l’estomac, du côlon et les lymphomes non hodgkiniens [31]. Ceux associés à la polymyosite sont surtout les lymphomes hodgkiniens mais aussi les cancers du poumon et de la vessie [31]. Cependant, cette répartition des cancers est variable en fonction des zones géographiques. Ainsi dans les pays d’Asie du Sud Est, le cancer du nasopharynx est l’un des plus fréquemment associés aux myopathies inflammatoires [34]. Dans la majorité des cas, la pathologie musculaire précède la survenue du cancer. La dermatomyosite peut rarement se comporter comme un véritable syndrome paranéoplasique, le traitement du cancer entraînant une rémission de l’atteinte musculaire dans quelques cas. Le plus souvent, la myopathie évolue pour son propre compte [35]. Le pronostic de cette association reste péjoratif. Ainsi, les pathologies néoplasiques représentent une des premières causes de mortalité au cours des myopathies inflammatoires [30] et sont responsables de 40 % des décès au cours de la dermatomyosite [27]. Les éléments cliniques en faveur d’une pathologie tumorale associée à une dermatomyosite sont un début souvent rapide de la maladie musculaire [36], la présence d’une atteinte cutanée sévère et le caractère nécrotique des lésions cutanées [37]. Un âge élevé serait également un facteur prédictif puisqu’après 65 ans, la fréquence du cancer serait de 50 % [38]. De plus, les patients atteints de cancer ont souvent une élévation plus importante des CPK et un syndrome inflammatoire plus marqué [36]. Enfin, l’absence de réponse à la corticothérapie serait également un facteur de risque [39]. En revanche, la présence d’un anticorps anti-synthétase ou anti-Mi2 est classiquement reconnue comme un facteur protecteur [40]. À l’inverse, la positivité des anticorps anti-p155 est actuellement reconnue comme un excellent argument en faveur du caractère paranéoplasique de la dermatomyosite. En effet, une méta-analyse récente incluant 6 études, soit 312 adultes atteints de dermatomyosite, a permis d’établir que ces anticorps permettaient d’établir la présence d’un cancer sous-jacent avec une sensibilité de 78 % (IC95 % : 45–94 %), une spécificité de 89 % (IC95 % : 82–93 %) et un Odds ratio de 27 (IC95 % : 6–112) [41]. Actuellement, la majorité des auteurs admet que la découverte de la néoplasie est précoce et qu’elle survient le plus souvent au cours des trois premières années [42], c’est pourquoi il est désormais conseillé de ne pas poursuivre les explorations à la recherche d’une néoplasie au-delà de la troisième année de suivi [43]. En ce qui concerne les explorations à réaliser chez les patients atteints de

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myosite, les données de la littérature sont contradictoires et aucune stratégie n’est validée [44]. Cependant, les données des études les plus récentes incitent, après un interrogatoire minutieux, un examen clinique avec touchers pelviens et des examens biologiques de première intention avec recherche de sang dans les selles, à réaliser un scanner thoraco-abdomino-pelvien associé chez la femme à une mammographie et une échographie pelvienne [44]. Même si cette attitude ne repose pas sur des données formelles, l’existence d’une dysphagie rend légitime la réalisation d’une gastroscopie avant d’attribuer ce symptôme à la myopathie. Quant aux autres explorations invasives (coloscopie, fibroscopie bronchique), il n’existe actuellement aucune donnée de la littérature permettant de justifier leur réalisation systématique en l’absence de point d’appel clinique ou de facteur de risque identifié au sein de la population générale. De même, la place du TEP-scanner dans cette situation reste à déterminer ainsi que la fréquence à laquelle répéter les explorations à la recherche d’un cancer. Pour certains auteurs, la recherche des anticorps anti-p155 associée à la réalisation d’un TEP-scanner serait la meilleure stratégie pour établir la présence d’un cancer occulte [45]. 3.2. Myosite nécrosante auto-immune La myosite nécrosante auto-immune est une entité distincte de reconnaissance récente. L’histologie est trompeuse puisque l’inflammation y est absente, l’anomalie prédominante étant le processus de nécrose – régénération commun à d’autres myopathies [46]. À côté des formes associées aux anticorps anti-SRP, à certaines connectivites ou à la prise de statines, certaines myosites nécrosantes auto-immunes sont d’origine paranéoplasique. Le déficit musculaire est volontiers aigu et sévère avec une élévation marquée des CPK [47]. Le pronostic reste dominé par celui de la pathologie maligne dont la nature est variable : adénocarcinome bronchique, colorectal, gastrique, prostatique, etc. [47,48]. La fréquence des cancers au cours de myosite nécrosante reste inconnue car ce type de myopathie n’a pas été individualisé dans les grandes cohortes [31,32]. 4. Cancer et vascularite Environ 5 % des patients atteints de vascularite ont une néoplasie associée. Environ deux tiers de ces patients présentent une hémopathie maligne, le tiers restant ayant une tumeur solide [49]. L’association vascularite–hémopathie est décrite dans la littérature depuis une quinzaine d’années [50]. La vascularite fait parfois même partie intégrante de la description clinique de certaines hémopathies. Le paradigme de cette association reste la leucémie à tricholeucocytes. Bien que rare, ce syndrome lymphoprolifératif est de loin le plus fréquemment associé aux vascularites systémiques, jusque dans 19 % des cas [51–53]. Ces vascularites correspondent le plus souvent à un phénotype de périartérite noueuse ou de vascularite leucocytoclasique [51,52]. La présentation clinique reste classique (purpura, nodules cutanés, arthrite, atteinte rénale et micro-anévrismes des artères digestives et rénales) [52]. En ce qui concerne les mécanismes étiopathogéniques, plusieurs auteurs insistent sur le défaut de clairance de complexes immuns circulants constitués d’immunoglobulines produites par les cellules tumorales. Ces hypothèses seraient corroborées aux observations cliniques car ces vascularites sont plus fréquemment rencontrées dans les suites de la splénectomie et au cours d’épisodes infectieux [52,54,55]. Le traitement de ces vascularites ne diffère pas de celui des autres formes cliniques. Elles sont volontiers corticosensibles, et dans la majorité des cas elles évoluent pour leur propre compte. Le pronostic reste lié à l’évolution de l’hémopathie.

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D’autres hémopathies malignes peuvent être associées aux vascularites. Il s’agit alors le plus souvent d’une vascularite leucocytoclasique cutanée isolée, comme cela a été décrit au cours des syndromes myélodysplasiques qui peuvent également s’accompagner plus rarement d’une périartérite noueuse voire d’une granulomatose avec polyangéite ou d’une polyangéite microscopique [56]. L’anémie réfractaire avec excès de blastes et la leucémie myélomonocytaire chronique représentent les syndromes myélodysplasiques les plus fréquemment associés aux vascularites [57,58]. Le traitement reste consensuel et repose sur la corticothérapie et les immunosuppresseurs, tout en sachant que ces derniers majorent le risque infectieux et le risque de transformation [56]. Enfin, les vascularites qui accompagnent les syndromes myélodysplasiques sont volontiers sévères avec une corticodépendance et une atteinte rénale fréquente [49]. Plus rarement les gammapathies monoclonales peuvent s’accompagner d’une vascularite leucocytoclasique. Ainsi des vascularites ont été décrites au cours du myélome en particulier dans les formes IgA, et cela en dehors de toute association avec une cryoglobulinémie [51,59]. La vascularite est souvent d’expression cutanée et d’évolution favorable spontanément ou après traitement de l’hémopathie sous-jacente. Enfin certains auteurs rapportent, bien que rare, une association vascularite et lymphomes en l’absence de cryoglobulinémie. Il s’agit le plus souvent de lymphomes malins non hodgkiniens B, plus rarement des maladies de Hodgkin ou des lymphomes T angio-immunoblastiques, associés principalement à des vascularites cutanées leucocytoclasiques, mais également des vascularites granulomateuses, des périartérites noueuses et des purpuras rhumatoïdes. Les tumeurs solides sont quant à elles moins souvent en cause [50]. Les adénocarcinomes coliques et les tumeurs bronchiques [51], probablement en rapport avec leur épidémiologie respective, sont les tumeurs le plus souvent rapportées. Les vascularites en cause sont de type leucocytoclasique cutanée [60,61], de type périartérite noueuse [51,62] ou bien purpura rhumatoïde [51]. Bien qu’exceptionnellement paranéoplasique, le purpura rhumatoïde semble plus volontiers associé aux tumeurs solides qu’aux hémopathies contrairement aux vascularites décrites précédemment. Ainsi, lors d’une revue de 19 cas de purpura rhumatoïde associé à un cancer, Pertuiset et al. retrouvent deux tiers de cancer solides (cancer du rein, sein, prostate, de l’estomac et de l’intestin grêle) et un tiers d’hémopathies (lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens, myélome à IgA, syndrome myélodysplasique) [63]. Dans certaines observations rapportées, l’évolution parallèle avec rémission du purpura rhumatoïde après traitement du cancer atteste du caractère paranéoplasique de la vascularite. La survenue d’un purpura rhumatoïde après 50 ans, le sexe masculin et l’absence d’infection déclenchante doivent faire rechercher une néoplasie sous-jacente. Même si l’association entre vascularite et cancer est de mieux en mieux connue, il n’existe actuellement aucune recommandation pour les explorations à la recherche d’une néoplasie chez les patients atteints de vascularite systémique. Pour certains auteurs, la résistance aux traitements conventionnels représente une caractéristique commune de ces vascularites associées aux néoplasies [57]. Le clinicien doit donc rester attentif chez les patients atteints de vascularite systémique surtout si celle-ci ne répond pas au traitement.

similaire à celui d’une polyarthrite rhumatoïde avec une atteinte distale et symétrique. Le plus souvent, la polyarthrite est séronégative mais d’authentiques polyarthrites avec facteurs rhumatoïdes ont été décrites. Une observation particulièrement démonstrative fait état d’une polyarthrite séropositive paranéoplasique régressant totalement après l’exérèse d’un cancer épidermoïde pulmonaire [64]. Dans une revue de littérature, Pfitzenmeyer et al. rapportent 12 cas de polyarthrites dont le caractère paranéoplasique est vraisemblable compte tenu d’une évolution parallèle avec le cancer [65]. L’âge moyen des patients est de 61 ans et les manifestations articulaires précèdent le diagnostic de cancer. Les caractéristiques cliniques sont l’existence fréquente d’une altération marquée de l’état général, d’une fièvre élevée mais aussi d’un début explosif de l’atteinte articulaire. La polyarthrite est séropositive 1 fois sur 2 et le tableau habituel est celui d’une polyarthrite rhumatoïde classique avec atteinte distale bilatérale et symétrique mais sans érosion articulaire. Plus récemment, 26 observations de polyarthrites paranéoplasiques ont été rapportées [66]. L’âge moyen était de 57 ans et il s’agissait le plus souvent d’hommes. Dans la majorité des cas (85 %), la présentation clinique articulaire était celle d’une polyarthrite rhumatoïde classique. En revanche, il n’était jamais noté de nodules rhumatoïdes ni d’érosions articulaires et la présence de facteurs rhumatoïdes était rare (moins de 25 %) tandis qu’il existait le plus souvent un syndrome inflammatoire franc. Fait intéressant, dans la grande majorité des cas (84 %), il existait des manifestations extra-articulaires pouvant d’emblée faire suspecter une pathologie tumorale : altération de l’état général, amaigrissement, adénopathies palpables, hippocratisme digital avec ou sans périostite. Le délai moyen entre l’apparition des symptômes articulaires et le diagnostic de cancer était de 3,6 mois. Le cancer bronchique (notamment l’adénocarcinome) était de loin le plus fréquent (50 %), les autres cancers étant variés : adénocarcinome mammaire, colique, rénal, lymphome hodgkinien et non hodgkinien, leucémie aiguë myéloïde, etc. Dans 3 cas sur 4, les symptômes articulaires régressaient complètement avec le traitement du cancer. À noter que dans l’ensemble de ces cas, la présence d’anticorps anti-peptides cycliques citrullinés n’est pas précisée, la recherche de ces auto-anticorps ne se faisant alors pas en routine. L’éventualité d’un cancer dissimulé sous le masque d’une polyarthrite doit rester une préoccupation lorsqu’il s’agit de sujets masculins de plus de 60 ans, avec une altération de l’état général, et lorsqu’il n’existe pas de facteurs rhumatoïdes, de nodules rhumatoïdes ni d’érosions radiologiques, et ce d’autant que le patient est tabagique. La polychondrite atrophiante est une maladie systémique autoimmune rare qui a la particularité d’être associée à une autre pathologie dans plus de 30 % des cas, si bien qu’elle est considérée comme un syndrome plus que comme une véritable entité. Cette pathologie associée peut être une 2e maladie auto-immune, une vascularite mais également une hémopathie maligne : syndrome myélodysplasique mais également maladie de Hodgkin, LNH, et leucémie aiguë lymphoïde. Bien plus rarement, la polychondrite est associée à un carcinome. Elle peut précéder ou suivre le diagnostic du cancer.

5. Cancer et manifestations rhumatologiques auto-immunes

Les syndromes myélodysplasiques (SMD) peuvent s’accompagner de maladies systémiques ou auto-immunes, avec une fréquence estimée entre 10 à 30 % en fonction des études [67]. Ces manifestations systémiques sont plus fréquentes au cours des SMD qu’au cours des syndromes lymphoprolifératifs [68]. Les SMD concernés semblent être de fac¸on plus fréquente les anémies réfractaires avec excès de blastes, jusqu’à 86 % en

Un petit nombre de séries rapportent la survenue d’une polyarthrite débutant peu de temps avant ou après le diagnostic d’un cancer. Il peut s’agir d’une polyarthrite asymétrique, prédominant aux membres inférieurs, mais dans certains cas, le tableau est

6. Syndrome myélodysplasique et manifestations auto-immunes

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fonction des séries [58]. Il ne semble pas y avoir d’anomalies chromosomiques récurrentes spécifiques au cours de ces SMD [69]. L’impact pronostique de la survenue d’une manifestation systémique est incertain et diffère selon les auteurs. Les vascularites sont une des principales manifestations systémiques associées aux SMD (jusqu’à 60 % des cas en fonction des études) [69]. Les caractéristiques de ces vascularites ont été détaillées plus haut. L’association SMD–polychondrite atrophiante est classique dans la littérature. Ces polychondrites atrophiantes présentent quelques particularités par rapport aux formes isolées sans SMD : nette prédominance masculine, début plus tardif, quasi constance des manifestations cutanées (purpura, livedo, aphtose, etc.) [70,71]. Une fois sur 2, le diagnostic de polychondrite atrophiante et celui de SMD sont concomitants. La corticorésistance est fréquente. Des lupus ont été décrits au cours des SMD, avec une fréquence très variable en fonction des séries (de 0 à 20 %), les deux pathologies étant le plus souvent de survenue simultanée. Cependant, un lupus-like syndrome d’une part ou la présence isolée de facteurs anti-nucléaires d’autre part, qui pourrait atteindre 50 % des cas, sont en réalité bien plus fréquents qu’un authentique lupus [67]. De fac¸on ponctuelle, d’autres associations ont été rapportées : polyarthrite rhumatoïde, syndrome de Sjögren, thyroïdite, connectivite mixte, hépatopathie auto-immune, etc. [72–74]. Ainsi, dans une revue rétrospective de 750 SMD, sont recensés 5 cas de polychondrite atrophiante, 6 cas de polyarthrite rhumatoïde séropositive, 1 lupus systémique et 12 thyroïdites auto-immunes [72]. Dans la série de la Mayo Clinic portant sur 162 SMD, il n’a été retrouvé comme maladie auto-immune qu’un cas de polyarthrite rhumatoïde, 1 cas de syndrome de Sjögren et 1 cas de connectivite mixte (aucun lupus mais 3 lupus-like syndromes) [73]. Certaines de ces associations restent contestables, du fait de la fréquence élevée chez les patients de plus de 50 ans à la fois des SMD et de certaines de ces pathologies auto-immunes. C’est le cas de la polyarthrite rhumatoïde, du syndrome de Sjögren, des thyroïdites. En revanche, l’association SMD–polychondrite atrophiante semble réelle. Un SMD peut compliquer le cours évolutif d’une polychondrite atrophiante dans environ 10 à 30 % des cas [67]. À l’inverse, la fréquence des SMD dans les séries de polychondrites est d’environ 5 % [75]. Enfin, si la positivité du test de Coombs est fréquente au cours des SMD, l’apparition d’une authentique AHAI, bien que décrite, reste rare [74,76]. À côté de ces maladies auto-immunes, de nombreuses manifestations inflammatoires systémiques ont été décrites au cours des SMD : syndrome de Sweet, polyarthrite séronégative avec manifestations pseudolupiques (fièvre, rash cutané, sérites), Pyoderma gangrenosum, maladie de Behc¸et avec atteinte digestive au cours des SMD avec trisomie 8 [67]. Ainsi, l’association avec des maladies de systèmes n’est pas fortuite et la survenue de telles manifestations au cours d’un SMD pourrait être un facteur prédictif de transformation [55]. Il est désormais recommandé de rechercher une hémopathie et plus particulièrement une myélodysplasie ou une leucémie myélomonocytaire chez les patients âgés présentant des maladies systémiques ou des syndromes inflammatoires inexpliqués tant cette association paraît classique dans la littérature [77].

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Il s’agit le plus souvent d’une AHAI. De fac¸on plus occasionnelle ont été décrits un PTAI, une neutropénie ou encore une érythroblastopénie auto-immune [78]. La fréquence exacte de ces manifestations reste difficile à établir car ces cytopénies autoimmunes peuvent aussi être secondaires au SLP. De fac¸on plus marginale, d’autres manifestations auto-immunes ont été décrites avec les analogues des purines : pemphigus, vascularite cutanée, aggravation paradoxale d’une glomérulonéphrite lupique ou d’une polyarthrite, glomérulonéphrite rapidement progressive associée dans 1 cas avec des anticorps anti-cytoplasmes de polynucléaires neutrophiles [78,79]. D’autres molécules ont été incriminées dans le développement d’une cytopénie immunologique. C’est le cas de l’oxaliplatine, responsable de plusieurs observations de thrombocytopénie immunologique ou d’anémie hémolytique auto-immune [80,81]. La survenue d’une neutropénie est une complication actuellement bien reconnue du rituximab, survenant avec une prévalence variable de 0,02 à 13 % [82]. Il s’agit d’une neutropénie retardée parfois sévère, survenant plusieurs mois après la fin du traitement. Sa résolution est spontanée mais nécessite parfois l’administration de G-CSF. Les mécanismes sont probablement multiples mais des anticorps anti-polynucléaires neutrophiles ont été mis en évidence dans certains cas [83]. La reconstitution d’un nouveau répertoire immunologique après une dépression lymphocytaire B profonde pourrait expliquer la production d’autoanticorps. Les dysthyroïdies sont des complications bien connues du traitement par interféron-␣, dont les effets anti-tumoraux sont utilisés par exemple dans l’adénocarcinome rénal métastatique ou au cours de la leucémie à tricholeucocytes. Il peut s’agir d’une thyroïdite toxique mais également d’une authentique thyroïdite auto-immune [84]. La thyroïdite d’Hashimoto est la forme la plus fréquente mais une maladie de Basedow est possible. L’apparition de novo d’anticorps anti-thyroperoxydase ou thyroglobuline concerne 10 à 40 % des patients, qu’il y ait ou non une dysthyroïdie clinique. D’autres molécules, comme le thalidomide ou le lénalidomide, peuvent être responsables d’une hypothyroïdie [85–87]. Sur une série de 169 patients traités par thalidomide pour un myélome multiple et avec une fonction thryoïdienne initiale normale, 22 % et 14 % avaient une TSH respectivement supérieure à 5 et 10 ␮UI/mL, 2 à 6 mois après le début du traitement. Le mécanisme de l’hypothyroïdie est discuté mais une origine auto-immune est supportée par la mise en évidence dans certains cas d’anticorps anti-thyroperoxydase [88]. Une dysthyroïdie auto-immune est également fréquente après radiothérapie cervicale [89]. Enfin, l’intensification thérapeutique, notamment au cours des lymphomes et myélomes, avec autogreffe de cellules souches périphériques s’accompagne parfois de manifestations auto-immunes 30 à 40 jours après la réinjection de cellules souches. Il s’agit le plus souvent d’un PTAI ou d’une thyroïdite auto-immune [90–92]. Un cas de polyarthrite rhumatoïde a été rapporté 40 jours après une autogreffe [93]. Les mécanismes de ces manifestations auto-immunes restent incertains : altération thymique liée à la chimiothérapie ou à une irradiation corporelle totale, dépression des lymphocytes T régulateurs conduisant à la persistance de clônes auto-réactifs ou bien modification d’antigènes du soi par la chimiothérapie ou par des infections virales [93].

7. Complications auto-immunes des traitements anti-tumoraux

8. Conclusion

Le développement de cytopénies auto-immunes est une complication classique des analogues des purines (fludarabine, 2-chloro-2 -déoxyadénosine), traitement de première ligne de la leucémie lymphoïde chronique et d’autres lymphomes de bas grade.

Les cancers peuvent être à l’origine de manifestations autoimmunes dont le champ d’expression est varié. Les liens étroits entre auto-immunité et lymphogenèse sont peu à peu démantelés, ces 2 événements pouvant correspondre aux facettes d’un même processus. En revanche, les mécanismes de l’auto-immunité au

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cours des cancers solides sont plus obscurs. Ces pathologies autoimmunes ne se comportent pas forcément comme d’authentique syndrome paranéoplasique, leur évolution pouvant ne pas être parallèle à celle de la pathologie tumorale. D’une manière générale, un cancer occulte doit être suspecté devant une myosite, un tableau de polyarthrite ou une vascularite quand les manifestations sont sévères, corticorésistantes et qu’elles surviennent chez un sujet âgé. À l’instar de l’anticorps anti-p155 dans les dermatomyosites, l’enjeu actuel est à l’identification de marqueurs prédictifs fiables pouvant permettre d’identifier un cancer occulte en présence d’une manifestation auto-immune potentiellement en lien avec l’existence d’un cancer. Même si sa stratégie d’utilisation reste à préciser, le TEP scan est probablement dans cette indication un examen de choix. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Cacoub P, Sène D, Saadoun D. Cryoglobulinémie. Rev Med Interne 2008;29:200–8. [2] Didelot A, Honnorat J. Les syndromes neurologiques paranéoplasiques. Rev Med Interne 2011;32:605–11. [3] Jardin F, Lévesque H, Tilly H. Manifestations dysimmunitaires associées aux lymphomes. Rev Med Interne 2005;26:557–71. [4] Philippe P. Diagnostic et prise en charge de l’anémie hémolytique autoimmune. Presse Med 2007;36:1959–69. [5] Genty I, Michel M, Hermine O, Schaeffer A, Godeau B, Rochant H. Caractéristiques des anémies hémolutiques auto-immunes de l’adulte : analyse rétrospective d’une série de 83 patients. Rev Med Interne 2002;23:901–9. [6] Dührsen U, Augener W, Zwingers T, Brittinger G. Spectrum and frequency of autoimmune derangements in lymphoproliferative disorders: analysis of 637 cases and comparison with myeloproliferative diseases. Br J Haematol 1987;67:235–9. [7] Siegert W, Nerl C, Agthe A, Engelhard M, Brittinger G, Tiemann M, et al. Angioimmunoblastic lymphadenopathy-type T-cell lymphoma: prognostic impact of clinical observations and laboratory findings at presentation. The Kiel Lymphoma Study Group. Ann Oncol 1995;6:659–64. [8] Hamblin TJ. Autoimmune complications of chronic lymphocytic leukemia. Semin Oncol 2006;33:230–9. [9] Zent CS, Kay NE. Autoimmune complications in chronic lymphocytic leukaemia. Best Pract Res Clin Haematol 2010;23:47–59. [10] Sallah S, Sigounas G, Vos P, Wan JY, Nguyen NP. Autoimmune hemolytic anemia in patients with non-Hodgkin’s lymphoma: characteristics and significance. Ann Oncol 2000;11:1571–7. [11] Sokol RJ, Booker DJ, Stamps R. The pathology of autoimmune haemolytic anaemia. J Clin Pathol 1992;45:1047–52. [12] Sallah S, Wan JY, Hanrahan LR. Future development of lymphoproliferative disorders in patients with autoimmune hemolytic anemia. Clin Cancer Res 2001;7:791–4. [13] Berentsen S, Ulvestad E, Langholm R, Beiske K, Hjorth-Hansen H, Ghanima W, et al. Primary chronic cold agglutinin disease: a population based clinical study of 86 patients. Haematologica 2006;91:460–6. [14] Jones SE. Autoimmune disorders and malignant lymphoma. Cancer 1973;31:1092–8. [15] Martin J, Audrain M, Durant C, Rimbert M, Fromont P, Hamidou M. Neutropénie auto-immune. Rev Med Interne 2011;32:26–32. [16] Lazaro E, Duffau P, Chaigne Delalande S, Greib C, Pellegrin JL, Viallard JF. Large granular lymphocyte leukemia: clinical and pathogenic aspects. Rev Med Interne 2013;34:553–60. [17] Allen CM, Camisa C. Paraneoplastic pemphigus: a review of the literature. Oral Dis 2000;6:208–14. [18] Fain O. Les angiœdèmes bradykiniques acquis. Rev Med Interne 2010;31(Suppl. 1):32–4. [19] Cicardi M, Zingale LC, Pappalardo E, Folcioni A, Agostoni A. Autoantibodies and lymphoproliferative diseases in acquired C1-inhibitor deficiencies. Medicine (Baltimore) 2003;82:274–81. [20] Frémeaux-Bacchi V, Guinnepain M-T, Cacoub P, Dragon-Durey M-A, Mouthon L, Blouin J, et al. Prevalence of monoclonal gammopathy in patients presenting with acquired angioedema type 2. Am J Med 2002;113:194–9. [21] Bouillet L. L’angiœdème héréditaire : une révolution thérapeutique. Rev Med Interne 2012;33:150–4. [22] Re D, Schwenk A, Hegener P, Bamborschke S, Diehl V, Tesch H. GuillainBarré syndrome in a patient with non-Hodgkin’s lymphoma. Ann Oncol 2000;11:217–20. [23] Hughes RA, Britton T, Richards M. Effects of lymphoma on the peripheral nervous system. J R Soc Med 1994;87:526–30.

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[Auto-immune diseases and cancers. Second part: auto-immune diseases complicating cancers and their treatment].

Autoimmune diseases may reveal or occur during the course of a neoplasia or its treatment. Autoimmune cytopenia, especially haemolytic anaemia, is com...
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